Once upon a Time...
೨ This is not a fairytale... Or is it ?
Dans un royaume, pas si lointain que ça, un jeune homme, répondant au nom d’Henry Ravenswood acheta une magnifique propriété qu’il nomma Thunder Mesa. Jeune et ambitieux, il ne tarda pas à faire fortune et à devenir un homme des plus respectables. Sa fortune à son comble et en âge de se trouver une épouse, il fit la connaissance d’une belle demoiselle répondant au nom de Martha. Après quelques mois de fréquentation, les deux jeunes gens se marièrent et la vie ne tarda pas à leur offrir un enfant, après un an et demi de mariage. Martha mit au monde une ravissante petite fille qu’ils prénommèrent Melanie. La fillette était tellement belle que très rapidement, Henry n’eut d’yeux que pour elle. Il ne délaissa pas pour autant son épouse, mais Melanie devint presque sa seule préoccupation. Au moindre de ses pleures, le père qu’il était, accourrait dans la nurserie. Pourtant, la fillette avait une nourrice qui s’occupait d’elle nuit et jour lorsque c’était nécessaire, mais Henry s’investissait tout autant dans le bien-être de sa fille. Pas un soir ne s’écoula sans qu’il n’aille la regarder dormir pendant cinq minutes avant d’envisager aller se coucher.
Pour Henry et Martha, les années s’écoulèrent beaucoup trop rapidement et Melanie devint une charmante jeune fille distinguée, douce et cultivée. Elle incarnait à elle seule la douceur de l’innocence et de la jeunesse. Très jeune, elle s’intéressa aux us et aux coutumes des jeunes femmes de son âge et se passionna pour la broderie et la chanson. Pas un seul jour ne s’écoula sans que Melanie ne chante au moins une fois. Martha lui avait transmit quelques unes des chansons qu’elle-même avait apprise au court de sa vie. Lorsqu’elle eut l’âge de se marier, la demoiselle incarnait déjà l’épouse parfaite. Toujours polie et souriante, elle attirait de nombreux prétendants. Elle se fit très souvent courtiser, mais malheureusement, nombreux furent ceux qui furent éconduit par la jeune femme. Celle-ci avait une conception toute faite dans sa tête du grand Amour. Pour elle, c’était celui qui vous faisait rêver, flâner et voler. Et jusqu’à présent, aucun des hommes qu’elle avait pu rencontrer et ‘fréquenter’ ne lui avait fait ressentir ce genre de sentiments. Elle en avait trouvé des forts sympathiques, bien sur, mais Melanie rêvait de beaucoup plus que ça. Cette conception convenait parfaitement à Henry qui ne souhaitait pas la voir partir trop vite. Il était tellement rempli d’orgueil face à la beauté et à l’éducation de son unique enfant qu’il méprisait tous les hommes qui osaient s’approcher pour la courtiser.
La beauté de Melanie se fit presque savoir dans tout le royaume où elle et sa famille résidaient, mais aussi dans les royaumes voisins. Nombreuses furent les invitations à des bals, à des repas, des pique-niques auxquels elle assista. A ces occasions, la demoiselle se fit quelques amies qu’elle invitait de temps à autre dans la propriété de son père pour des gouters. Sa réputation continuait de grandir et beaucoup d’hommes souhaitèrent faire d’elle leur épouse, mais encore une fois, elle les éconduit et son père ne lui donnait jamais tord. Plus les années passaient, plus Melanie était persuadée que le jour où elle rencontrerait celui qui lui était destiné, elle le saurait rien qu’en croisant son regard. Possiblement l’avait-elle lu dans un des nombreux livres qui lui avaient été donnés de lire au cours de sa vie ? Ou bien était-ce simplement une idée de bonne femme ? Allez savoir. Certains hommes ne prenaient même plus la peine de la courtiser, allant directement voir Henry, mais celui-ci la leur refusait prétextant que si Melanie ne les avait pas choisis, il ne pouvait aller à l’encontre de sa volonté. Mais les gens n’étaient pas dupes. En ce qui concernait Henry, beaucoup disaient qu’il souhaitait garder sa fille rien que pour lui, que son amour paternel était obsessionnel à cause du fait qu’il n’ait pu avoir d’autres enfants. Si seulement ils savaient à quel point c’était vrai… Pendant les premières années de vie de la demoiselle, Martha et lui avaient essayé d’avoir un autre enfant, mais jamais ils n’y arrivèrent. Melanie serait à jamais leur seule enfant et pour cela, il ne souhaitait pas la voir prendre son envol.
L’année de ses vingt ans, pendant le printemps, un bal masqué fut organisé par les Ravenswood. De nombreuses personnes furent invitées à ce bal, des personnes venant de tous les royaumes. C’était la première fois qu’il y avait un bal avec autant de personnes à Thunder Mesa. Melanie se faisait une joie immense de recevoir autant de personne chez elle. Pour l’occasion, Martha avait fait coudre une robe des plus magnifiques pour sa fille. Les couleurs rouge et or dominaient dans sa toilette et un masque doré fut apposer sur le haut de son visage. Le but était de faire découvrir l’identité des invités à minuit. Ses longs cheveux furent coiffés de perle et retombaient lâchement sur ses épaules. C’était une beauté à vous couper le souffle. Henry savait à l’avance que sa fille attirerait tous les regards et qu’encore une fois, il devrait refuser la main de sa fille à des hommes qui souhaiteraient l’épouser sans que celle-ci ne le souhaite. Si seulement les choses s’étaient écoulées ainsi… Des nombreux carrosses franchirent le portail de Thunder Mesa. De sa chambre, par la fenêtre, Melanie regardait les invités arriver puis pénétrer dans le manoir. Son père avait insisté pour qu’elle n’apparaisse que plus tard dans la soirée, lorsque tous les invités seraient présents. Elle avait hâte de rencontrer toutes ces personnes. Peut-être même que son père avait réussi à faire venir un quelconque roi, reine, prince ou princesse ? Melanie n’en savait rien, mais elle avait hâte de rencontrer tout ce beau monde !
