« Il parait que les personnes âgées se mettent à rapetisser et se tasser avec le temps. Je ne pensais pas que cela vous arriverait si vite. » par Ally Brynhild dans À force, cette baraque va finir par s'effondrer
Sujet: « Convoitise... » {feat. Hopearl} Mer 13 Mar - 15:09
Lyana + Crochet
« Tel l'Enfer qui aspire devenir le Paradis...» ☠
Pour chasser l’odeur de fumée des chandelles fraîchement éteintes, le pirate avait ouvert la fenêtre de sa cabine. Le jour se levait, inutile de s’éclairer à outrance... Cependant, autre chose l’arrêta suite à son geste, laissant son regard planer sur le paysage qui s’offrait à sa vue. Il entendit le chant des oiseaux, là-bas dans ses terres qu’il connaissait de plus en plus. Cela pouvait sembler banal, mais il y avait bien longtemps que le capitaine n’avait prêté attention à ce mince instant de beauté, ce son mélodieux, que voulait bien lui offrir la nature. Il ne fut pas ému, mais intrigué, car en lui un écho nostalgique résonna sur les notes de musique de l’animal à plume. Crochet fut tenté de refermer les volets, mais il ne le fit pas. Il soupira et se dit qu’il était plus fort que cela... Alors, le pirate tourna le dos aux images du Neverland pour replonger dans les méandres de sa cabine en s’approchant du bureau en chêne dont le fouillis de cartes et de parchemins était incessant. Devant lui, le fameux coffret de velours rouge où reposait son terrible crochet. Le capitaine frôla le membre inerte de métal froid sur son lit de tissus, n’osant poser les yeux sur ce qui lui restait de son bras gauche, il allait s’en saisir quand soudain, sa vision capta un petit scintillement sous les feuilles. James en écarta quelques-unes et pris entre ses doigts les perles que son Trésor avait probablement déposé à son intention. Un mince sourire se dessina sur ses lèvres, comme sa main d’acier était terne comparée à ses beautés... Comme sa vie était sombre avant son arrivée à elle…
Il commençait tout juste à le réaliser… Avec les joyaux dans le creux de sa main, James ouvrit un des tiroirs du bureau pour les déposer parmi leurs nombreux semblables. Bientôt, il ne saurait plus où les entreposer. Le capitaine avait acheté de nouvelles armes à ses hommes avec ses fonds supplémentaires ainsi que des vivres. Il s’était même offert des réparations pour son bateau qui prenait de l’âge contrairement à lui. Oui, la vie était plus belle avec une fortune qui ne s’épuisait jamais… C’était des pensées froides, même lui s’en rendit compte, car il avait vécu bien des choses depuis le contrat avec l’ignoble mère de la jeune femme. Il l’appelait toujours son trésor, car la belle ne s’était jamais présentée autrement et Crochet ne lui demandait plus. Le mystère demeurait entier pour l’équipage qui ne comprenait pas la surprenante longévité de la princesse entre les griffes du capitaine. Il y avait eu les coups, les menaces, les sanglots, mais aussi le sauvetage ainsi que le complot contre Peter Pan qui avait instauré un nouveau statut à sa prisonnière. Elle restait captive en principe, mais d’une certaine façon encore très nébuleuse pour le pirate, elle était devenue son égale…
Les oiseaux piaillèrent encore dehors, faisait tiquer le pirate. Une idée saugrenue se faisait un chemin dans son esprit alors qu’il posait les yeux sur le meuble camouflé sous un drap dans le coin de la pièce. C’était une mauvaise idée qui le mit de mauvaise humeur d’ailleurs. Attrapant rageusement son membre de métal, il ne tarda pas à le hisser au bout de son bras gauche grâce au mécanisme spécialement conçu pour le mercenaire. Maintenant, il devait trouver quelque chose pour lui occuper l’esprit… James farfouilla dans les cartes… Il pourrait inventer des pièges pour capturer les enfants perdus ou tenter de trouver leur refuge pour changer... Hazel était peut-être dans les parages et Mouche ? Que faisait Mouche ? Sur une soudaine impulsion, le pirate attrapa une bouteille de rhum vide à ses pieds et la lança par la fenêtre. Ces stupides volatiles n’allaient-ils donc jamais se taire ?! Très bien, il avait compris le message et de tout façon, il n’arrivait visiblement pas à oublier ce qui lui avait traversé l’esprit un peu plus tôt. À grandes enjambées, le pirate s’approcha du meuble fantôme et attrapa la toile blanche entre ses doigts, puis tira.
Le drap se souleva théâtralement, au ralenti telle une voile dans le vent, dévoilant ce meuble que Crochet abandonnait depuis si longtemps dans la poussière. L’objet était massif, en bois sombre et travaillé d’arabesques floraux comme motif principal. Adossée au mur, l’antiquité était sensiblement dans le même état que dans les souvenirs du pirate qui laissa sa main caresser la surface lustrée de l’engin. Aucune égratignure, aucune trace d’humidité, le meuble était parfait, aguichant la curiosité de son propriétaire… James ne s’était jamais permis d’accès de colère contre ce monument à la gloire de son passé, même s’il aurait dû le jeter depuis des lustres. Il n’y était jamais parvenu, pas plus qu’il n’avait fait complètement son deuil de sa main perdue. Comment expliquer que ce jour-là, on ne lui avait pas seulement coupé de la chaire, mais on l’avait aussi privé de la joie d’entendre de la musique ? Et pourtant, son piano était toujours là à l’attendre, mais comme la mort qui ne venait pas le chercher, Crochet n’était jamais revenu en jouer. Seulement, les oiseaux dehors ne se taisaient pas... Fonctionnait-il toujours au moins ? Le pirate approcha un tabouret et s’assit devant l’instrument. James pris une grande inspiration, puis il souleva le couvercle, dévoilant à ses yeux couleur océan ses touches d’ivoire immaculées et des pièces plus noires que l’encre. Lentement, le pirate posa un doigt sur une des touches délicatement. Une note aiguë lui répondit. Il retira sa main en hésitant, comme brûlé par ses souvenirs. Il se sentait idiot… Un éclopé pouvait-il toujours être musicien ? Ridicule…
Néanmoins, le piano était-il toujours accordé ? Cela ne pouvait pas lui faire de mal de vérifier, non ? La main plus sûre, le capitaine se positionna correctement sur les touches et ferma les yeux. Il joua quelques notes de plus et se surpris à sourire. Ça y est, il se souvenait comment faire et le son n’était pas si mal… Aucune partition n’était utile, James avait appris très jeune à jouer, s’était devenu instinctif. Ses paupières restèrent closes et le pirate se laissa emporter par cette soudaine victoire contre ses malheurs. Tout à coup, il faussa affreusement. Cela le fit sursauter et posant un regard plus bas, il réalisa que son membre de métal avait essayé d’entrer dans la danse. Jouer du piano à deux main, voilà bien une habitude qu’il n’avait jamais pris la peine d’éliminer... Cet incident le rempli de colère, contre lui-même surtout, puisqu’il avait cru naïvement en ses capacités d’autrefois. Crochet se releva avec frustration, serrant le point et jura avant de se rasseoir subitement. Non, il n’abandonnerait pas autre chose ! Mais surtout, il n’allait pas laisser Peter Pan lui prendre autre chose ! Il allait se forcer à aller jusqu’au bout cette fois…
Le soleil s’était bel et bien levé, mais le pirate n’avait pas remarqué. Il commençait à moins se crisper lorsqu’il y avait des accords maladroits, car le crochet, loin d’être étroit, accrochait facilement les notes voisines de la touche qu’il visait en réalité. Le temps passa et à force d’effort, le capitaine réussit à s’adapter petit à petit avec quelques accords simples. Il allait devoir pratiquer et il ne pourrait plus jouer des pièces très complexes, mais la possibilité de faire plus d’une note à la fois avec son membre de métal en le tourna sur le côté sans peser sur les touches inappropriées lui donnait encore quelques libertés indéniables. Heureux de ses progrès, il se mit à fredonner, ne réalisant même pas qu’il n’était plus seul dans la pièce…
Sujet: Re: « Convoitise... » {feat. Hopearl} Sam 16 Mar - 14:57
Convoitise...
Crochet ♦ Lyana
Un tiède rayon de soleil vint caresser la joue de la princesse endormie qui bougea légèrement sous sa couverture et se tourna face aux murs pour fuir la lumière du jour levant. Lovée dans le sofa si confortable, Lyana n'avait nulle envie de quitter les voiles du sommeil mais, plus les secondes passaient, plus son esprit s'éveillait et prenait conscience des bruits qui l'entouraient : les allées et venus des pirates sur le pont du navire, une fenêtre qui s'ouvrait et permettait ainsi d'entendre le clapotis tranquille et régulier de l'eau, les sons de l'immense île, ainsi que les claquements de bottes du Capitaine Crochet sur le plancher de la cabine. L'esprit de la jeune femme n'était plus disposé au repos à présent, place au matin, il était temps de se lever. Se retournant, Lyana ouvrit les yeux et son regard d'un bleu aussi profond que l'océan balaya la chambre. Comme les bruits de pas le lui avaient prouvé, Crochet était déjà levé et s'activait dans la pièce d'à côté. La jeune femme se demanda un instant combien il lui fallait d'heures de sommeil. Très peu sans doute ; Lyana ne l'entendait venir se coucher que bien plus tard après elle – sauf lorsqu'il passait des nuits blanches sur ses cartes – et son lit était toujours vide lorsqu'elle émergeait de l'inconscient. En comparaison, elle se donnait l'impression d'être une véritable marmotte.
Allongée sur le dos, la princesse fixa un moment le plafond de la cabine, nullement décidée à rejeter sa couverture et se lever. Elle ignorait ce que le Capitaine faisait dans la pièce d'à côté ; sans doute se penchait-il encore une fois sur ses innombrables cartes. Parfois, Lyana s'amusait à observer le pirate travailler sur ces morceaux de parchemins, armé d'un compas et d'un crayon, s'immobilisant parfois pendant plusieurs minutes avant de s'activer soudain et de tracer frénétiquement des lignes et autres symboles qui n'avaient guère de sens aux yeux de la jeune femme. Il était curieux de constater quelle avait été l'évolution de leur relation. A présent, Lyana ne craignait plus sa présence – sauf lorsque Crochet était d'humeur massacrante – et, à sa grande surprise, elle appréciait discuter avec lui, écouter les récits de son passé ou simplement demeurer en sa compagnie. C'était réellement étonnant... et presque effrayant.
En tournant la tête, les yeux de Lyana tombèrent sur un livre qui était au pied du sofa. Crochet était un homme cultivé, elle l'avait constaté à maintes reprises et il possédait quelques ouvrages intéressants. Dans les moments où elle s'ennuyait, elle prenait un des recueils sur les étagères et en débutait la lecture. Elle avait prit cette initiative et le pirate n'avait pas manifesté du mécontentement ; il fallait dire que, lorsqu'elle lisait, elle restait tranquille et il était plus facile pour Crochet de garder un œil sur elle. La princesse se pencha et prit le livre en cuir rouge entre ses mains. C'était un récit de voyage dont elle avait débuté la lecture trois jours auparavant. N'ayant toujours pas envie de se lever, Lyana ouvrit le livre là où elle s'était arrêtée et poursuivit sa lecture. Elle ne progressait pas très vite, les mots se succédaient doucement et les pages tournaient lentement entre ses mains ; elle n'avait appris à lire que très récemment et hésitait encore sur certains mots. Néanmoins, maintenant qu'elle lisait beaucoup plus souvent, elle n'avait aucun doute du fait que, très prochainement, les lettres ainsi rassemblées ne lui poseraient plus aucune difficulté.
Derrière le rideau qui séparait la chambre du reste de la cabine, Lyana entendit plusieurs bruits et elle se demanda vaguement ce qu'était en train de faire le Capitaine. Cependant, plongée dans le livre, elle ne se posa pas plus de questions. Soudain, coupant net la princesse dans sa lecture, un son mélodieux résonna dans la cabine. La jeune femme tendit l'oreille ; un silence suivit mais il n'y avait aucun doute : un tel son ne pouvait provenir que d'un piano. Soudain très curieuse, la jeune femme posa le livre sur le sofa et se leva silencieusement. Vêtue d'un pantalon et d'une chemise d'homme, elle n'enfila pas ses bottes pour ne pas faire de bruit. Elle approcha à pas de loup du rideau. Le soulevant très légèrement, Lyana passa la tête pour découvrir le Capitaine Crochet assis face à un piano. A ses pieds, un grand draps blanc était étalé. La jeune femme avait connaissance de la présence de cet instrument dans la cabine. Cette forme fantomatique l'avait tout de suite intriguée et, profitant un jour de l'absence du pirate, elle avait soulevé un pan du draps et avait découvert le piano. Un très beau piano. La curiosité l'avait assaillie mais elle n'avait jamais posé de question à Crochet : si l'instrument était ainsi recouvert, c'est qu'il y avait une bonne raison, et Lyana doutait que le pirate aurait répondu à ses questions. Trésor d'un butin, souvenir du passé ? Ces questions étaient restées sans réponses.