Au fil des arrivages, les carrosses se firent de moins en moins nombreux. Le manoir était bruyant, mais la jeune femme ne se débarrassait pas de son sourire, ni de son impatience à apparaître. Sa nourrisse vint la chercher au bout de quelques temps. Il était tant pour elle qu’elle fasse son apparition. Selon les dires de la gouvernante, assurément, Melanie serait la plus belle ce soir. Ce fut son père qui annonça son arrivée et comme un seul homme, toutes les têtes convergèrent vers elle. Les murmures s’élevèrent. La beauté époustouflante de la jeune femme en laissa plus d’un sans voix. Un sourire ravi se dessina sur les lèvres de la jeune femme qui descendit les marches jusqu’à la salle de réception, et de bal pour l’occasion, au bras de son père. Très rapidement, on l’invita à danser et elle accepta avec politesse chacune des danses qu’on lui proposa. Nombreux furent les hommes qui la complimentèrent quant à sa toilette. Certains hommes, qu’elle connaissait déjà pour les avoir croisé et pour avoir refusé leur demande en mariage, retentèrent leur chance, mais toujours avec le sourire, Melanie leur répondait que sa réponse n’avait guère changé. Cette soirée serait-elle semblable aux autres ?
Au cours de la soirée, alors qu’elle terminait une énième valse, la demoiselle trébucha et fut miraculeusement rattrapée par un jeune homme dont le couple avait progressé non loin de celui qu’elle avait formé avec son cavalier du moment. Bien qu’il portait un masque, Melanie fut captivée par ses prunelles grises. Ses yeux noisettes s’y plongèrent et s’y noyèrent sans qu’elle n’ait pu faire quoi que ce soit.
- Vous allez bien ?
La demoiselle ne sut quoi lui répondre. Un temps passa avant qu’elle ne puisse souffler un « oui ». Il l’aida à se redresser et sans se dépêtre de ce sourire qu’elle trouvait on ne peut plus séduisant, le jeune homme se présenta :
- Je me nomme Edward Gracey. Et vous ?
- Melanie Ravenswood.
Edward la mena en dehors de la piste de danse et s’en suivit alors une conversation qui les anima une bonne partie de la soirée. Ils valsèrent également ensemble à plusieurs reprises et le jeune homme devint son seul et unique cavalier. Melanie était tout simplement captivée par cet homme qu’elle venait de rencontrer. Elle n’arrivait pas à détacher son regard de lui. Elle buvait absolument chacune de ses paroles. Elle apprit que ce dernier était un riche héritier qui revenait d’une guerre qui avait fait rage dans un royaume voisin. Aussitôt, la jeune femme admira son courage. En voyant sa fille en compagnie du même homme, Henry devint maussade pendant le reste de la soirée. Lorsque minuit sonna, les masques tombèrent. Melanie détacha délicatement le masque qui dissimulait le haut de son visage et découvrit avec stupeur la beauté d’Edward. Elle en eut même le souffle coupé. Si elle ne sut quoi dire en découvrant le visage de son cavalier, celui-ci ne se priva pas pour la complimenter sur sa beauté. Melanie rougit et passa le reste de la soirée à ses côtés.
Comme dirait le proverbe, Melanie Ravenswood avait trouvé chaussure à son pied en la personne d’Edward Gracey. Celui-ci résidant dans un royaume voisin, il parcourait des kilomètres afin de pouvoir profiter de la compagnie de la jeune femme. Cette dernière était complètement tombée amoureuse du jeune aristocrate et il était plus qu’évident que ses sentiments étaient partagés. L’un comme l’autre pouvait difficilement se passer de l’autre, aussi, Edward en vint à loger dans une auberge pas très loin du manoir. Ils se promenaient longuement, discutaient, apprenaient à se connaître et chaque fois qu’ils se voyaient, l’attachement de Melanie pour Edward grandissait. Certaines fois, le jeune homme était cordialement invité à dîner par les Ravenswood. La jeune femme n’avait absolument pas caché à ses parents ses sentiments naissant pour le jeune homme et Martha était plus que ravie pour sa fille. Henry était bien évidemment contre, mais il ne disait rien. Il savait qu’il ne pouvait pas empêcher sa fille d’avoir une relation, cela serait extrêmement mal vu. Alors il ne disait rien et attendait simplement de voir l’évolution des choses.
Cela faisait quelques mois que Melanie et Edward se fréquentaient lorsque brutalement, Martha tomba malade. Ce fut une période sombre pour la jeune femme, mais aussi pour Henry. Peu de temps avant l’annonce de la maladie de la mère de famille, la jolie Ravenswood avait fait part de son désir d’unir sa vie à Edward. Et avec la maladie qui risquait d’emporter son épouse, la crainte d’Henry était de se retrouver seul à jamais. Mais la discussion du mariage fut reporté pendant la longue période de convalescence de Martha. Melanie veilla sur sa mère quasiment nuit et jour. Edward passait pour prendre des nouvelles, mais leur nouvelle idylle fut mise de côté. Ce qui ne les dérangea nullement étant donné que le jeune homme comprenait parfaitement l’état d’esprit dans lequel se trouvait sa future fiancée. Hélas, malgré tous les bons soins qu’on avait pu apporter à Martha, celle-ci décéda. So enterrement fut l’occasion pour Melanie et Edward d’échanger leur premier baiser. Ce fut principalement un baiser de réconfort pour la jeune femme qui était dans un deuil profond.