Toujours dissimulée aux trois quarts derrière le rideau, Lyana observa la main droite de Crochet se poser sur les touches blanches et noires. Les premières notes retentirent dans la cabine et un léger sourire se dessina sur les lèvres claires de la princesse. Simple et mélodieux. Soudain, un son en total désaccord avec la mélodie brisa ce charmant moment. Tout comme le pirate, la jeune femme observa le crochet qui était à l'origine de ce son disgracieux. Avec colère, Crochet bondit de son tabouret et Lyana battit aussitôt en retraite derrière le rideau. Elle ne tenait pas à être découverte par le pirate dans un tel moment. Pourtant, un bruit lui indiqua que le Capitaine s'était rassit et la jeune femme vérifia cela en jetant un coup d’œil dans la pièce. La musique se fit une nouvelle fois entendre et, cette fois-ci, le pirate laissa son crochet se joindre à sa main droite. Il y avait quelques faussetés mais ce spectacle fit sourire Lyana, de façon presque compatissante. Crochet était pianiste, sans aucune doute, du moins il l'avait été. La perte de sa main avait dû mettre une immense entrave à son talent de musicien. Bien qu'elle ne le vit que de dos, la jeune femme se rendait compte à quel point le pirate appréciait d'être devant l'instrument. Sa main en moins avait eu de lourdes conséquences sur sa vie, bien plus que la jeune femme pourrait sans doute jamais le comprendre. Vu la poussière que Lyana avait vu s'accumuler sur le draps qui recouvrait le piano, il n'avait pas dû s'approcher de lieu pendant un long moment, des années sans doute. Et pourtant, il ne s'en était jamais débarrassé.
Passant de l'autre côté du rideau, ses pieds nus frôlant le plancher, la jeune femme s'approcha de quelques pas. Cependant, elle ne chercha pas à se faire entendre, elle voulait continuer à écouter. Elle ne voulait pas briser la magie du moment. Crochet se mit alors à chantonner et Lyana se mordit la lèvre pour ne pas émettre un léger rire. Au fil des jours, la princesse avait pu découvrir les différentes facettes du Capitaine : d'abord violent et colérique, elle avait ensuite rencontré son côté galant, voire doux, puis avait fait connaissance avec l'homme cultivé et, aujourd'hui, elle découvrait l'artiste. Une caractéristique supplémentaire de l'homme qui, de jour en jour, elle appréciait de plus en plus. Tandis que la mélodie résonnait agréablement dans ses oreilles, Lyana porta un regard à sa main. Cassée par le Capitaine, elle était à présent quasiment guérie. Puis, elle fixa le dos de Crochet. Aujourd'hui, dans un moment de colère, serait-il capable de lui faire une blessure semblable ? Il avait changé depuis qu'elle cohabitait avec lui, il y avait autre chose que les menaces entre eux. Évoluait-il ou bien avait-il un jour été ainsi ? Tant qu'il poursuivait dans cette voix, cette réponse importait peu à la princesse.
La dernière note retentit dans la cabine, seule et prolongée. La jeune femme attendit que le silence total revienne avant de dire doucement : « J'ignorais que vous étiez un artiste. » Lyana espéra qu'il ne serait pas offusqué d'avoir été épié. Elle parcourut la courte distance qui les séparait et s'arrêta à côté de lui. Lui adressant un sourire, elle ajouta : « C'est magnifique.»
« Somehow, you are both the best and the worst thing that has happened to me. »
Sujet: Re: « Convoitise... » {feat. Hopearl} Mer 20 Mar - 2:32
Lyana + Crochet
« L'amour de la musique n’est que l’émotion cachée derrière des notes... » ☠
Il y avait si longtemps… Ces mots trottaient sans cesse dans la tête du capitaine qui ne se croyait, ni ne se sentait si vieux pourtant. Plus le piano émettait de doux sons et plus le pirate réalisait à quel point la musique lui avait manqué. La trame sonore de sa vie ne s’était remplie que de hurlements et de coup de feu depuis tant d’année que la gaie mélodie qui faisait naître sous ses doigts avait un petit quelque chose d’irréelle. Des particules de poussières voletaient dans l’air, restant du soulèvement du drap sur les souvenirs presque heureux de Crochet. La brise qu’apportait la fenêtre ouverte aidait à les dissiper. Concentré à la tâche, James n’entendit pas la princesse approcher près de lui et continua de fredonner sa chanson. La dernière fois qu’il l’avait entendu, il était encore l’adolescent farouche qui faisait courbettes et politesses dans les salles de bal de la haute société. Le jeune homme d’autrefois aimait bien danser, car cela lui donnait une bonne excuse pour ne pas discuter de son avenir si prometteur que lui imposait son rang. Il n’avait qu’à bouger et faire sourire les demoiselles qui tournoyaient dans leur robe hors de prix... Crochet quitta des yeux ses mains, de chair ou de métal, qui se mouvaient maintenant avec une certaine aisance. Fixant le vide, sa voix suave s’étira avec la dernière note qu’il joua sur les touches d’ivoires. Un silence lui lassa savourer cette petite victoire contre son mal, puis sa ravissante compagne de cabine se manifesta. Crochet l’avait presque oublié, ne se souciant pas plus que cela de l’avoir tiré du pays des rêves en s’installant devant l’instrument. Son regard limpide comme une mer calme se posa sur la princesse, aucune colère ne s’éveilla en lui. L’époque des reproches dus à son obstination était révolue. De plus, la captive ne l’avait pas interrompue et Crochet était reconnaissant qu’elle n’ait pas brisé ce moment privilégié.
« Merci, mais c’est loin d’être parfait, quoique, c’est mieux que rien. » dit-il en sortant tout doucement de la transe dans laquelle la musique l’avait plongé.
Il n’avait pas sursauté à l’arrivée de sa précieuse trouvaille, après tout, dure de s’éviter lorsque l’on vivait dans le même espace. Sa silhouette délicate disparaissant sous de grands habits d’homme pourtant, James prenait étrangement goût à les deviner dans la lumière, se rappelant vaguement les restes d’une robe quasi transparente à cause de l’eau… Il se mordit la lèvre et se détourna, incertain de la direction que prenait ses pensées. Avec du recul, James se dit que parmi toutes les riches héritières de son passé, aucunes n’avaient une once de la beauté de sa prisonnière dont il avait examiné les traits jour après jour. C’était peut-être à prévoir, à force de ne côtoyer que des hommes à longueur de journée, la première beauté venue pourrait le distraire, mais cela ne lui ressemblait pas. Bref, le capitaine ne comprenant pas ses idées soudaines qui l’assaillaient. Deux choses seulement lui donnaient de l’ivresse, le rhum et la musique, peut-être était-ce le mélange des deux qui l’embrouillait dans la minute. Malgré tout, le pirate sourit face au compliment, n’utilisant jamais le mot artiste pour se définir lui-même. Même ses sourires avaient changé lorsqu’il s’adressait à la prisonnière. Ils n’étaient plus aussi vicieux et sadiques que lorsque le rôle du bourreau violent lui collait à la peau. Avec lenteur, le capitaine se redressa sur ses jambes, regrettant presque de quitter le clavier bicolore si tôt. D’ailleurs, pourquoi le ferait-il finalement ?
« Tu veux essayer mon Trésor ? Je crains d’avoir un peu de mal à atteindre certaines notes tout seul. »déclara-t-il en l’invitant d’un geste de la main à s’asseoir à sa place.
James s’écarta du tabouret pour la laisser s’installer, ignorant si la belle savait jouer du piano ou non en vérité, mais la voyant douter de la façon de placer ses mains, il ne put s’empêcher d’apporter son aide. Derrière la jeune femme, le pirate se pencha avec hésitation, puis posa sa main valide sur les doigts de sa prisonnière avec douceur. James attendit, ne brusquant pas les choses pour voir si la princesse évitera son contact comme elle l’avait fait auparavant, c’est-à-dire, avec mépris et rapidité. À son grand étonnement, son Trésor ne se déroba pas à son touché et en mettant pression sur ses doigts fins, le capitaine lui montra les différentes notes et le son qui leurs étaient propres sur le clavier. D’une certaine façon, James était plutôt content de partager ses connaissances musicales avec quelqu’un, même si sa prisonnière le faisait peut-être simplement pour éveiller sa sympathie et éviter des coups.
« Ça c’est un do et ça, c’est un fa… »
La demoiselle appuya sur deux notes par accident et le pirate s’approcha un peu plus pour l’aider dans sa position, entremêlant ses doigts avec les siens pour les écarter suffisamment sur les touches. En bonne élève, son Trésor se remis à jouer les notes que lui indiquait son tortionnaire, mais à l'appel de leur vrai nom cette fois. Son torse s’appuya doucement sur le dos de la jolie brune et ses explications moururent dans sa gorge au bout d’un moment. Le capitaine réalisa leur proximité, mais ce qui le frappa, fut le naturel dans ce touché aussi léger que la caresse d’une plume. Il ne la forçait pas et elle ne fuyait pas. C’était aussi simple et aussi étonnant que cela. Cherchant à faire abstraction de sa surprise, le pirate lui demanda de refaire les quelques notes qu’il lui avait appris. Cependant, ce fut Crochet qui recula en la laissant aller, retira sa propre main de sur la sienne, mais effleura en sa longueur le poignet de la belle, ne supportant pas une rupture trop brusque de leur étreinte soudaine.
« Ton autre main te fait-elle encore souffrir dit moi ? » demanda-t-il près de l’oreille de la belle, en indiquant du bout de son crochet cette autre main qui ne participait pas encore. « Il faut être délicat sur les touches, mais assez ferme pour bien les enfoncer. » rajouta-t-il en faisant comme-ci rien n’était.
Le pirate avait l’impression de ressentir encore la douceur de sa peau dans sa paume, une impression étrange. Aussi, il ne supporta pas de rester inactif bien longtemps. Le mercenaire pris place à ses cotés sur le tabouret aux coussins de velours et posa sa propre main sur les touches. La demoiselle fut invitée à jouer les quelques notes apprises sans interruption pendant que le capitaine rajoutait des accords de par ses propres actions sur le clavier. Son membre de métal resta sage, n’osant venir risquer de fausser leur duo improvisé. Le tout avait l’air d’une mélodie aux rythmes boiteux, car Crochet jouait plus vite que son Trésor parfois, mais dans l’ensemble, il y avait une certaine harmonie entre les deux. Un peu comme leur cohabitation en fait.
« C’est un début… » souffla-t-il pour encourager sa voisine.
Voilà, j'ai un peu fait bouger Lyana, dit moi si cela t'embête ! Enjoy ~
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Sujet: Re: « Convoitise... » {feat. Hopearl} Sam 30 Mar - 13:08
Convoitise...
Crochet ♦ Lyana
Un léger doute naquit en Lyana lorsqu'elle brisa le léger silence qui avait suivit l'ultime note jouée par le Capitaine : peut-être n'apprécierait-il pas d'avoir interrompu dans sa transe musicale - car, même de dos, la jeune femme avait remarqué que son esprit était partie loin de la cabine et de son navire, porté par la douce mélodie que ses mains, de chair et de métal, avaient joué - ou, pire, peut-être en voudrait-il à la princesse de l'avoir ainsi espionné ? Il était possible qu'il aurait préféré ne pas avoir de public pour cette redécouverte de son instrument. Cependant, au soulagement de Lyana, aucun de ces deux sentiments ne se peignit sur le visage de Crochet qui la remercia. Il y avait encore dans ses yeux myosotis une sorte de voile, prouvant que son esprit revenait progressivement à la réalité. C'était fascinant de voir le pirate dans une transe qui n'avait pas été causée par l'alcool mais par quelque chose de bien plus beau et de si pur.
« A mes yeux, cela reste remarquable ! » Murmura-t-elle tandis que de belles roses rouge sang franchissaient la barrière de ses lèvres.
La jeune femme ne surprit pas le regard de Crochet sur sa silhouette, parfaitement dissimulée par les vêtements qu'il lui prêtait. Lyana s'était vite habituée à porter des habits qui n'étaient pas à sa taille; après tout, avant son mariage, elle était toujours vêtue de haillons et, autre avantage, cela lui évitait, lorsqu'elle se rendait sur le pont du navire, d'avoir des dizaines d'yeux de pirates braqués sur son corps. Certes, ils se faisaient toujours un plaisir de la contempler lorsqu'ils en avaient l'occasion mais, au moins, Lyana se sentait beaucoup moins vulnérable que le jour où ses vêtements déchiquetés et trempés révélaient ses courbes féminines. Là, elle savait que tous les hommes qui l'entouraient ne pouvaient pas voir au-delà de ses vêtements trop grands. Guettant la réaction du Capitaine, la princesse se rapprocha un peu plus de piano. Comme il ne manifestait aucun signe de refus, Lyana se permit de déposer sa main légère sur le bois du piano et d'en caresser la surface. C'était un magnifique instrument très ouvragé. Même dans le château de son époux, la jeune femme n'avait jamais vu un piano aussi beau; ceux qu'elle avait pu voir étaient de confectionnant plus classique. Le côté baroque de celui-ci plaisait bien plus à Lyana qui, du bout des doigts, suivit les contours d'un fleur sculptée dans le bois, appréciant la richesse du motif. Tandis qu'elle observait avec beaucoup d'intérêt l'instrument, elle glissa qu'elle avait trouvé la mélodie jouée par le pirate magnifique. Elle jeta un coup d’œil à ce dernier et un sourire se dessina sur ses lèvres, en écho à celui du Capitaine. Soudain, le pirate se releva lentement, faisant reculer la jeune femme. A sa grande surprise, il lui proposa de s'assoir devant le piano pour en jouer un peu à son tour.
« Hum... Je... » Hésita la princesse alors que deux diamants allaient ricocher sur le plancher de la cabine. Elle ne savait pas jouer mais, en même temps, elle n'avait pas envie de refuser la proposition du pirate. Aussi, elle finit par hocher légèrement la tête. « Pourquoi pas ? »
Lyana prit place devant l'instrument mais, une fois assise, elle ne sut ce qu'elle devait faire de ses mains, les levant juste à mi-hauteur de ses genoux. Toutes les touches qui s'alignaient devant elle n'avaient aucune signification à ses yeux. Toutes lui paraissaient semblables. Le Capitaine vit son hésitation et c'est avec surprise que la princesse le vit poser sa main sur la sienne. La jeune femme tressaillit à ce contact mais, ce qui la surprit sûrement autant que le pirate, elle ne se déroba pas. Au contraire, elle le laissa lui expliquer les noms des différentes touches, sa grande main pressant doucement sur la sienne. La jeune femme ne fit pas tout attention à l'enseignement du pirate, quelque peu perturbée par ce sentiment qui s'éveillait en elle de par ce simple contact : elle ne ressentait nul dégoût, aucune envie de fuir ce touché ni de lancer une remarque cinglante au pirate pour son geste. Rien de tout cela n'effleura son cœur. Au contraire, elle se sentait... bien. Revenant à la réalité, Lyana appuya sur deux touches, croyant que c'étaient celles que lui avait montré Crochet. La dissonance entre les deux touches lui indiqua qu'elle avait commis une erreur.
« Pardon ! » Dit-elle précipitamment en relevant sa main. Une perle rebondit sur les touches blanches avant de poursuivre sa course sur le sol.
Le Capitaine ne lui fit aucune reproche et Lyana le laissa mêler ses doigts aux siens pour qu'il lui montre les touches sur lesquelles elle devait appuyer. La main du pirate toujours sur la sienne, la princesse pressa ses doigts sur les bonnes touches et souris lorsque celles-ci produisirent un son juste et clair. Se rapprochant encore un peu plus d'elle, Crochet appuya un peu son torse contre son dos. La chaleur humaine de ce contact ne dérangea pas Lyana qui se contenta de jouer les notes qu'il lui demandait. Elle était bien contente qu'il ne puisse bien voir son visage car, malgré ses efforts, elle avait du mal à cacher le trouble que ce contact faisait naître en elle. C'était si... naturel et simple comme contact... Et c'est ce qui la troublait. Quelques jours auparavant, le simple fait qu'il l'effleure du bout des doigts lui faisait ressentir un effroyable sentiment de dégoût et de mépris. Aujourd'hui, tout était différent. Ressentait-il, lui aussi, ce trouble dans son cœur si froid ? Comment en étaient-ils arrivés là ?
Le silence s'était peu à peu installé entre la captive et son geôlier, seules les notes de musique emplissaient ce vide. Crochet mit fin à ce moment en se retirant de la princesse. La caresse le long de son poignet fit tressaillir la princesse qui garda les yeux fixés sur les touches, comme si de rien n'était. C'est à ce moment-là, lorsque le contact fut rompu, que Lyana se rendit compte qu'elle avait retenu pendant un moment sa respiration. Elle inspira à fond, ce qui lui permet d'apaiser son trouble, toujours présent.
« Elle est raide, mais je peux m'en servir... » Murmura-t-elle en levant la main qu'il avait cassé. Elle pliait difficilement ses doigts qui n'étaient pas aussi droit que ceux de son autre main, mais elle parvenait tout de même à l'utiliser.
Autrefois, elle aurait sans doute lancé une pique au Capitaine; c'était tout de même sa faute si sa main lui avait fait autant souffrir. Mais là, elle n'en ressentait pas l'envie. Sans doute lui faudrait-il un long moment avant que sa main fonctionne normalement mais, au moins, les os étaient réparés. Le pirate vint alors s'assoir près d'elle sur le tabouret. La jeune femme était presque heureuse qu'il soit à ses côtés plutôt que derrière elle. La sensation de son torse contre son dos et de sa main mêlée à la sienne semblaient marquées dans son esprit. Sous la demande du Capitaine, Lyana se mit à jouer les quelques notes qu'il lui avait appris, tandis que ce dernier jouait quelques accords. Le touché du pirate sur les touches d'ivoires était bien plus beau à écouter que celui de la princesse qui n'était pas très régulière et moins rapide. Elle aurait aimé observer les doigts de Crochet se promener sur l'instrument mais, de peur de rater ses propres notes, elle se concentra sur sa propre main, souriant toute seule de voir quelle était capable de jouer quelques chose, même de façon bancale.
A l'encouragement du Capitaine, la jeune femme tourna brièvement la tête vers lui pour esquisser un petit sourire. Revenant sur ses propres notes, la curiosité s'éveillait en elle et, d'une voix légère bien qu'un peu hésitante, elle demanda doucement:
« Puis-je vous demander où vous avez appris à jouer ? »
La jeune femme avait réellement envie de connaître la réponse. Ce côté artiste lui plaisait tout particulièrement, et elle souhaitait en connaître l'origine.
« Somehow, you are both the best and the worst thing that has happened to me. »
Une main complètant celle manquante de son voisin, la captive et le bourreau jouait leur propre version d’un classique sur les touches d’ivoires. Le piano semblait approuver le duo et résonnait dans la salle avec autan déloccance qu’il l’aurait fait dans les vastes salles d’un château et non dans une modeste cabine d’un bateau pirate. La fenêtre ouverte amenait une délicieuse brise fraîche de l’océan qui le fit frisonner. Ou était-ce autre chose ? En mémoire, la simplicité et la douceur de l’enlacement de leurs doigts qui semblaient jouer au chat et à la sourie sur l’instrument. Tantôt un ''sol'' les rapprochaient, mais le ''ré'', plus têtu, les éloignait tandis que le ''do'' les faisait se frôler furtivement. Crochet se demandait bien pourquoi la distance entre eux deux semblait soudain si importante… Au loin, entre deux notes, on entendait les oiseaux du Pays Imaginaires qui semblaient vouloir participer au récital. Crochet, lui, repartait dans ses pensées et remarqua une chose qui ne s’appliquait pas nécessairement juste à la musique. Le souvenir du craquement des doigts de la princesse sous ses bottes lui fit comprendre que l’harmonie dans sa cabine était plutôt éphémère en fait.
« Nous nous complétons bien on dirait... »
Ce devait être l’enchantement du moment qui fit baisser la garde du pirate qui répondit avec une étonnante franchise. Nul besoin d’un jeu fourbe pour lui soutirer des informations, cela dit, il évita de peu de faire une gaffe en avouant son appartenance à la noblesse. Lui ne semblait pas tenir les privilégiés de la société en aussi haute estime qu’il le devrait alors que son titre de capitaine il l’avait eut les mains couvertes de sang. Crochet avait bien fait comprendre à sa prisonnière le peu de sentiments qu’il portait à ceux qui naissaient avec une petite cuillère en argent dans la bouche. Il avait même voulu rabaisser l’image qu’elle avait de son époux. Cet homme qui ressemblait plus à un vague étranger depuis le temps. Si peu de nouvelles lui parvenaient du monde extérieur que même les alliés de James ne pouvaient lui dire si, effectivement, un prince s’était lancé à sa recherche. La princesse volée était devenue plus un mythe qu’autre chose. De toute façon, ce n’était pas la première fois que la tête de Crochet était mise à prix. Bref, la vie continuait !
« C’était il y a longtemps, lorsque j’étais encore enfant. Mon précepteur m’a appris à jouer lors des jours de pluie où nous ne pouvions pas aller voir les bateaux sur le quai. Il pleuvait plutôt souvent en fait… » dit-il avec un petit sourire nostalgique sur les lèvres qui se destinait plus à l’image des navires dans la lumière qu’au vieil homme aigri qui le surveillait autrefois. « Et toi, tu avais un passe-temps lorsque tu étais gamine ? »
Le visage de James se tourna vers son Trésor, pour une fois, les banalités venant d’autrui semblaient l’intéresser. La voix de la princesse n’était plus aussi timide ou brisée que lorsque James la maintenait à fond de cale. Il appréciait ce changement, ne se doutant pas à quel point leur relation avait progressé. Tous allaient bien pour le moment et cela lui avait suffit jusqu’à présent. Puis, les yeux vifs du pirate remarquèrent un objet qui s’était logé dans la chevelure de sa précieuse victime. Ne souhaitant pas l’interrompre, Crochet leva doucement la main pour attraper l’intrus dans la crinière brune de la jeune femme.
« Une plume d’oiseau. Ça vient surement d’un des oreillers de la chambre… » dit-il en enlevant la plume d’oie de la chevelure de sa captive en la laissant tomber sur le sol, mais la main du pirate s’immobilisa.
La sensation étrange revint alors que James passait ses doigts dans les cheveux de son Trésor, mais elle fut plus forte encore. Le visage du pirate se détendit, une lueur de curiosité dans le regard. Qu’est-ce qui se passait ? Le bout de ses doigts prirent contact avec la peau de la princesse, passant sur son oreille et caressa son cou de cygne. Il l’avait déjà fait ce geste pourtant, sous forme de menace, sauf que ce contact se voulait tous sauf de la torture. S’était aussi doux que leurs mains sur le clavier, aussi délicat que le touché d’une plume. Le temps s’arrêtait et le chant des volatiles était lointain… Tous étaient si naturels, si simples, si parfaits dans la minute. James ne songeait plus à sa blessure ou à sa vengeance. D’ailleurs, son membre de métal ne bougeait pas, toujours derrière le dos du capitaine, ne voulant pas gâcher cette harmonie qui s’installait comme la plus belle des musiques.
Ce petit moment de bonheur en retrouvant le piano avait vidé Crochet de son venin et la présence de la princesse semblait empêcher la noirceur de revenir. Son pouce caressa la gorge de sa compagne et il écouta sa respiration étrangement tranquille pour qui avait déjà eut affaire au capitaine. Si lisse et si pâle, une honte de garder enfermé une beauté pareil dans le noir ! Pourtant, depuis son arrivé, elle n’avait jamais cessé d’illuminer un peu plus les jours sombres du pirate. James perdit son air de rapace et frissonna alors que son visage approchait de celui de sa prisonnière. Ses yeux clairs imposèrent dans son esprit l’image des lèvres fines de son Trésor, un autre joyaux qu’il se mourait d’attraper…
Soudain, Typhon entra par la fenêtre en croassant et décrivit de grands cercles autour du lustre de la pièce. Brisant le rêve et sortant Crochet de la lumière, le corbeau fini par se poser sur le bureau de son maître qui se leva sans un mot. Sa main valide quitta donc la chaleur rassurante de sa belle possession et se referma sur du vide alors qu’il s’approchait de l’animal. Tendant son membre de métal dans sa direction, l’oiseau sinistre alla s’y percher. Le capitaine défit le volatile du message qu’il portait et c’est en déroulant le parchemin qu’il réalisa qu’il tremblait légèrement sous l’émotion.
« Tient, Barnabas se marie encore une fois… » dit-il d’une voix mal assurée pour briser le silence. Mais bon sang ! Que se passait-il ?!
Une douce et inhabituelle atmosphère s'était créée entre le pirate et la princesse, en l'espace de seulement quelques notes jouées sur un piano. Dire que quelques semaines auparavant, Lyana se trouvait au fond d'une cale, la cheville entravée par une chaîne avec peu d'espoir de revoir la lumière du jour et habitée par la crainte de la visite quotidienne du Capitaine qui voulait lui arracher des mots et les richesses qui les accompagnaient. Alors, qui aurait pu croire que le bourreau et la captive pourraient cohabiter dans un espace clos comme la cabine ? Certainement pas Lyana, et probablement pas Crochet... Au fil des jours, la jeune femme avait gagné en assurance et, même si il y avait eu des moments où le pirate s'était énervé, elle avait de moins en moins peur. Elle le craignait certes - ses sautes d'humeurs étaient si imprévisibles - mais elle ne baissait plus les yeux à son approche, ne se réfugiait pas dans un coin comment un petit animal apeuré. Il y a quelques temps encore, Lyana avait du mal à dormir, craignant sans cesse de se retrouver avec le crochet aiguisé du Capitaine sous sa gorge ou bien redoutant d'autres os brisés; le souvenir de sa main se disloquant sous la botte de Crochet était toujours présent... Mais voilà qu'aujourd'hui, ils étaient assis devant un piano, si près l'un de l'autre, leurs mains caressant les touches d'ivoire et se frôlant suivant les notes jouées. Si des frissons parcourraient la peau de Lyana, ce n'était plus à cause de l'angoisse ou de la frayeur... Quel sentiment faisait naître cette sensation ?