Une période de deuil passa durant laquelle Melanie ne porta que du noir. Bien évidemment, cette couleur ne sciait pas du tout à son teint, mais elle respecta cette période. Puis, lorsque le deuil fut terminé, elle s’habilla de nouveau avec des robes colorées. Bien évidemment, sa vie ne fut plus jamais la même, mais ses projets de vie purent reprendre là où ils s’étaient arrêtés. Un petit laps de temps s’écoula avant qu’Edward demande la main de Melanie auprès d’Henry. Poussé par sa fille, il la lui accorda et le mariage fut programmé. La nouvelle se diffusa dans l’ensemble du royaume. Nombreux hommes exprimèrent leur mécontentement, mais c’était ainsi. Melanie avait choisi l’homme avec qui elle se marierait et c’était sans aucun doute le plus beau cadeau qu’on pouvait faire à une jeune femme de son rang étant donné que nombreux mariages arrangés étaient programmés. Melanie était aux anges et vivait simplement dans l’attente d’unir sa vie à l’homme qu’elle aimait. Edward était aussi enjoué qu’elle. Le moins enjoué fut, bien évidemment, Henry. Mais pour pouvoir garder sa fille avec lui, il proposa aux futurs mariés de vivre à Thunder Mesa. Mais les projets de sa fille et de son fiancé étaient autres. L’un comme l’autre souhaitaient parcourir les différents royaumes, voyager et quand ils répondirent qu’ils ne comptaient pas vivre au manoir Ravenswood, la colère d’Henry ne fit que grandir au point de haïr son futur gendre qui allait lui ravir sa seule et unique enfant.
Le jour du mariage arriva. Une fête somptueuse avait été mise en place. Quelques jours avant cette date, Edward s’était installé dans une des chambres de Thunder Mesa. Etant donné que Martha Ravenswood n’était plus, Melanie avait été faire créer sa robe de mariée en compagnie de la mère d’Edward. Elle avait trouvé une main secourable envers Madame Gracey qui avait été une véritable mère. La veille du mariage, la jeune femme eut un mal fou à trouver le sommeil. Elle s’endormit lorsque l’aube fut sur le point d’arriver. Ce fut sa nourrisse qui la réveilla afin qu’elle mange, mais elle ne ressentait absolument aucune envie de se nourrir. Sa nourrisse dût argumenter à diverses reprises jusqu’à ce qu’elle cède et n’avale un morceau. Malgré le fait qu’elle avait plus que hâte de devenir Madame Gracey, Melanie était stressée. Un mariage, ça ne se vivait pas tous les jours. On lui avait assuré que ce jour serait le plus beau de toute sa vie et elle voulait voir ce jour s’accomplir. Revêtir sa robe et se préparer prirent plusieurs heures. A deux reprises, Edward souhaita la voir, mais elle refusa. La tradition disait que ça portait malheur de voir la robe de mariée avant le mariage.
Le moment de la cérémonie arriva. Son père vint la chercher et ce fut à son bras qu’elle se rendit sur les lieux du mariage. Tous les invités étaient là. Ses amies, qu’elle avait choisi pour demoiselles d’honneur, étaient présentes également, pour son plus grand bonheur. Absolument tout s’annonçait parfait. Melanie avait mal aux joues tellement elle souriait. Son père avait vraiment tout donné au niveau décoration. Une magnifique allée s’offrait à elle. Elle était prête pour la marche nuptiale seulement voilà, la cérémonie ne pouvait pas commencer, son fiancé n’était pas encore arrivé. Légèrement désorientée, la demoiselle ne stressa pas immédiatement. Après tout, avoir du retard n’était pas bien grave, n’est-ce pas ? Peut-être qu’Edward avait besoin d’un peu plus de temps pour se préparer ou bien avait-il eu une urgence ? C’était fort possible étant donné que depuis peu, le jeune homme s’était lancé dans une entreprise qui lui permettrait de gagner de l’argent et leur permettrait d’avoir une belle vie dans leur futur ménage.
Melanie attendit donc avec une certaine impatience. Elle continua de sourire puis progressivement, son sourire se flétrissait. Edward n’arrivait toujours pas. Elle acceptait qu’il ait du retard, mais les minutes se transformaient en heure. Tout le monde commençait à se poser des questions. La rumeur commença à circuler comme quoi le fiancé avait abandonné la future mariée, mais Melanie refusait de croire cela. Edward ne pouvait pas avoir agi de cette façon. Il ne pouvait pas lui avoir promis Monts et Merveilles pour l’abandonner ainsi. Son père essayait de la rassurer, mais elle refusait d’écouter. Au fur et à mesure que le temps passait, une boule d’angoisse commença à naître dans le creux de son estomac. Une mauvaise intuition en ce qui concernait son fiancé qui refusait d’apparaître. Beaucoup de temps s’était écoulé lorsque la jeune femme exigea qu’on la ramène au manoir afin de retrouver son fiancé et lui demander la raison de son absence.
Son père voulut l’accompagner, mais elle refusa, préférant s’y rendre seule. Lorsqu’elle arriva à Thunder Mesa, elle n’attendit même pas que le carrosse soit complètement arrêté pour sauter hors du véhicule. Elle ramassa au maximum sa belle robe blanche afin de pouvoir courir jusqu’aux portes du manoir. Les portes claquèrent contre les murs intérieurs lorsque la jeune femme pénétra dans la demeure.