Un sourire en coin apparut sur les lèvres de la princesse aux mots du Capitaine. C'était bien vrai, ils se complétaient, mais la jeune femme avait l'impression que ce n'était pas seulement d'un point de vue musical... C'était bien plus complexe et profond, tout comme leur relation qui avait pris une tournure que ni l'un ni l'autre n'avait soupçonné. Quelle était la vraie nature de leur relation à présent ? Bien qu'elle soit considérée comme prisonnière, Lyana n'avait pas le sentiment d'être en compagnie de son bourreau; les coups et les menaces avaient disparu depuis un moment. Amis ? Non, c'était trop fort comme relation. Mais quoi alors ? Ces questions traversaient l'esprit de la princesse qui gardait les yeux rivés sur sa main qui évoluait maladroitement sur l'instrument. A côté de la sienne, celle de Crochet, experte, se promenait sur les notes avec une grande facilité; une aisance que Lyana aurait bien voulu posséder : jouer d'un instrument était si agréable comme sensation, mais si cela se limitait à appuyer sur trois notes.
La jeune femme tourna brièvement la tête vers le pirate avant de se reconcentrer sur sa main, ses longs cheveux dissimulant le sourire qui s'était dessiné sur son visage. Le Capitaine Crochet se livrait un peu plus facilement, plus spontanément; il ne retournait pas la question dans tous les sens pour y desceller un sous-entendu et il ne se bornait pas non plus à rester les lèvres closes. Avec beaucoup d'intérêt, Lyana écouta les quelques informations qu'il lui délivra sur l'origine de son talent de musicien. Elle émit un léger rire au mot "bateau" : cette attirance pour les vastes étendues d'eau ne datait pas d'hier visiblement. La jeune femme se demanda à quoi pouvait bien ressembler le pirate enfant. Elle imaginait un petit garçon aux cheveux bouclés et aux yeux d'un bleu myosotis observer avec fascination les bateaux qui prenaient la mer, rêvant de faire partie, lui aussi, d'un équipage qui l'emmènerait vivre des aventures. Cela devait être assez touchant à voir...
« Oh moi... Je... » Bredouilla-t-elle lorsque Crochet lui retourna sa question. « Ma famille était pauvre, il a fallut que je travaille très tôt... Puis, après la mort de mon père, je me suis retrouvée avec ma mère et... Enfin... Non, je n'avais pas beaucoup de distractions... » Murmura-t-elle, ne voulant pas ennuyer plus longtemps le pirate avec des propos inintéressants.
Sur les genoux de la princesse, un tas de roses rouges s'était accumulé au fur et à mesure que les mots avaient franchis la barrière de ses lèvres. Lyana se figea soudain lorsqu'elle vit la main de Crochet se leva mais elle se détendit aussitôt que le pirate l'eut informé de la plume se trouvant dans sa chevelure. « Merci. » Dit-elle simplement une fois qu'il eut retiré l'intrus.
Quelques secondes après, la jeune femme se figea une nouvelle fois, sa main cessa d'appuyer sur les touches d'ivoire et il s'en fallut de peu pour qu'elle ne cesse de respirer. Immobile, elle laissa le Capitaine passer sa main dans ses cheveux, avec une douceur qui fit naître une étrange sensation dans le cœur de la princesse. Que se passait-il ? Très lentement, elle tourna son visage en direction de Crochet, son regard océan observant le visage de ce dernier. Jamais elle ne lui avait vu un air aussi serein. Les doigts du pirate quittèrent sa chevelure pour descendre lentement, jusqu'à entrer en contact avec sa peau. Lyana sentit le chemin que prenait sa main, comme s'il avait s'agit d'une brûlure. Elle avait déjà eu cette sensation, dans la cale, lorsque Crochet avait fait glisser son crochet le long de son cou. Mais là, la sensation était tout autre. Nulle crainte, nulle détresse, seule cette curieuse sensation qui semblait prendre un peu plus de volume à chaque seconde. La main du Capitaine caressa la cou de la princesse. Sentait-il son pouls qui s'emballait de façon presque douloureuse ? Sans doute; il semblait tambouriner dans sa gorge. Du coin de l’œil, Lyana crut voir ses mains secouées d'un léger tremblement. Pourquoi cette agitation ? Elles ne trahissaient pas la crainte de la princesse non... Non, c'était le reflet de son désir, sentiment que compris la jeune femme tandis que son visage et celui de Crochet se rapprochaient lentement...Si proche...
Un bruissement de plumes déchira soudain le silence. Comme en suspens, Crochet et Lyana restèrent immobiles puis d'un même mouvement, ils se séparèrent, le pirate se leva du tabouret et la princesse se redressa et se détourna. Tandis que le Capitaine prenait le message délivré par son corbeau, la jeune femme ferme un bref instant les yeux, ne réalisant pas ce qui avait été sur le point de se produire. Son cœur cognait si fortement qu'elle avait l'impression qu'il allait sortir de sa poitrine. Elle respira profondément à plusieurs reprises pour tenter de se calmer. Vraiment ? Cela s'était produit ? C'était invraisemblable. Et pourtant, le visage de Crochet se rapprochait peu à peu du sien semblait graver dans sa tête, comme s'il s'était encore trouvé devant elle. Tournant toujours le dos au pirate occupé à déplier la lettre, la princesse esquissa un léger sourire tout en frôlant son cou, là où la main du Capitaine l'avait touché. Puis, elle se figea dans son geste. Son mari... Elle l'avait oublié...
« Mais qu'est-ce qui t'as pris ? Tu es mariée ! » Se reprocha-t-elle mentalement.
Son époux lui était complètement sortie de l'esprit et elle s'en sentit extrêmement honteuse. La voix de Crochet la fit tourner la tête vers lui. Pendant quelques instants, elle l'observa; sa haute silhouette, ses cheveux noirs, ses yeux myosotis envoûtants... Tant de choses qui la révulsaient au début mais tout était bien différent... Essayant de se ressaisir, Lyana se leva -les roses dégringolèrent sur le sol - et s'approcha du pirate.
« Qui est ce Barnabas ? » Demanda-t-elle d'une voix qu'elle voulait calme mais était légèrement tremblante. Quelques perles allèrent ricocher sur le sol.
La princesse essayait de rétablir un climat normal entre le Capitaine et elle. Elle devait vite oublier ce qui avait faillit se produire, ou était-ce déjà trop tard ? Elle leva les yeux vers le pirate et sourit légèrement, attendant une réponse. Ce dernier gardait les yeux fixés sur le parchemin. Alors, malgré la remontrance qu'elle venait de se faire et avant qu'elle ait pu réaliser ce qui se passait, Lyana leva une main et la laisse frôler la joue du Capitaine. Ce simple contact fut électrique. Doucement, le bout de ses doigts frôlant sa joue et son menton, elle fit tourner le visage du pirate vers elle. Lyana plongea son regard océan dans le sien et l'étrange mais si délicieuse sensation qu'elle avait ressentie quelques minutes plus tôt revint, plus forte qu'auparavant. Ce regard, elle aurait voulu s'y noyer. Ses doigts descendirent le long de sa joue, frôlant ses lèvres. Qu'aurait-elle donner pour les embrasser...
Se souvenant soudain qu'elle ne devait - qu'elle ne pouvait - pas continuer ainsi, Lyana ferma brusquement les yeux, les sourcils légèrement froncés. « Arrête ! Tu te fais plus de mal qu'autre chose ! » Se répéta-t-elle à plusieurs reprises avec force. Vivement, elle retira sa main et se détourna. « P... Pardon... Je ne voulais... Pas... » Murmura-t-elle précipitamment. Pour dissimuler son visage, la jeune femme se baissa et s'empressa de ramasser les diamants qui avaient jaillis de ses lèvres. Évitant de croiser le regard du Capitaine, Lyana le contourna et alla placer les trésors dans un petit coffret sur le bureau du pirate. Là, elle respira profondément mais son cœur ne se calma pas pour autant. Quel supplice !
« Somehow, you are both the best and the worst thing that has happened to me. »
Sujet: Re: « Convoitise... » {feat. Hopearl} Sam 1 Juin - 5:13
Lyana + Crochet
« Brisons les chaînes... » ☠
James s’était levé du tabouret presque avec difficulté, à contrecœur même. Seulement, l’arrivée de Typhon ressemblait à un signe. Une échappatoire trop évidente pour que l’esprit du capitaine ignore plus longtemps qu’il n’avait plus aucun contrôle sur ivresse qui l’envahissait. Sa captive se détourna de lui alors qu’il dépliait le message de son ami d’enfance. Le capitaine relu les quelques mots plusieurs fois avant d’émettre sa remarque, car ses yeux voyaient les lettres sans comprendre. Ses pensées allaient à une vitesse folle et le fait que Barnabas se remarie à nouveau ne l’étonna pas plus que cela. Enfin, cette annonce lui fit vaguement sentir, pour la première fois de sa vie, pourquoi un homme de caractère comme Barnabas avait tant besoin de l’attention d’une bien-aimée. Qu’était-ce le mariage et qu’était-ce l’amour ? Le capitaine n’osait faire le rapprochement avec sa propre situation. La question de son Trésor tomba à pic, ne le laissant pas sombrer dans ses propres réflexions.
« Un ami de longue date. Nous ne nous sommes pas revus depuis des années, mais nous n’avons jamais perdu le contact... »
Alors que la jeune femme semblait vouloir rétablir un climat plus normal entre eux, James ne détourna pas les yeux du parchemin. Il savait déjà qu’il n’y arriverait pas. La pièce lui semblait minuscule tout à coup, comme ci, en plus de sa personne et de sa captive, tout son trouble grandissait dans l’espace qui leur restait pour respirer. L’arrivée du volatile n’avait rien dissipé de cette drôle de plénitude qui s’était alors installée entre la prisonnière et son bourreau. Au contraire, insatisfaite, celle-ci ne le quittait plus. À chaque inspiration, Crochet avait l’impression de se perdre toujours un peu plus dans la brume de son cerveau. Il n’avait pas à fermer les paupières pour revoir se dessiner dans son esprit les traits de sa princesse si près de son visage. Cette envie de posséder ses douces lèvres le hantait encore et de plus en plus. Ce n’était pas de la peur, car ce sentiment là, il le connaissait bien. Il n'avait qu'à penser au crocodile pour avoir des sueurs froides, mais à cet instant, son malaise n’avait rien à voir. Au lieu de paniquer devant cette sensation qui l’étouffait, il n’avait qu'une envie, c’était de s’y perdre. Était-ce un mal ? Était-ce un bien ? Les frontières étaient flous au point où ni la fuite, ni l’acceptation n’était envisageable. Et soudain, il sentit la main de la jeune femme sur sa joue et frissonna. Il y avait une tempête en lui et Crochet n’y était pas préparé.
Pourtant, il ne rêvait pas. Elle lui tourna la tête, ses yeux myosotis rencontrèrent les saphirs de sa si précieuse et désirable captive. Il y avait un manque qui s’installait, ça il en était sûr. Tout son être recherchait inconsciemment la douceur, la caresse qui sous son effet euphorique diminuait les cicatrices de son cœur. Un bloc de pierre que les épreuves avaient fendu et dont le temps grugeait toujours un peu plus avec les regrets. Alors que le bout des doigts de la princesse passa furtivement sur ses lèvres, ceux du pirate étudièrent la texture du parchemin, c’était si sec et rêche en comparaison… Une étincelle s’alluma dans son regard, comprenant qu’il n’était pas le seul dans cette histoire à soudainement être en manque de l’autre. Cependant, l’instant magique se fissura brusquement lorsqu’elle retira sa main. Voilà qu’elle se mettait à nouveau à le fuir... Pendant que son Trésor s’activait à ramasser les joyaux sur le sol, le corbeau perché sur son membre de métal croassa. Crochet posa la lettre de Barnabas sur son bureau et se rapprocha de la fenêtre. Il ouvrit une petite boite de métal pour donner une friandise à l’oiseau, puis il leva la main pour en caresser le plumage sombre. Non, ce n’était définitivement pas aussi agréable... Ensuite, le pirate tendit son bras vers l’extérieur et le sinistre volatile pris son envol, laissant le tortionnaire et sa victime se faire souffrir encore plus, quoique d’une autre façon. La main valide du capitaine s’ouvrit et se referma sur du vide, la distance le démangeait.
Néanmoins, les sensations étaient toujours vives et le poussèrent à franchir les pas qui le séparaient de son Trésor, mais il se figea tout près d’elle. L’ambiance était lourde, emplie de non-dits et d’interdits. Il devait faire quelque chose pour briser ce dernier obstacle qui les séparait, cette frayeur qu’ils partageaient tout les deux et qui les poussaient à s’éviter au dernier moment. Si sa captive l’observait à l’instant, elle n’aurait pas reconnu l’homme qui l’avait enchaîné au fond d’une cale. James était perdu, littéralement tiraillé par des pensées contradictoires. Se sentir si vulnérable l’espace d'une seconde fit naître une certaine frustration en lui. Il était un pirate, non ? Ce n’était pas le genre à reculer, mais à se battre pour obtenir ce qu’il voulait. Qu’est-ce que ça lui coûtait de jouer égoïste une fois encore et de prendre ce qu’il désirait le plus ? Elle était mariée et alors ! Cela ne l’avait jamais empêché de faire quoique ce soit ! Cela dit, Crochet respira un bon coup, réalisant petit à petit à quel point leur relation avait évolué... Il avait l’impression d’être plus qu’un pirate lorsqu’elle était à ses côtés. Il redevenait un homme.
« Tu ne sais pas mentir… » murmura-t-il à l’égard de la princesse pour attirer son attention.
Après ce qui venait de se passer, le fait qu’elle ''ne voulait pas'' lui semblait si fade comparé à la réalité. James se mis face à la jeune femme et baissa les yeux sur l’objet tranchant qui remplaçait sa main gauche. S’il n’était vraiment plus qu’un homme, alors peut-être cesserait-elle de lui échapper… Il y eut un déclic sonore et le capitaine se défit de son membre de métal. Le funeste crochet fut de retour dans son coffret de velours sur le bureau. James garda le silence, peu de gens l'avaient vu sans son arme de prédilection, à croire qu'il ne réalisait pas ce qu'il était en train de faire. D'ailleurs, il ne comprenait peut-être pas tout ce qui se passait, mais la nouveauté ne l’effrayait plus autant maintenant qu’elle était imminente. Débarrassé de la part d’ombre qui l’habitait, les doigts du capitaine relevèrent délicatement le menton de sa captive pour qu’elle ne voit que lui. Personne d’autre. Pas même son mari. Seulement lui… Il entoura la taille de son Trésor de son bras pour la rapprocher. Doucement, il posa son front contre celui de la princesse, laissant leur nez se frôler et son souffle effleurer son visage. Profitant du moment d'égarement que créait leur contact, Crochet n’hésita plus et s’appropria les fines lèvres de son Trésor dans un tendre premier baiser...
Sujet: Re: « Convoitise... » {feat. Hopearl} Mar 11 Juin - 0:56
Convoitise...
Crochet ♦ Lyana
C'était comme si elle était revenue au fond de la cale, au tout début de sa captivité. Alors, Lyana se sentait prise au piège, incapable de se défaire de ses chaînes qui l'empêchaient de faire deux pas, et sans aucun issu possible. Elle ne ressentait alors que peur, son cœur était oppressé par l'angoisse et elle ne désirait qu'une seule chose : être libérée de ce poids et ne plus avoir à faire face à toute cette adversité. Tous ces sentiments, c'est comme si la jeune femme les retrouvait en un seul bloc, violemment ; pourtant, elle se trouvait dans la cabine du pirate et non enchaîné dans une cellule. Ses mains légèrement tremblantes posées à plat sur le bureau, Lyana se sentait prise au piège avec Crochet à seulement quelques mètres d'elle. Oui, ces sensations d'avant été revenues, mais d'une façon différente. Elle se sentait étouffer par les sentiments qui l'envahissaient mais ce n'était pas aussi douloureux qu'auparavant. Elle avait envie de fuir cette cabine et le regard envoûtant du pirate mais, en même temps, elle se sentait incapable de faire un geste, comme si son corps lui ordonnait de rester là. Et, si son cœur battait la chamade, ce n'était par crainte des coups du Capitaine ; c'était le désir, l'envie de briser ces barrières qui séparaient le geôlier et sa prisonnière qui le faisait palpiter de façon si intense.
Et pourtant, Lyana sentait la peur qui lui prenait la gorge, mais ce n'était pas la peur que l'on ressent face à un ennemi, comme lorsque Crochet la menaçait de son membre de mental ou qu'il la frappait. Cette peur-là, c'était la peur de l'inconnu car la jeune femme était en train de réaliser que toutes les sensations qui la parcourraient lui étaient totalement inconnues. Les battements de son cœur était trop rapides et trop forts, au point de lui faire mal ; ce désir d'être près du Capitaine ; ce besoin de prendre possession de ses lèvres... Jamais elle n'avait éprouvé tout cela. Jamais elle n'avait ressentie des sentiments aussi forts pour qui que ce soit, pas même son mari. Tout était plus puissant. Lyana n'avait qu'un pas à faire pour obtenir ce qu'elle désirait mais quelque chose l'empêchait. Elle était bloquée par la culpabilité, la honte de vouloir un homme autre que son mari, mais surtout, par le fait de comprendre que les sentiments qu'elle éprouvait pour celui-ci étaient terriblement fades à côté de ce qu'elle ressentait pour le Capitaine Crochet.
La princesse tressaillit lorsque les bruits de pas sur le plancher lui indiquèrent que le pirate s'approchait d'elle. Les yeux clos, Lyana s'interdit de faire un mouvement, indécise. Que devait-elle faire ? Qu'est-ce qui était en train de traverser l'esprit de Crochet en cet instant ? Plus encore, elle se sentait prise au piège, incapable de sortir de cette situation qu'ils avaient peu à peu créé, sans même s'en rendre compte. A présent, ils étaient quasiment devant le fait accomplis et Lyana se sentait plus que tout sur la corde raide, à deux doigts de faire le grand saut, mais conservant toujours un soupçon d'équilibre. Le silence semblait s'éterniser entre Crochet et la demoiselle ; cette dernière se demanda si les battements de son cœur étaient perçus par l'oreille du pirate. Il cognait tellement fort contre sa poitrine ! Ils auraient pu demeurer ainsi un long moment mais le Capitaine finit par briser le silence par un simple murmure. Lyana ouvrit brusquement les yeux, quelque peu surprise car elle ne s'était pas rendue compte qu'il se trouvait si près d'elle, comme s'il venait de lui chuchoter ces mots à l'oreille. Un mince sourire étira les lèvres de la jeune femme. C'était à croire qu'il lisait en elle comme dans un livre ouvert. Oui, elle était incapable de mentir. Les paroles qu'elle avait prononcé étaient dictées par sa conscience, et non par son cœur qui lui hurlait de cesser de fuir le regard envoûtant du pirate.
Lyana leva des yeux hésitants vers le Capitaine qui était à présent face à elle. Elle suivit son regard jusqu'au crochet de métal ; cette arme l'avait tant effrayée autrefois, elle était passée si près de sa gorge à quelques reprises... A présent, elle ne ressentait plus de la peur en le voyant ; elle avait fini par accepter le fait que c'était une partie du pirate. La preuve la plus flagrante que son cœur était obscur... Qu'elle ne fut sa surprise de voir Crochet retirer son membre de métal et le ranger en silence dans son coffret. C'était bien la première fois que Lyana le voyait dépourvu de cette arme. Sans un mot, elle caressa du bout des doigts le bras mutilé du pirate, avec douceur, avant de le regarder à nouveau. Il se séparait volontairement de cette part de lui-même... Et cela lui faisait énormément plaisir. La jeune femme adressa un sourire à l'homme – car c'était réellement un homme et non plus le pirate qu'elle avait rencontré – face à elle. Elle frissonna en sentant les doigts du Capitaine frôler son menton pour la pousser à le regarder dans les yeux. Un regard myosotis si envoûtant... Et tellement dépourvu de haine ! Ce regard si humain, comment ne l'avait-t-elle pas remarqué plus tôt ? Le bras du beau brun passé dans son dos la fit se rapprocher de lui. Seulement quelques centimètres les séparaient. D'une main douce, Lyana caressa la joue de Crochet sans jamais le quitter des yeux. Elle pouvait encore se dégager de cette si délicieuse étreinte mais elle n'en avait pas l'intention. Son cœur dominait sa raison et l'incitait à vivre l'instant présent. La jeune femme ferma les yeux lorsque leur front entrèrent en contact et, enfin, le Capitaine Crochet l'embrassa. Aussi léger qu'une caresse, ce premier baiser n'empêcha pas le corps de la jeune femme de frissonner entièrement de bonheur. Elle avait la sensation qu'elle attendait cet instant depuis des jours et, en même temps, elle était encore surprise de ce manque qu'elle avait ressenti lorsqu'ils s'étaient séparés devant le piano, surprise de ce besoin soudain de se rapprocher du Capitaine. Lyana posa sa main libre sur l'épaule de celui-ci et se rapproche un peu plus de lui, de telle sorte à ce qu'ils soient quasiment collés l'un à l'autre. C'était si merveilleux comme instant ! Son mari lui était totalement sortie de l'esprit ; elle n'avait plus en tête que l'homme qu'elle était en train d'embrasser et elle n'en éprouvait plus aucune honte.
Ils finirent par mettre fin à leur baiser mais, ne voulant pas briser cette étreinte trop vite, Lyana laissa son front contre celui de Crochet, un sourire paisible sur les lèvres. Sentant toujours le bras du beau brun qui la maintenait contre lui, la jeune femme songea que, en retirant son crochet, c'était comme s'il avait dévoilé une part de lui-même, il avait retiré cette part d'ombre pour elle. Peut-être révéler une part d'elle-même elle aussi ? La princesse recula doucement sa tête, histoire de regarder le pirate dans les yeux et murmura : « Lyana. C'est mon nom. Lyana. » Depuis le premier jour, la jeune femme avait catégoriquement refusé de dire comment elle s'appelait et, que cela soit par la manière douce ou la manière forte employées par Crochet, elle avait tenu bon. Elle avait même fini par s'habiter au surnom « Trésor » qu'il lui avait donné. Mais, à présent, elle avait envie qu'il sache vraiment qui était la personne en face de lui.
« Somehow, you are both the best and the worst thing that has happened to me. »
Sujet: Re: « Convoitise... » {feat. Hopearl} Ven 28 Juin - 23:47
Lyana + Crochet James
« Il était une fois... » ☠
Certes, il se sentait presque dénudé sans son membre d’acier fixé à son bras meurtrit et pourtant, il ne ressentait aucunement le besoin de l’enfiler. Ce qui faisait du Capitaine Crochet une véritable terreur était sans doute qu’il avait lui-même tellement de peurs qu’il refoulait, aillant un besoin de constamment se protéger grâce à son arme de prédilection. Sa crainte du crocodile, de Peter Pan et de la mort en générale se résumaient souvent à un même point commun. Il ne voulait plus souffrir, préférant torturer son entourage plutôt que de supporter le moindre préjudice à nouveau. Néanmoins, en ce bas monde, il existait certaines choses qui l’apaisaient. Il y avait l’or. Il y avait l’alcool et apparemment, il y avait la demoiselle qu’il avait subtilisé au prince… Elle qui n’affichait aucun dégout à la vue de son infirmité, acceptant qu’une telle blessure face partie d’un individu aussi complexe qu’était James. Devait-il se méfier de l’importance que prenait son Trésor pour lui ? En un sens, il se sentait faiblir.
Son corps devenait à la fois léger comme une plume et agité par un délicat sentiment de bonheur. Il était ce navire qui avait survécu à la tempête et qui goutait à la clémence d’un climat radieux. La pluie avait fait moisir les planches de ce bateau imaginaire qu’était sa conscience, le rendant fragile comparé au capitaine qu’il devait être, mais ce rideau d’eau l‘avait aussi lavé de ses impuretés. Le monde de piraterie qu’il s’était créé, les barrières qui protégeaient son cœur minuscule ainsi que sa méchanceté partirent en fumée. Même sa vengeance s’éloignait pour laisser sa raison en paix l’espace d’un instant. Un bref et éphémère moment où les lèvres de la princesse se posaient sur celles du pirate. Tout le reste semblait dénudé de sens et d’intérêt. Rien n’était plus beau et plus parfait que ce vrai baiser d’amour… Un rêve. Ce devait être un lointain rêve dans lequel Crochet se perdait. Il n’avait jamais voulu que cette étreinte ne dépasse les limites qu’il s’imposait. Pas qu’il n’est jamais envisagé un scénario où la demoiselle serait sienne, mais il y a plusieurs semaines sinon des mois, s’il l’avait embrassé ce serait sans doute pour lui voler quelques mots. Mais le temps de la torture et des violences physiques était révolu, c’était maintenant sa tête et son cœur qui se livraient une farouche bataille. Néanmoins, le mercenaire ne pouvait ignorer la caresse sur sa joue, les regards brillants et le souffle chaud de la princesse sur son visage. Un murmure s’échappa des lèvres roses de sa compagne et James lui fit écho.
« Lyana… » Il examinait les traits de la jeune femme, y découvrant une tendresse qu’il n’avait jamais vu. Dans un souffle, assimilant cette nouvelle information, il se répéta alors que son visage s’illuminait. « Lyana. »
Au début, ce simple prénom n’était qu’une autre astuce pour que sa prisonnière se sente interpellée alors qu’il la malmenait pour de malheureux bijoux. Aujourd’hui, cela lui faisait quelque chose de pouvoir mettre des syllabes sur ce manque étrange qu’il ressentait auparavant. Malgré toutes ces merveilleuses émotions, le pirate n’osait chercher ce que ce baiser aurait comme impact sur sa vie. Une chose en son temps, car le vil pirate avait tendance à voir le mauvais côté des situations plus vite qu’il n’en appréciait les bons. Cela dit, cet être qui souriait à la belle était un homme avec ses défauts et ses qualités. Un homme que, possiblement, on pouvait apprendre à aimer. Son esprit ne s’emballait pas à l’acquisition de ce prénom et il ne tentait pas de manipuler sa captive à son avantage… De toute façon, que voulait-il de plus ? Sur le moment, sa soif de richesse était plus que comblée, elle était inexistante.