- Edward ?! retentit sa voix dans le hall.
Melanie appela son fiancé à plusieurs reprises, mais elle ne reçut aucune réponse. Comme dirigée par une force supérieure, elle sentit ses pas la mener jusqu’à la bibliothèque du manoir. Qu’est-ce qui la poussa exactement à se rendre dans cette pièce ? Elle ne le sut jamais mais elle s’y rendit. Elle ouvrit la porte de la pièce remplie de livres. Un frisson d’effroi la parcourut. Un hurlement déchira le silence dans le manoir. Juste au-dessus de sa tête se trouvait le corps d’Edward, sans vie, pendu au lustre. La jeune femme sentit son corps s’effondrer au sol tandis qu’elle n’en finissait plus de hurler.
On la retrouva à genoux, sous le corps d’Edward, les joues ruisselantes de larmes. Son père l’aida à se relever et tenta de lui couvrir les yeux afin qu’elle n’assiste pas plus en avant à la scène, sauf que Melanie fixait le corps pendu de son fiancé depuis plusieurs minutes déjà et celui-ci était inscrit dans sa mémoire pour tout jamais. Il la fit conduire par sa nourrisse jusqu’à chambre où on tenta de la consoler. Mais absolument rien ne tarissait ses larmes. Elle refusa de voir quiconque, pas même les parents d’Edward qui, tout aussi effondrés de chagrin qu’elle, souhaitaient partager leur douleur. On fit descendre le corps du jeune homme et on lui prépara une veillée funèbre à laquelle Melanie assista vêtu d’une robe noire, étrangement semblable à sa robe de mariée. La triste nouvelle fit le tour du royaume et certaines personnes vinrent rendre un dernier hommage au jeune homme.
Jour après jour, Melanie pleura son fiancé. Un enterrement fut organisé durant lequel elle apparut au plus bas. Une longue période de deuil s’ensuivit. Une période durant laquelle la jeune femme cessa complètement de vivre, passant son temps dans la bibliothèque à fixer le lustre désormais libérer du corps. Certains hommes tentèrent à nouveau leur chance en souhaitant l’épouser, mais sa décision était unanime : elle refusait d’épouser un autre homme, ni d’en aimer un autre. Pour elle, il n’y avait qu’Edward et il n’y aurait qu’Edward jusqu’à la fin des temps. Cette nouvelle ravie profondément Henry mais celui-ci joua la comédie, compatissant profondément à la douleur de sa fille. Hélas, Melanie ne souhaitait nullement être consolée, elle voulait son Edward, ni plus, ni moins. Mais les morts ne revenaient pas à la vie, c’était connu. Enfermée dans le manoir, la jeune femme restait assise dans un fauteuil à fixer le lustre encore et encore.
Cependant, tout bascula lorsqu’au détour d’un couloir, la demoiselle surprit une conversation entre son père et un associé. Elle n’avait pas l’habitude d’écouter aux portes, mais cette fois-là, quelque chose la poussa à le faire. Toujours vêtu de sa robe noire, elle se glissa dans un coin d’ombre et écouta. La conversation tournait autour d’Edward. A l’entente du prénom de son fiancé, son cœur se serra et elle dût lutter pour chasser les larmes qui commençaient à nouveau à perler dans ses prunelles sombres. Cependant, l’heure n’était pas aux sentiments car la conversation prenait une tournure inattendue. Henry était entrain de féliciter l’homme venu le visiter pour le bon travail qu’il avait fourni. Il disait que jamais de sa vie il n’avait vu un pendu aussi bien pendu. Un sentiment de colère commença à naître au fur et à mesure que Melanie comprenait que c’était son père qui avait commandité le meurtre de son fiancé. Au fond d’elle, elle avait toujours su que l’intention d’Edward n’était pas de mourir, mais d’unir sa vie à elle. S’il était mort, ce n’était pas de son fait.
Toute son âme criait vengeance. Sans un mot, elle alla s’enfermer dans sa chambre et attendit que le reste de la journée passe. Enfermée dans sa chambre, elle réfléchit un moyen de venger la mort d’Edward. La colère faisait rage en elle. Petit à petit, elle échafauda un plan. Pour faire son idée, elle devait attendre qu’ils soient seuls. Elle passa son temps à préparer les choses et quand la nuit arriva, Melanie était prête. Elle savait parfaitement ce qu’elle risquait, mais elle s’en moquait. Tout ce qui lui importait, c’était de venger Edward. L’heure du dîner sonna. Contrairement à d’habitude, elle ne refusa pas de se rendre dans la salle à manger. Quand Henry la vit arriver, il fut tellement surpris qu’il se leva pour l’accueillir. Il ne remarqua même pas que la demoiselle avait ses mains dans son dos, dissimulant à ses yeux une hache qu’elle avait volé au cours de l’après-midi.
- Melanie ! Je suis heureux de voir que tu vas mieux.
- Oh je ne vais pas mieux, père…
- Au moins tu te joins à moi pour le repas. J’en suis malgré tout heureux.
Un faux sourire se dessina sur les lèvres de la jeune femme.
- Vous êtes heureux père ?
- Bien sur…
- J’en suis ravie pour vous parce que ce n’est guère mon cas.
- Tu retrouveras le bonheur, Melanie, j’en suis sur ! Au fil du temps, la douleur s’apaise.
- Je doute qu’elle s’apaise un jour, néanmoins, je sais que je peux faire une chose pour Edward.
- Laquelle ?
- Venger sa mort…
L’ambiance était lourde, presque suffocante. Et aussitôt, le visage d’Henry s’assombrit.
- Mais enfin… Edward s’est pendu, il ne peut pas être vengé. Ma chérie, je sais que tu es bouleversée, mais…
- Arrêtez ! Je sais pertinemment que vous l’avez aidé ! Je connais la vérité, je vous ai entendu ! Vous l’avez fait pendre, admettez-le ! Dites la vérité ! Je mérite la vérité !
Si les paroles de Melanie avaient commencé dans le calme, très rapidement, le ton était monté. Elle ressemblait à une hystérique mais elle n’en avait rien à faire. Elle était malheureuse. Le jour qui était censé être le plus beau de toute sa vie s’était avéré être le plus malheureux de toute son existence. Bien sur, il y avait eu aussi le jour où elle avait perdu sa mère, mais alors qu’elle s’apprêtait à toucher le bonheur du bout des doigts, elle avait très vite déchanté. Son père lui avait arraché son bonheur alors qu’il était à porter de mains. Il allait payer. Après quelques secondes de bégaiements, il tenta :
- Tu ne peux pas comprendre… Tu… Tu allais partir et… et je ne pouvais pas supporter que tu t’en ailles. J’ai déjà perdu ta mère, je refusais de te perdre toi.
- Me perdre ?! Mais avez-vous seulement conscience que c’est exactement ce que vous venez de faire ?! Vous m’avez perdu, père ! Tout ça pourquoi ? Parce que j’allais vivre ailleurs qu’à Thunder Mesa et que vous ne vouliez pas !
Henry tenta de se confondre en excuses, mais Melanie ne voulait absolument rien entendre. Son seul désir était de venger Edward. Elle ne souhaitait absolument rien d’autre. Au fur et à mesure qu’il tenta de s’excuser et de s’expliquer, la jeune femme se faisait de plus en plus menaçante. En découvrant la hache qu’elle tenait entre ses mains, Henry se mit à genoux, la suppliant de l’épargner. Hélas, Melanie était beaucoup trop résolue pour ça et sans la moindre once de pitié, elle tua son père. Le sang gicla sur son visage et tâcha sa robe noire. Les domestiques étaient alors absents, ainsi, elle put se débarrasser du corps de son père.
Le lendemain, elle renvoya tous les employés de son père. Ces derniers cherchèrent à connaître la raison de l’absence de celui-ci, mais la jeune femme refusa de répondre. Elle leur demanda de quitter le manoir dès que leurs affaires seraient récupérées. Un à un, elle les regarda partir et une fois ce fut chose faite, elle ferma définitivement la porte de Thunder Mesa.
Quelques jours passèrent et beaucoup cherchèrent à savoir pourquoi est-ce qu’Henry Ravenswood avait disparu. Quand ils se présentèrent au manoir, ils se retrouvèrent tous devant une porte close qui refusait de s’ouvrir malgré les insistances. Les anciens domestiques parlèrent, bien évidemment et racontèrent de quelle façon Melanie les avait mis dehors. Eux aussi trouvaient la disparition de leur maître étrange, mais ils n’avaient aucune preuve. De la jeune Ravenswood, on n’entendit quasiment plus parler. Certains affirmaient l’avoir vu à une fenêtre du manoir, vêtue d’une robe blanche. Cette rumeur était on ne peut plus vrai. Après s’être débarrassée du corps d’Henry et avoir mis à la porte tous les domestiques de Thunder Mesa, la demoiselle avait délaissé sa robe de deuil pour mettre la robe blanche prévue pour son mariage et ne plus la quitter.
Melanie vivait en recluse. Elle ne voulait plus qu’on la dérange, elle voulait vivre en paix son deuil envers son seul et unique amour. Un deuil qu’elle souhaitait vivre tout au long de sa vie. Elle errait dans le manoir sans fin, pleurant chaque jour qui passait la perte de son être le plus cher. Elle n’en finissait pas de tourner en rond dans sa robe de mariée. Peu de temps après, une présence néfaste arriva au manoir. Une ombre effrayante plana sur Thunder Mesa. Si au départ il ne s’agissait que d’une ombre indistincte, petit à petit, l’ombre prit une forme distincte. Au départ, Melanie tenta de faire partir cet esprit, mais celui-ci ne semblait pas vouloir partir. Le fantôme d’un homme dont le visage portait un masque sous forme de squelette la tourmentait.
Dès le départ, l’esprit la tourmentait. Il apparaissait à chaque fois qu’elle pleurait et riait, se moquait d’elle et de son malheur. Elle tenta de le chasser à diverses reprises, mais il disparaissait à chaque fois pour mieux réapparaître ensuite. Melanie songeait vraiment qu’elle allait devenir folle à force d’être ainsi tourmentée. Plusieurs fois elle lui demanda de s’en aller, mais il n’y avait rien à faire, il restait, la tourmentait et elle devenait folle. Cet esprit, qu’elle baptisa Phantom faute de connaître sa véritable identité, devint un quotidien. Chaque jour qui passait faisait qu’il était là, à lui tourner autour. De l’extérieur, on entendait parfois les cris de la jeune femme. Ces hurlements terrifiaient ceux qui osaient s’aventurer trop près du manoir. Surtout qu’au fil du temps, Thunder Mesa s’était dégradé. Les jardins étaient à l’abandon, les rosiers étaient devenus des ronces et les mauvaises ondes planaient sur la propriété.