« Et moi je suis James. Capitaine James Crochet, mais James suffira. Sauf peut-être devant l’équipage… Quoiqu’il soit préférable que tu ne dises rien du tout devant les autres. Je ne t’apprends rien. »
Ce n’était même pas un ordre, une simple réflexion faite à haute voix. Ce premier baiser laissait une douce euphorie dans les pensées du pirate, mais alors que sa main valide caressa le bras de sa prisonnière dans sa longueur, il s’arrêta à son poignet. Le capitaine semblait percevoir à quel point cette situation était inhabituelle. Ses yeux d’un bleu électrique se voilèrent d’une certaine tristesse et peut-être même de remords alors qu’il prenait la main blessée de son Trésor dans la sienne. Le silence s’installa alors qu’un mot lui brûla la gorge et lui écorcha la langue.
« Pardon. » Rapide, mais sincère, le pirate s’excusait sans nécessairement penser que ce serait suffisant face aux tourments qu’il avait fait endurer à la jeune femme. James porta la fragile blessure à ses lèvres, embrassant avec une infime délicatesse les doigts de son Trésor qui se rétablissaient doucement. Une autre façon de montrer qu’il était désolé. « J’ai été horrible… C’est ce que je fais d’habitude. C’est ce que je suis et pourtant… Tu es là. Je n’ai jamais rencontré quelqu’un comme toi auparavant. » Il était doué pour les grands discours de pirate, mais pas ceux du cœur. Il avait l’impression qu’aucun mot ne suffirait jamais pour montrer qu’il regrettait son geste. Au fond, la compensation de la montagne de joyaux lui semblait bien fade comparée à ce délicieux moment avec sa belle prisonnière. Il soupira, cherchant ses mots, cherchant la petite voix dans sa tête qui lui disait normalement de fuir en cas de danger. Crochet pourrait lui jurer de ne plus jamais lui faire du mal, mais une telle chose était dure à concevoir. Ses promesses étaient plus que traitresses. Il était sans doute mieux que James se taise tout simplement, car malgré son affection, une chose restait très claire dans son esprit.
« Soudainement, tu sembles bien plus précieuse que tu ne l’as jamais été mon Trésor. »
Il voulait la garder que pour lui. Cependant, une possibilité s’incrustait comme un poison dans son cerveau. La princesse le connaissait bien maintenant, elle pouvait tenter de l’amadouer pour les clés de sa liberté. S’il lui donnait sa chance, sans doute partirait-elle, mais lui ne pouvait pas envisager de la voir s’enfuir, pas maintenant qu’il l’a tenait pour de bon entre ses bras. Il ne voulait pas entendre qu’elle appartenait à un autre… Tout sauf entendre qu’il était une fois un autre homme dans sa vie ! Non… Et pourtant, la prudence voulait qu’il ne se surprenne pas si elle venait à lui trancher la gorge dans son sommeil. D’une certaine façon, le capitaine le méritait bien. Tant pis, il en profiterait pour le temps que cela durerait !
Quel curieux sentiment que de se retrouver dans les bras de celui qu'elle avait tant de fois considéré comme un bourreau. Tout compte fait, le mot ''bourreau'' n'avait plus de raison d'être depuis des semaines ; le Capitaine n'avait pas porté la main sur la princesse depuis bien longtemps. Tout au plus Lyana avait eu droit à quelques menaces verbales mais elle n'avait plus eu à subir le crochet de métal sur sa gorge ou les gifles qui fendaient la peau fragile de ses joues. Est-ce que le moment où la violence entre les deux êtres avait cessé coïncidait avec la naissance de ces sentiments qui étaient devenus de plus en plus forts avec le temps ? Non, les sensations curieuses étaient arrivés plus tard. La jeune femme n'aurait sut dire à partir de quel moment elle avait cessé de voir Crochet comme un simple pirate sanguinaire pour commencer à le considérer comme un homme. Finalement, elle n'avait rien vu venir. La réalité ne lui était tombée dessus que lorsque le Capitaine avait approché son visage du sien, devant le piano. Comment avait-elle pu être aveugle à ce point ? Comment être passée à côté du fait que son kidnappeur avait non seulement pris une place importante dans sa vie, mais aussi dans son cœur ? A présent que le bras de Crochet enserrait sa taille et qu'ils étaient si proches, Lyana comprit que cela relevait de l'évidence, mais qu'elle avait été trop aveugle pour s'en rendre compte.
Dans un murmure, la princesse révéla son nom au Capitaine cependant que quelques perles glissaient sur ses lèvres avant d'aller ricocher sur le plancher. Cela faisait si longtemps que personne n'avait dit son prénom que le prononcer lui semblait étrange, comme si sa bouche n'était plus habituée à ces simples syllabes, pourtant révélatrices de son identité. Mais le plus curieux, ce fut d'entendre son nom prononcé par Crochet. Lyana était si accoutumée au surnom de ''Trésor'' que de se faire appeler d'une autre manière par le pirate la surprenait. Son nom, dans la bouche du beau brun, avait une toute autre sonorité, si délicieuse à l'écoute. En observant ses yeux myosotis, la princesse y découvrit comme une étincelle qui s'y alluma à la mention de son prénom. La jeune femme lui adressa un sourire ravie tandis qu'elle se délectait de ces syllabes répétées. La boucle était bouclée ; le Capitaine obtenait enfin le nom de la demoiselle mais dans un autre tout autre contexte que celui de la cale où les menaces et la torture étaient maîtresses. Ce n'est que lorsqu'il se présenta à son tour que Lyana réalisa qu'elle ne connaissait pas le prénom du pirate. Pour elle, cela avait toujours été le ''Capitaine Crochet''et elle n'avait pas cherché à en savoir davantage, d'autant plus qu'elle n'avait jamais eu besoin de l'interpeller ; ne parlant qu'en la seule présence du pirate, elle n'avait qu'à commencer une phrase pour qu'il comprenne qu'elle s'adresse à lui, sans nul besoin de prononcer un nom.
« James... » Murmura-t-elle, en écho aux paroles du pirate. Une légère grimace tordit sa bouche à la mention de l'équipage. « Certes... Alors je ne t'appellerai ainsi que lorsque nous serons seuls. » Des diamants suivirent les perles sur le sol mais Lyana ne leur accorda pas un regard, ne pouvant défaire le sien de celui de James.
Un frisson la parcourut tandis que la main du Capitaine se promenait sur son bras mais, alors qu'il s'arrêtait au niveau de son poignet, un voile apparut dans son regard. C'était la première fois qu'elle le voyait ainsi. La jeune femme fronça légèrement les sourcils, soudain soucieuse et baissa les yeux. Elle regarda un instant sa main blessée que tenait le pirate. Elle jeta un coup d’œil à James avant de se reporter sur sa main ; était-ce cela qui le rendait triste ? Elle-même n'y pensait plus. Depuis le temps, Lyana ne ressentait quasiment aucune douleur et elle avait fini par se résoudre au fait que es doigts resteraient quelque peu tordus et raides, faute de vrais soins durant sa guérison.
La princesse dressa subitement la tête lorsque le pirate s'excusa dans un murmure. Elle avait peine à en croire ses oreilles. Lyana resta muette tandis que Crochet portait sa main blessée à ses lèvres. Elle fut autant touchée par ce geste si doux que par son mot d'excuse, car elle se doutait qu'il avait dû difficilement franchir ses lèvres, peu habitué à demander pardon à qui que ce soit. Les mots qu'il prononça firent sourire la demoiselle ; elle n'avait jamais vu le pirate douter de ses paroles, chacun de ses mots étant assurés, reflets de sa personnalité de Capitaine. Or, pour prononcer de simples excuses, il faisait preuve d'une maladresse touchante. Encore une facette de l'homme dont elle n'aurait jamais soupçonné l'existence. Se hissant sur la pointe des pieds, Lyana effleura tendrement les lèvres du pirate pour qu'il n'ai plus à s'embarrasser avec ces excuses. « Ce n'est rien. Ce n'est pas entièrement ta faute : je n'étais pas très conciliante moi non plus ! » Elle eut un sourire en coin avant d'ajouter doucement : « C'est du passé tout cela. N'y pense plus. » Des roses s'échappèrent de ses lèvres. La jeune femme ne souhaitait plus penser aux tourments des débuts de sa captivité et elle en espérait que James en ferait de même, même s'il avait visiblement des remords de lui avoir brisé la main.
Leur relation avait évolué de façon si inattendu, Lyana en prenait pleinement conscience. Désormais, elle n'avait plus seulement de valeur aux yeux du pirate à cause de son don; maintenant, c'était elle qui comptait pour lui. Finalement, elle avait découvert un cœur chez cet homme alors qu'elle était persuadée qu'il en était dépourvu. Peut-être que, si elle avait vraiment été désespérée d'être prisonnière du pirate, elle aurait tenté de l'amadouer ou d'attirer sa sympathie dans le seul but d'endormir sa vigilance et en profiter pour filer dès que l'occasion se présenterait. Mais, au fond d'elle-même, la princesse aurait été bien incapable d'avoir recours à de tels stratagèmes, ce n'était pas dans sa nature d'agir de la sorte. Or, maintenant, elle était près de James parce qu'elle en avait réellement envie et non pas dans le but de manipuler. Alors qu'elle détaillait avec tendresse le visage du pirate, la possibilité de fuir ce bateau ne lui traversa même pas l'esprit. Elle ne désirait se trouver nul part ailleurs.
« Et à présent, que va-t-il se passer pour nous deux ? » Lyana leva des yeux sérieux vers James. « Tu vas continuer à me cacher ici ? » Il n'y avait aucune arrière-pensée dans ses paroles; la princesse ne sous-entendait pas qu'elle désirait plus de liberté, mais elle était curieuse de savoir comment cette relation allait évoluer.
« Somehow, you are both the best and the worst thing that has happened to me. »
Convoitise. Un mot qui expliquait terriblement bien ce qui se déroulait dans le cœur de Crochet. Il avait chéri un plan il y a plusieurs mois déjà. Celui de dérober une belle princesse de sa tour dorée, non pas pour la sauver, mais pour l’exploiter. Ensuite, il avait désiré une montagne de pierres précieuses au risque de se piquer sur les épines des roses capricieuses. Maintenant, il ne rêvait que de la jeune femme près de lui. Le même sentiment de convoitise qui s’était mué tout doucement en quelque chose de moins violent, d’extrêmement doux même, comme le miel après le vinaigre. Les questions sans réponse s’enchaînaient dans la tête du capitaine. L’amour avait-il un prix ? Y avait-il un coût réel aux palpitations rapides de son cœur ou à cette étincelle dans les yeux de sa belle ? Le moment magique n’avait pas pris fin, mais déjà, l’esprit calculateur du pirate cherchait son chemin à travers l’ambiance toute féerique du moment. Un instant d’égarement où il n’avait pas parfaitement le contrôle de la situation à en juger par ses émotions qui l’assaillaient. Néanmoins, Crochet savait que ce baiser s’était fait d’un accord mutuel. L’habitude voulait que cet homme à la poigne de fer ne savait faire qu’une chose. Posséder. Il désirait et il prenait ce qui lui plaisait, le subtilisant aux yeux de tous pour se l’approprier jusqu’à ce qu’il s’en lasse. Et pourtant, il n’avait pas besoin de se battre ou d’exiger quoique ce soit pour goûter au paradis. Il était là entre ses bras et il ne voulait définitivement pas le laisser partir. Voilà ce que ses derniers mots voulaient vraiment dire.
Lyana… Crochet n’en revenait toujours pas au fond, cherchant désespérément à mettre le doigt sur le début de ce changement d’attitude entre eux. C'était inutile, car il n’avait jamais envisagé ce scénario, le jugeant sans doute complètement impossible. Était-il prêt à accepter d’avoir eu tort ? Déjà, il devait attendre que la surprise passe. En attendant, les présentations étaient faites et les excuses avaient été avouées. La demoiselle accepta d’être prudente au sujet de leur… disons… liaison ? Les mots exacts lui échappaient encore. Le capitaine avait sans doute un peu de mal à accepter le fait d’être une victime de plus des flèches de cupidon. Pourtant, lorsqu’elle effleura ses lèvres à nouveau de manière aérienne, il accepta immédiatement de tourner la page sur leurs souvenirs communs, mais peu reluisants.
« Oui, c’est du passé…» répéta-t-il avec un sourire un peu niais en comparaison à celui plus cruel qu’il abordait normalement. « Il va falloir rester discret. » conclu-a-t-il.
Sur le sol jonchait des roses plus rouge encore que le manteau favoris du pirate. James relâcha alors la main et la taille de son Trésor pour en saisir une. Il la tourna délicatement dans ses doigts sous la lumière naturelle qui entrait dans la cabine. La prison qui lui servait de chambre et de bureau avait l’air moins sombre maintenant qu’elle était transformée en décor d’une romance naissante. Puis, avec son ongle, il tentait de retirer les épines de la rose et il installa doucement la plante derrière l’oreille de la demoiselle, prenant garde à ne pas emmêler le végétal dans sa belle chevelure brune. La princesse parla alors de la suite des choses et sur le moment, le capitaine ne sut quoi lui répondre. C’était légitime de poser pareille question, mais alors que la peur de perdre son Trésor n’était qu’une amère pensée, elle venait de prendre le premier plan dans ses idées.