Les années s’écoulèrent et tout le monde en vint à croire que Melanie Ravenswood était à son tour décédée. Elle ne faisait plus entendre parler d’elle et plus personne ne l’avait vu. Très rapidement, la jeune femme devint une « légende », même si sept années s’étaient écoulées. Personne n’avait osé franchir les portes de la propriété. Ceux qui affirmaient avoir vu la jeune Ravenswood disaient qu’ils avaient vu son fantôme. Quant à ce fameux Phantom, bien que Melanie l’ignorât, il s’agissait en réalité de son cher Edward, contraint à porter un masque pour ne pas dévoiler à sa fiancée que c’était lui. Peu de temps après sa mort, Madame Leota, une pratiquante vaudou était entrée en contact avec lui, et ensemble, avaient passé un pacte. Elle l’autorisait à retourner auprès de sa fiancée, mais il ne lui en était en aucun cas permis de lui dire qui il était réellement sinon, il repartirait dans l’au-delà et serait à jamais privé de la demoiselle a qui il avait donné son cœur. Pour cela, il refusait de partir de Thunder Mesa et pour cela, il était obligé de la tourmenter.
Au fil des années, Melanie s’était faite à la présence de Phantom. Elle ne lui prêtait plus réellement attention, sauf quand il la faisait sortir de ses gonds. Il avait le don de frapper là où ça faisait mal. Et pourtant, par moment, il lui semblait sympathique. C’était la seule présence qu’elle acceptait à la rigueur. Mais la plupart du temps, elle préférait être seule. Lorsqu’elle souhaita s’intéresser à la présence de l’esprit, celui-ci se révéla être d’assez bonne compagnie. Pendant ses quelques moments, la jeune femme oubliait brièvement son chagrin, mais quand elle se retrouvait seule, elle retombait dans la mélancolie. Pendant sept ans, elle porta sa robe blanche, sans jamais la retirer. Elle dormait même avec. Le blanc pur de sa robe avait bien sur disparut car la poussière s’était accumulée, ainsi que la saleté. Mais elle était toujours aussi belle. Une fois, Phantom tenta de la convaincre de changer, mais Melanie s’était mise dans une colère si noire qu’elle tenta à nouveau de le chasser.
L’hiver était rude le jour où la vie de la jeune femme prit un autre tournant. Assise devant sa coiffeuse, Phantom apparut dans le miroir. Melanie sursauta lorsqu’elle se rendit compte de la présence de l’esprit. Celui-ci afficha un air triste, mais néanmoins, il lui parla avec sérieux. Il lui annonça avoir quelque chose de très important à lui dire. Elle se tourna vers lui et accepta de l’écouter. Avait-elle autre chose à faire de toute manière ? Bien évidemment que non ; mis à part attendre que le temps passe. Celui-ci lui dit alors qu’il existait un moyen pour elle et son fiancé d’être réunis à tout jamais. L’était d’esprit de Melanie s’assombrit avant de se mettre en colère à nouveau. Elle était persuadée que le Phantom lui racontait cela uniquement pour la faire souffrir un peu plus. S’ensuivit une violente dispute entre les deux habitants de Thunder Mesa. Une dispute que certains passants purent entendre avant de s’enfuir en courant.
Plusieurs jours passèrent encore et Melanie était profondément malheureuse. Le fait que Phantom ose jouer avec ses sentiments la peinait énormément. Surtout qu’Edward était et serait un sujet sensible à tout jamais. Elle ne croyait pas du tout au fait qu’il soit possible pour eux deux d’être réunis. Il était mort après tout. Comment est-ce que ce serait possible. L’incitait-il à mourir ? Oh, elle y avait songé plus d’une fois étant donné qu’Edward était sa raison de vivre, mais elle n’était pas assez ‘courageuse’ pour oser faire ça. Quelque part, elle s’accrochait à la vie et ça personne ne pouvait le lui retirer. Néanmoins, Phantom ne désespérait pas de pouvoir dire à la jeune femme cette fameuse possibilité mais elle refusait d’écouter. Surtout qu’elle se doutait qu’il lui dirait de se suicider à son tour.
Mais Melanie était très loin de la vérité car lorsque l’esprit réussit enfin à lui parler, elle tomba de haut. Selon ses dires, il existait un monde où les morts pouvaient revenir à la vie. Etait-ce possible ?! Encore une fois, elle lui demanda s’il se moquait d’elle, mais Phantom lui assura que si elle voulait revoir son Edward, elle devait se rendre dans ce fameux monde. Intriguée, elle souhaita en savoir un peu plus quant à ce monde et fort heureusement pour elle, l’esprit sembla en savoir assez pour satisfaire sa curiosité. Il lui apprit qu’il existait divers mondes et que celui qu’elle devait convoiter ne possédait qu’un seul et unique passage dans une forêt. Attentive, la jeune femme écouta. Il lui informa également qu’elle devait trouver un certain Docteur Frankenstein. Lui seul pourrait faire en sorte qu’elle et son Edward soient réunis de nouveau. Cela lui semblait profondément invraisemblable, mais au fond, Melanie avait envie d’y croire.
Après avoir pris quelques temps pour réfléchir, elle accepta de se lancer à la recherche de ce passage menant à cet autre monde. Elle ne prépara aucun bagage, se lançant dans cette aventure. Elle quitta le manoir pendant la nuit, et aussitôt, Phantom ne lui fut plus visible. Néanmoins, elle sentait sa présence à ses côtés. Quitter Thunder Mesa lui fut assez étrange, mais elle comptait bien y revenir une fois que son Edward serait de retour à ses côtés. Personne ne se rendit compte qu’une femme vêtue d’une robe de mariée était passée. Et personne ne soupçonnait qu’il s’agissait de Melanie Ravenswood, déclarée comme morte depuis maintenant des années. Son voyage termina de salir sa robe blanche, mais pour rien au monde elle ne la retirerait.
Trouver ce fameux arbre lui prit des mois. Même si elle ne voyait pas Phantom, celui-ci manifestait sa présence à ses côtés. Il la guidait jusqu’à la porte qui la mènerait à ce nouveau monde. Pendant son voyage, elle croisa plusieurs personnes, curieux de voir une mariée déambuler dans les royaumes, mais elle ne s’en préoccupait pas. Bien sur, à de nombreuses reprises on l’arrêta pour lui demander où est-ce qu’elle se rendait et les raisons de son accoutrement, mais à chaque fois, elle répondait : « Je m’en vais retrouver mon fiancé ». Des ennuis, elle en eut mais elle pouvait compter sur la présence de Phantom pour repousser les enquiquineurs. Heureusement qu’elle l’avait à ses côtés, sinon, elle n’aurait sans doute jamais pu arriver jusqu’à la fin de son voyage, face à un arbre portant un dessin de citrouille.
Le grand moment était arrivé. Melanie posa sa main sur la poignée de la porte et ouvrit le passage. Néanmoins, avant de s’engouffrer, elle sut que Phantom ne la suivrait pas au-delà. Quelque part, cela lui fit de la peine car après avoir passé plusieurs années avec lui, elle avait fini par réellement s’habituer à sa présence. Avant de franchir le portail, elle souffla un « Adieu », ne se doutant pas un seul instant qu’elle disait également adieu à Edward, et non au-revoir. La sensation de la traversée fut étrange. La jeune femme eut l’impression de tomber dans le vide, mais lorsqu’elle arriva à destination, elle était sur ses pieds et debout. Il lui fallut un petit temps avant de s’adapter car le voyage n’avait pas été des plus agréables. Et surtout, elle fut déstabilisée car le monde était en noir et blanc. Les couleurs avaient disparu. Troublée, elle s’observa pendant plusieurs minutes avant de regarder autour d’elle. Elle avait atterri au beau milieu d’un cimetière. Curieuse, elle avança le long de l’allée, remontant les tombes jusqu’à arriver à l’entrée d’une ville où il était inscrit « HalloweenTown ».
L’endroit était un véritable mystère pour Melanie. Jamais elle n’avait vu d’endroit pareil. Marchant dans les rues, elle croisa plusieurs personnes tout en noir et blanc. Si elle les trouvait étrange, tout le monde la fixa en retour. Elle était nouvelle et en plus de ça, elle était vêtue d’une robe de mariée. Après quelques instants à marcher à l’aveugle, elle arriva dans une autre partie de la ville. Les êtres humains n’étaient plus en majorité. A diverses reprises, elle tomba nez à nez avec des créatures étranges qui manquaient de la faire fuir à chaque instant. Elle croisa, par exemple, une femme recousue de partout. Les ‘monstres’ la regardèrent également avec curiosité et au détour d’une rue, elle tomba nez à nez avec une espèce de créature avec la banderole « Mayor ». Elle venait de tomber nez à nez avec le maire d’HalloweenTown. Malgré son aspect repoussant, celui-ci se montra fort sympathique et l’accueillit chaleureusement malgré les réticences de Melanie à trop s’approcher.
Le maire la considéra comme étant une nouvelle venue et commença à lui parler de l’endroit, mais la jeune femme l’arrêta en lui expliquant la raison de sa présence : elle était à la recherche du docteur Frankenstein. Le maire la fixa pendant quelques instants avant de reprendre un peu de contenance pour lui indiquer son lieu d’habitation. Sans plus attendre, la demoiselle prit la direction indiquée par le maire. Elle mit sans aucun doute beaucoup plus de temps à trouver son chemin que si elle avait été native de ce monde, mais elle réussit tout de même à trouver la demeure de ce fameux docteur. Sans plus attendre, elle grimpa les escaliers de cette étrange demeure au style particulier et utilisa l’heurtoir sur la porte. Les coups qu’elle donna à la porte résonnèrent dans la demeure et nerveusement, Melanie attendit qu’on vienne lui ouvrir. En l’attente qu’on lui ouvre la porte, une petite boule d’angoisse se nicha dans le creux de son ventre. Elle appréhendait sa rencontre avec le docteur Frankenstein, appréhendait également comment cet homme allait accéder à sa demande.
Au bout de plusieurs minutes, un homme étrange à l’allure décharnée vint lui ouvrir. La jeune femme retint son souffle lorsqu’il lui demanda ce qu’elle voulait. Nerveusement, elle demanda à voir le docteur. La ‘créature’ s’écarta et lui fit signe d’entrer. Melanie obéit et pénétra dans la demeure. Elle était déconcertée de voir que tout était vraiment en noir et blanc. L’aspect de la demeure était négligé, on pourrait presque croire que c’était un lieu abandonnée. L’homme qui était venu lui ouvrir était parti, sans doute pour prévenir le propriétaire des lieux de sa présence. Curieuse, elle observa autour d’elle la décoration quand on toussota derrière elle. Surprise, elle sursauta avant de se tourner pour découvrir un homme vêtu d’une blouse blanche. Comme tout le monde, il la fixa de façon étrange. Et oui, elle était vêtue d’une robe de mariée. Néanmoins, il ne posa pas la moindre question, il se contenta de la saluer et de lui demander ce qu’il pouvait faire pour elle. Sans passer par quatre chemins, Melanie lui exposa la raison de sa visite, mais au fil de son récit, elle vit le visage du docteur s’assombrir. Aussitôt, elle sut que sa demande allait poser problème.