« Je… » Il soupira. Effectivement, la traiter en prisonnière n’était sans doute pas la solution. En tout cas, pas maintenant qu’il avait dépassé le stade du bourreau et de la captive. Il savait que ce montrer égoïste en cet instant pouvait signifier que leurs premiers baisers seraient peut-être également leurs derniers. Pourtant, la craindre d’une fuite le hantait. « J’imagine que ce serait injuste de te garder enfermé ici vu le revirement de situation. Ne m’en veut pas, mais je persiste à croire que c’est plutôt dangereux de te balader toute seule sur le navire. Enfin, si je te le laisse sortir d’ici, il voudrait mieux que je ne sois jamais bien loin… » Il pensait aux hommes d’équipage et au crocodile dans l’eau. Il songeait aux barques prêtes à prendre la mer si la princesse voulait le quitter. Il se demandait si Mouche pouvait encore trahir sa confiance et redonner la liberté à sa si précieuse captive. Ses convictions s’entrechoquaient. Le mélange de crainte et d'amour se transformait en doute si ce n’était en jalousie, car une image s’imposait dans son esprit. James tenta d’effacer cette suggestion de son subconscient en plongea son regard dans celui de Lyana, l’océan agité et le ciel radieux.
« Promet-moi que tu ne t’enfuiras pas. »
Plus aucune trace de malaise pour prononcer ces quelques mots. Ce n’était pas menaçant, plus une demande qu’un ordre, mais on sentait bien qu’un refus serait mal venu. Crochet s’éloignait alors, conscient que s’il ne lui montrait pas ce dernier petit secret, cette idée reviendrait sans cesse dans son esprit. Le pirate marcha d’un pas lent et contourna presque péniblement son bureau, il n’avait pas envie de tout foutre en l’air, mais en même temps, il avait un dernier test à faire passer à sa belle. Une dernière touche de cruauté qu’il se permettait pour éviter qu’il ne se torture encore plus. Néanmoins, c’était au risque de se faire briser le cœur en retour. Plongeant sa main dans la poche arrière de son pantalon, le capitaine en sortit une minuscule clé en argent et alla ouvrir un tiroir bien plus petit que les autres. Du bout des doigts, il écarta de vieilles lettres de Barnabas ainsi que le premier crochet acéré que son vieil ami lui avait offert. Bref, ce tiroir contenait les choses qui avaient une certaine importance à ses yeux ainsi que les plus délicats de ses trophées. Il sentit alors le contact froid de l’objet désiré et regarda l’anneau de mariage qu’il avait subtilisé à la princesse dès son premier jour à bord. Il préféra ne pas trop penser à la signification du petit cercle brillant et, comme si l’objet le brûlait, il le lança vers Lyana pour qu’elle l’attrape au lieu de le déposer simplement dans sa paume. Au fond, il n’avait qu’une envie, c’était qu’elle balance le bijou par la fenêtre, mais il ne fit rien, attendant la moindre des réactions qu’il pouvait obtenir de son Trésor une fois confrontée à cette personnification un peu floue de son mari d’autrefois.
Comme elle l'espérait, l'inquiétude déserta le visage du pirate lorsque Lyana lui assura que sa main cassée ainsi que tous les maux de sa captivité étaient du passé. Elle eut un sourire rayonnant devant celui, inhabituellement naïf de James ; elle n'aurait jamais cru qu'elle le trouverait un jour si attendrissent grâce à ses mots et ses expressions maladroites, comme s'il n'avait jamais fait preuve de douceur auparavant. Tel un jeune enfant, il découvrait. Lorsqu'elle y pensait, la princesse avait du mal à imaginer le pirate avec un autre masque que celui de la cruauté. Elle ne parvenait même pas à se l'imaginer étant enfant tant il était ancré dans cette image de la piraterie. S'était-il toujours montré aussi impitoyable que lorsqu'il l'avait enfermé dans cette cale sombre ? Jusqu'à très récemment, Lyana en avait été convaincue mais peu à peu, elle avait découvert un autre homme courtois et parfois tendre qui, elle en était persuadée, avait toujours été en lui, étouffé par de nombreuses années de piraterie. A présent, dans ses bras, cet homme-là semblait avoir repris le dessus. Et si elle avait parfois douté que James ait un cœur, leur baiser échangé et la douceur de son étreinte lui prouvaient qu'il pouvait des sentiments; et en particulier le plus humain de tous les sentiments. Pour elle. Et cette pensée faisait palpiter encore plus vite le cœur de la jeune femme.
Aux quelques paroles qu'elle avait prononcé, des roses rouges comme le sang avaient jaillis de la bouche de Lyana et s'amoncelaient à leurs pieds. James mit fin à leur étreinte le temps de se pencher pour ramasser un de ces rubis végétal. La princesse observa ses gestes cependant qu'il ôtait les épines de la rose avant de la placer derrière son oreille avec douceur. Comme dans un flash, elle se souvint d'une scène similaire des semaines auparavant dans la cale du navire. Alors, la fleur que le pirate avait placé dans ses cheveux était le symbole d'une rupture chez Lyana; cette rose avait franchie ses lèvres à cause du premier mot qu'elle avait prononcé depuis son enlèvement. Pour Crochet, cela avait été un début, mais pour la princesse, cela avait été comme une fin : elle avait fini par céder aux menaces de son bourreau. Et, lorsque le pirate avait placé cette rose traîtresse derrière son oreille, Lyana s'était révoltée contre cette provocation. Aujourd'hui, ce geste avait une toute autre signification. La jeune femme porta sa main à celle de James puis la serra dans la sienne en lui souriant tendrement.
Lyana se risqua à questionner le pirate sur la suite des événements. Elle perçut aussitôt son hésitation et se mordilla la lèvre, craignant de voir une tempête éclater. Elle ne lâcha pas sa main pour autant, désirant obtenir une réponse qu'elle pensait plus que légitime. La princesse observa James dont les iris bleus foncés laissaient voir son esprit agité. La réponse qu'elle attendait ne tarda pas à venir et Lyana poussa un soupir. Elle s'attendait à une réponse de ce type, se doutant que les choses pourraient difficilement être différentes, mais elle en était quand même un peu déçue. « Je le comprends bien mais... » Elle s'arrêta un instant et jeta un coup d’œil par l'une des fenêtres de la cabine avant de poursuivre. « Toi plus que quiconque tu peux comprendre combien la liberté peut me manquer ! ... Je ne te demande pas de me laisser aller où bon me semble sur ton navire !» S'empressa-t-elle d'ajouter avant qu'il n'interprète mal ses paroles. « C'est juste qu'il est difficile de rester enfermée ici à longueur de journée. Pourrais-tu simplement m'autoriser à monter de temps en temps sur le pont avec toi ? Je ne demande rien d'autre ! »
Lyana crut que c'était seulement l'équipage de James qui le tourmentait mais, lorsqu'il plongea son regard dans le sien pour obtenir une promesse de sa part, la jeune femme comprit que sa crainte était plus important que cela. Bien sûr, il repensait encore à la tentative d'évasion ratée de la princesse, des semaines auparavant... Lorsqu'elle avait dû partager de force la cabine du capitaine, Lyana avait plusieurs fois songé à d'autres possibilités de s'enfuir mais elle ne pouvait plus sortir de la cabine et, de toute manière, ce redoutable crocodile était toujours là. Puis, avec le temps, la princesse n'avait plus pensé à s'échapper; elle avait fini par s'y résoudre. Ou peut-être était-ce qu'elle ne voulait plus partir ? La réponse lui parut évidente tandis qu'elle scrutait le regard myosotis de James. « D'accord... » Murmura-t-elle.
Lyana lâcha la main du pirate lorsqu'il se dirigea vers son bureau, se demandant ce qu'il allait faire. Elle l'observa ouvrir un petit tiroir et y plonger pour en ressortir... La princesse porta machinalement sa main à son annulaire gauche lorsqu'elle vit son alliance. Le Capitaine la lui avait ôté dès son arrivée sur le navire et Lyana fut surprise de la découvrir dans son tiroir. Elle saisit l'anneau à deux mains quand James le lui envoya. Elle baissa un moment les yeux sur le symbole de son union avant de porter son regard sur James. Un dernier test. Cruel mais elle le savait indispensable pour le pirate. Inspirant bruyamment, Lyana tint l'anneau entre ses doigts, l'esprit à présent tourmenté. En se laisser embrasser par le beau brun, elle n'avait plus ressenti aucune honte mais, de la même façon qu'il lui avait lancé l'objet, c'était son passé et sa vie de femme mariée qui lui sautaient à la gorge. Douloureusement. Elle avait un choix à faire et il était loin d'être simple. Lentement, elle porta la bague à hauteur de ses yeux, consciente du regard de James sur elle. Pendant plusieurs minutes, elle le considéra. En cet anneau, elle revoyait son mari, chaque jour passé avec lui, le bonheur, la simplicité. Au-delà de l'alliance, c'était James qui se dessinait devant elle : un passé emplis de maux, un avenir incertain et sans doute semé d'obstacles mais aussi des sentiments forts comme elle n'en avait jamais ressentie auparavant, pas même avec son mari... En fait, il n'y avait rien de compliqué dans son choix. Que voulait-elle vraiment au final ?
Le poing serré autour de l'anneau, la princesse détruisit la distance qui la séparait de James. Elle s'arrêta devant lui et leva la tête pour plonger son regard dans le sien. « Je te le jure ! » Lyana remit la bague au fond du tiroir. Après un dernier regard sur l'objet, elle referma le tiroir sans remords. Presque timidement, elle alla se blottir contre le beau brun. « Je veux rester avec toi James... » Dit-elle dans un murmure. Cette preuve de sincérité que lui avait demandé James était assez cruelle mais, curieusement, Lyana ne lui en tenait pas rigueur : cela lui avait à elle aussi permis de mettre ses idées au clair.
L'atmosphère était devenue quelque peu lourde suite à l'intervention de l'anneau. Aussi, d'une voix qu'elle voulait légère, la princesse demanda d'une voix douce et pleine d'espoir : « Alors... Tu m'emmènes sur le pont ? » Lyana venait de montrer sa sincérité et que ses sentiments pour le pirate étaient plus forts que pour son époux; elle espérait en retour que James en ferait autant.
« Somehow, you are both the best and the worst thing that has happened to me. »
Un vieil ennemi vint le tourmenter alors : le silence. Réaction normale à l’ultimatum que lançait le pirate à sa belle. L’anneau qu’il avait si longtemps caché et qu’il avait même oublié dans le fond de son tiroir semblait bien minable à ses yeux. Un simple et tout petit objet d’une promesse de mariage. Avait-elle été heureuse alors qu’on lui passait le bijou au doigt ? Probablement. Même qu’elle devait être magnifique ce jour-là dans sa robe blanche immaculée. Pétales de fleur et pierreries ne devaient pas juste s’écouler de ses lèvres roses, mais devaient être partout alors qu’on mariait une femme du peuple à un prince. Une image mentale qu’il se dépêchait de déchirer en mille morceaux. Il voulait être plus fort que les souvenirs heureux de sa belle, être son premier choix et non désigné par dépit de ne pas revoir son amant d’autrefois. Bien entendu, entre eux, il n’était pas encore question d'une promesse d’un amour éternel. Même s’il l’aurait voulu, l’esprit négatif du capitaine ne pouvait tout simplement pas envisager une fin aussi heureuse comme quelque chose qui arriverait naturellement. La vie n'était pas rose dans le monde de Crochet. Néanmoins, tout ce qu’il voulait à cet instant c’est d'être choisit et non de devoir s’imposer dans la vie de Lyana comme il l’avait fait ces derniers mois. Un cœur qui ne sait pas aimer bas dans tous les sens. Il se débat plutôt. Il cogne fort et devient douloureux avant même de savoir apprécier la douceur de l’amour. Le capitaine vivait dans la souffrance depuis si longtemps qu'il n'était pas étrange d’avoir mal alors qu’il craignait soit un refus, soit un bluff.
Bien entendu, il ne pouvait que s’attendre à une réponse funeste. Qui était-il pour prétendre être meilleur que son mari ? Il lui avait offert un titre royal et lui une prison. Il détaillait la jeune femme de l’autre côté de son bureau, une barrière physique qui lui permettait de réfléchir loin de son charme qui l’envoûtait. Une fleur rouge dans ses beaux cheveux et un air confus sur le visage, elle regardait le bijou. James réalisa alors que si la liberté était sa muse et l’aventure sa maîtresse comme l’exigeait la vie de pirate, elles manquaient cruellement à son trésor. Et sur ce point, il ne pouvait que la comprendre. Un oiseau si rare méritait de voler. Pour l’heure, elle devait lui promettre qu’il n’avait pas à s’inquiéter de la perdre. Elle devait le rassurer avant qu’il ne lui donne sa confiance et, peut-être bien, son cœur.