Le docteur Frankenstein eut la politesse de la laisser terminer de parler avant d’exprimer son refus. Même si la jeune femme s’en était doutée en voyant l’expression de son visage, elle ne put s’empêcher de sentir ses jambes trembler, prête à s’effondrer. Néanmoins, elle tenta de conserver tout son courage et son honneur en ne fondant pas en larmes devant lui. Quelques minutes passèrent avant qu’elle n’ose demander pourquoi et celui-ci lui répondit tout simplement que l’expérimentation était encore trop théorique pour pouvoir être appliquée. Si Melanie avait bien tout saisi, les personnes qu’il ‘réussissait’ à ramener à la vie avaient des louper et avaient perdu toute humanité. La jeune femme tenta de le persuader d’essayer avec Edward. Elle était certaine que celui-ci la reconnaîtrait et redeviendrait normal. Seulement voilà, elle se leurrait et fort heureusement, le docteur Frankenstein ne se laissa pas convaincre par ses yeux larmoyants et son regard de chien battu. Melanie aurait été prête à beaucoup de chose pour avoir son fiancé à ses côtés. Mais argumenter ne servait à rien, Frankenstein avait pris sa décision, il n’aiderait pas la jeune femme à commettre cette folie.
L’homme à l’allure décharnée la reconduisit à la sortie. Malheureuse comme les blés, elle quitta HalloweenTown dans le but de rentrer chez elle mais elle ne trouva pas le passage de retour. Celui-ci semblait avoir disparu car il ne se trouvait guère se trouver à l’endroit où elle avait atterri. Son malheur continua et Melanie fondit en larmes et pleura durant de nombreuses heures. Adossée contre une tombe, elle avait ramené ses genoux sous son menton et fixait un point invisible, laissant ses larmes ruisseler le long de ses joues. Elle passa plusieurs heures assise là, sans bouger jusqu’à ce que des jambes viennent perturber le paysage. Lentement, elle releva la tête pour découvrir une espèce de créature indéfinissable. En temps normal, peut-être que Melanie aurait fuit en courant, mais elle n’en avait malheureusement pas la force. Dans un langage plus ou moins correct, celui-ci chercha à savoir ce qu’elle faisait là. D’une voix lasse, elle lui répondit qu’elle cherchait à rentrer chez elle, dans un autre monde, mais l’être lui répondit qu’il n’y avait pas de passage menant à un autre monde ; sinon, cela se saurait !
Faute de pouvoir rentrer chez elle, Melanie s’était installée dans un manoir. Elle vivait dans la partie ‘monstres’ d’HalloweenTown. Elle ne souhaitait nullement vivre avec les humains, elle-même ne se voyait plus comme tel. Vivre dans ce monde s’avérait être un nouvel apprentissage de la vie car personne n’avait les mêmes us et coutumes qu’à FairyTale. Elle dut faire pas mal d’effort pour s’intégrer. A cause de sa robe blanche, elle avait hérité du nom de la Dame Blanche. Très peu de personnes connaissaient sa véritable identité. Elle se gardait bien de la donner d’ailleurs. Souhaitait-elle réellement faire un trait sur son passé ? Peut-être bien. Mais elle n’arrivait pas à oublier son cher Edward qu’elle avait définitivement perdu. Phantom lui manquait également, mais ce dernier l’avait quitté à peine eut-elle franchi la porte menant à ce monde dépourvu de couleur.
Son histoire intrigua plus d’un curieux et plus d’une « homme » souhaita la connaître plus en avant, mais elle refusait de se laisser approcher par ces derniers. Une folie l’avait prise. Certains hommes avaient tenté de l’approcher pour la convoiter. Après tout, elle était encore une belle femme dans la fleur de l’âge, n’avait jamais été mariée (c’était ce que beaucoup en avaient déduit étant donné les vêtements qu’elle portait), et méritait qu’on continue de la courtiser. Mais Melanie ne voulait pas d’un autre homme ou ‘monstre’. Au contraire, elle n’en éprouvait que du « dégout ». Un jour, un homme avait pénétré chez elle afin de la voir et avait fini réduit en plusieurs morceaux. Sa robe se retrouva tâchée de rouge, mais elle s’en moquait. Sans plus attendre, elle balança le cadavre en dehors de chez elle, face au regard des passants. Beaucoup la dévisagèrent mais aucun ne réclama justice. D’un claquement sec, elle ferma la porte de chez elle.
Plusieurs morts suivirent. Certains petits plaisantins avaient voulu braver la mort en s’introduisant chez Melanie. Tout comme les autres, leurs cadavres furent retrouvés dans la rue. Tout le monde savait que c’était elle qui faisait des morts, mais personne n’osait se rebeller réellement. Elle faisait un parfait monstre à l’apparence humaine. D’ailleurs, elle en vint même à participer à la parade des monstres, tous les ans. La Dame Blanche était un pseudonyme qui lui convenait parfaitement. C’était d’ailleurs ainsi que les enfants l’appelaient. Aussi étrange que cela puisse paraître, les enfants l’aimaient bien. Ils restaient respectueusement en dehors de sa propriété et ne lui parlaient que lorsqu’elle mettait le nez en dehors du manoir. Aussi étrange que cela puisse paraître, Melanie était toujours gentille avec eux, même s’ils n’avaient rien des enfants que l’on pouvait voir « habituellement ». Certains ressemblaient plus à des monstres qu’autre chose…
Cette vie à HalloweenTown s’acheva alors qu’elle fut emportée par un nuage noir, épargnant ainsi la victime qu’elle comptait abattre pour s’être introduit chez elle alors qu’il n’y était guère convié…
© Méphi.