Soudain, la jeune femme avança vers le capitaine et lui fit face. Allait-elle le gifler ? Il l’aurait bien mérité. La réaction fut tout autre alors que la demoiselle déposa l’anneau de malheur dans le tiroir et le referma doucement, tirant un trait sur le passé. Elle lui fit une promesse et il eut un long soupir de soulagement. Crochet laissa la princesse se blottir contre lui et il enfouit son visage dans sa chevelure. Il referma ses bras sur sa délicate silhouette. Elle voulait rester avec lui, malgré absolument tout ce qui s’était passé. C’était incompréhensible, mais qu’importe, c’était ce qu’il désirait par-dessus tout. Inutile de chercher dans les souvenirs, tout allait changer désormais.
« Alors me voilà l’homme le plus heureux des mondes... » murmura-t-il en retour.
Quelque chose lui disait qu’il pourrait apprendre de la jeune femme. Pas qu’il avait soudainement envie d’être gentil, mais il se savait dépossédé de certaines qualités. Elle lui avait enseigné la patience par son obstination et, à cet instant, il aurait droit à une belle leçon de partage. Recevoir, mais aussi donner. Lorsque la princesse demanda à sortir de la cabine, il ne vit aucune raison de refuser. Il jeta un coup d’œil à son crochet de métal dans son écrin. Il lui faudrait bien s’en vêtir avant de quitter la pièce. Dehors, tout ce qui c’était passé ici devait rester secret. Qu'on sache que le capitaine avait un point faible serait catastrophique. Donc, James choisit de profiter de leur intimité encore un peu. Il redressa la tête et caressa la joue de son trésor, regrettant presque de ne pas avoir deux mains pour profiter de cette sensation douce comme de la soie. Il déposa un baiser sur son front, sur son nez pour ensuite emprisonner ses lèvres à nouveau avec lenteur. L’effet fut immédiat. Il lui semblait à la fois être électrifié et extrêmement détendu, comme une ivresse sans le gout amer de la boisson, comme s’il y avait une tempête sous un soleil radieux dans son esprit. Il n’osait briser le lien qui les unissait, mais dû se résoudre à séparer ses lèvres de celles de la jeune femme.
« Après ça, je pourrais t’emmener où tu veux mon Trésor, mais oui, commençons par le pont. »
Sa main valide glissa de la joue de sa princesse à son épaule jusqu’à son poignet alors que le pirate se détachait de son emprise. Crochet alla donc se saisir de son membre de métal et réinstalla l’arme infernale au bout de son bras. Il regardait le crochet sans comprendre vraiment ce qu’il représentait. Comme il était laid ce grand C pointu. Comme il était lourd de porter cette chose comparée aux exquises impressions de ces quelques instants… Peu importe, il devrait faire avec. Le pirate se rapprocha de la patère et se saisit de son manteau rouge ainsi que de son chapeau à plume. Ensuite, il tendit un châle à la demoiselle. Bien que le soleil soit maintenant haut dans le ciel, l’air marin était traître. James tendit sa main à Lyana, histoire de pouvoir entrelacer ses doigts avec les siens une dernière fois avant d'arriver sur le pont.
Sujet: Re: « Convoitise... » {feat. Hopearl} Sam 16 Nov - 0:18
Convoitise...
James ♦ Lyana
En reposant son anneau de mariage au fond du tiroir, Lyana avait pris une décision sur laquelle elle ne pouvait pas revenir. Elle tirait définitivement un trait sur sa vie passée mais - surtout - sur son mari qui, à moins qu'il ait perdu tout espoir de la retrouver, était peut-être en train de remuer tous les mondes pour ramener sa princesse au château. Si Lyana choisissait James, ce n'était pas parce qu'elle avait la quasi certitude de ne jamais revoir son mari, loin de là. La jeune femme elle-même n'aurait su expliquer ce qui la poussait à choisir le pirate qui l'avait séquestré et torturé pendant de longues journées; cela allait complètement à l'encontre du bon sens ! On dit que, parfois, l'amour frappe au moment où l'on s'y attend le moins, avec la personne pour laquelle on ne penserait jamais ressentir des sentiments aussi forts. Ce qui était en train de se passer entre Lyana et le pirate en était la preuve vivante. Les battements du cœur de la princesse ne lui mentaient pas. Si elle était toujours un peu confuse d'éprouver ces sentiments pour James, son cœur, lui, savait, et il n'y avait pas plus d'explications à fournir. Sans un dernier regard pour l'anneau et sans le moindre regret, la jeune femme referma la tiroir, tirant un trait sur son passé et scellant son avenir.
Elle alla doucement se blottir contre le pirate, savourant ce tendre contact ainsi que l'étreinte qu'il lui rendit. Elle eut un petit sourire en attendant le soupir de soulagement de James quant à sa promesse de ne jamais fuir. Elle avait juré avec la plus grande sincérité, et elle souhaitait de tout son cœur qu'il ne remettrait jamais cette promesse en doute. Ainsi contre le beau brun, Lyana prit conscience que les sentiments qu'elle éprouvait - cette sérénité et ce bonheur d'être dans les bras de James - n'étaient en rien comparables à ceux qu'elle avait pu avoir pour son mari. C'était triste à dire somme toute, mais son cœur n'avait cogné aussi fort dans sa poitrine lorsqu'elle était dans les bras de son prince.
Un sourire tendre éclaira les lèvres de la jeune femme lorsque le pirate murmura quelques mots. Cette douceur dans les paroles du Capitaine Crochet était vraiment curieux à entendre, Lyana ne lui aurait jamais soupçonné une telle tendresse. Néanmoins, elle savait qu'elle s'y habituerait rapidement et, avec un peu de chance, sa présence adoucirait le caractère du pirate. La jeune femme avait parfaitement conscience qu'elle était dans les bras d'un brigand des mers et que le caractère brutal qu'il avait développé au fil des temps ne le quitterait jamais complètement. Mais, si Lyana réussissait à apaiser son cœur et faire en sorte qu'il fasse preuve d'un peu plus de pitié, cela serait déjà un grand pas en avant. Quand bien même, c'était l'homme à la fois gentleman et pirate qu'elle avait appris à aimer, avec ses qualités et ses défauts - aussi importants qu'ils soient - et elle ne voulait pas le transformer, pas à ce point.
Se décidant à lui demander une faveur, la princesse recula quelque peu sa tête pour regarder James et lui demanda s'ils pouvaient monter sur le pont. Elle avait soif d'air pur, elle avait besoin de voir les oiseaux s'envoler de l'île, d'observer le scintillement de l'océan soumises aux rayons du soleil, et de contempler cet astre jusqu'à en avoir les larmes aux yeux. La jeune femme étouffait dans la cabine du Capitaine, elle avait besoin de voir l'extérieur, de la vie, même si cela incluait côtoyer une bande de pirates malfaisants. Lyana ne doutait pas que James, plus que quiconque, comprendrait son besoin d'avoir un peu de liberté. Lorsqu'elle décela son accord dans les yeux du pirate, la jeune femme le remercia d'un immense sourire. Elle suivit le regard du beau brun jusqu'au crochet de métal. Une fois dehors, adieu leur tendresse, tout ne serait que mascarade face à l'équipage; Lyana le savait et le comprenait. Mais pour l'heure, James voulait, tout comme elle, qu'ils profitent encore un peu l'un de l'autre. La caresse sur sa joue déclencha un frisson qui parcourut la jeune femme. Elle ferma les yeux tandis qu'il l'embrassait sur le front et sur le nez, chaque baiser la faisant frémir, jusqu'à ce que le pirate prenne une nouvelle fois possession de ses lèvres. Électrifiée par ce contact, la jeune femme fit doucement remonter ses mains le long du torse de James jusqu'à passer ses bras autour de son cou pour l'attirer un peu plus contre elle.
Leurs lèvres finirent par se séparer. La jeune femme mit quelques secondes à atterrir se sentant comme planer dès que le pirate l'embrassait. Elle recula de quelques centimètres et un sourire en coin étira ses lèvres à l'appellation "Trésor". Ce surnom qu'elle trouvait horripilant les jours de tortures l'amusait à présent et elle savait que, dans la bouche de James, il n'avait plus le même sens qu'auparavant. « Merci ! » Répondit-elle en le gratifiant d'un sourire radieux tandis qu'une rose franchissait ses lèvres. L'emmener où elle voulait. Il avait dû voir tellement de lieux dans sa vie de pirate, elle se demandait si elle aurait l'occasion d'en voir quelques-uns.
James se sépara lentement d'elle jusqu'à briser leur lien. La princesse replia ses doigts à quelques reprises, ressentant soudain un manque. Ne plus sentir le contact de la peau du beau brun devenait à présent étrange. Cependant qu'il remettait le crochet de métal en place, Lyana passa le rideau qui séparait la chambre du reste de la cabine pour enfiler ses bottes. Elles étaient si grandes pour elle que ses pieds et le pantalon d'homme qu'elle portait y rentraient aisément. Revenant dans la cabine, la jeune femme observa sans un mot James qui contemplait cette arme qui remplaçait désormais sa main. Ce crochet ainsi que son long manteau et le chapeau à plumes étaient pour elle de simples apparats, le déguisement qui dissimulait l'homme qu'elle avait appris à connaître. Lyana prit entre ses mains le châle que lui tendit le pirate, le complimentant avec amusement de cette attitude de parfait gentleman. Elle mis le lainage sur ses épaules et saisit la main que lui tendait le beau brun. Elle mêla ses doigts aux siens pendant quelques minutes. Puis, elle brisa ce lien qui leur serait interdit sur le pont. La jeune femme se hissa sur la pointe des pieds pour planter un baiser sur sa joue avant de rejoindre la porte de la cabine.
« Allez Capitaine ! Tout le monde sur le pont ! » Lança-t-elle en lui faisant un clin d’œil. Le ricoché des perles sorties de sa bouche sur le sol ponctuèrent ses paroles que, sans le savoir, elle prononcerait dans une vie future.
Lyana poussa la porte de la cabine. Aussitôt, les chauds rayons du soleil la frappèrent et elle se protégea vivement les yeux d'une main. Cela faisait un bon moment qu'elle n'avait pas quitté la cabine et les retrouvailles avec le soleil étaient à la fois violentes et agréables. Elle fit quelques pas sur le pont, suivit de James, redevenu Capitaine Crochet. Sur le navire, les pirates tournèrent la tête dans leur direction, sans doute surpris de voir la princesse là. De son côté, cette dernière avait bien pris soin de balayer toute trace de sourire de son visage. Néanmoins, son visage se détendit tandis qu'elle aspirait une profonde goulée d'air pur. C'était tellement agréable comme sensation ! Elle ne se tourna pas vers James, pas tout de suite en tout cas avec tous ces regards braqués sur eux. La jeune femme fit donc quelques pas vers la balustrade du navire et s'y appuya, les mains posées à plats sur le bois. Devant elle, le Pays Imaginaire offrait une vue magnifique, semblait pleine de vie. Avec bonheur, la princesse offrit son visage au soleil, se sentant revivre grâce à cette douce chaleur. Maintenant qu'elle en sentait les rayons et que la brise caressait son visage, Lyana se rendait compte à quel point elle avait souffert de cet enfermement. Elle entendit James venir près d'elle. Lyana lança un rapide coup d’œil derrière elle pour s'assurer qu'aucun autre pirate était à proximité. Elle tourna ensuite la tête vers le Capitaine et lui adressa un sourire avant de reporter son regard sur ce qui s'étalait devant ses yeux.
« Merci encore. Tu ne peux pas imaginer à quel point j'en avais besoin ! » Murmura-t-elle afin de n'être entendu que par James.
Côtes à côtes, sans pouvoir se toucher, la jeune femme pris conscience que le fait de ne pas pouvoir tenir la main du pirate ou simplement de lui parler comme dans sa cabine, était plus difficile qu'elle le songeait. Mais c'était un prix qu'elle était prête à payer si elle pouvait rester près de lui.
« Somehow, you are both the best and the worst thing that has happened to me. »
Leurs mains s’étaient cherchées, puis trouvées pour une dernière étreinte avant de remonter sur le pont. Comme un acteur qui se préparait à retourner sur scène, Crochet avait revêtu son costume de velours rouge et son grand crochet de métal froid pour accessoire. Il se sentait ridicule tout à coup, car sa position sur le navire compliquait tout. Il compliquait et gâchait toujours tout. D’ici quelques minutes, sa voix changerait de ton, remplaçant la douceur par la cruauté et son visage porterait le masque de l’homme dont le cœur avait été noyé depuis longtemps. Aujourd’hui, ce petit organe flétrit s’était remis à respirer et à ressentir la vie qui le faisait battre. Pourrait-il alors redevenir aussi glacial qu’il l’avait été auparavant ? Telle une grosse pierre dans sa poitrine, son cœur ne lui avait jamais semblé si lourd. C’était sans doute le prix à payer pour avoir été le vilain de l’histoire pendant toutes ses années. Pourtant, il avait soudainement l'espoir d’une fin heureuse...
La princesse relâcha sa main valide pour venir déposer un baiser léger comme une plume sur sa joue. Le pirate lança un dernier regard tendre à la jeune femme et à son empressement de prendre une bonne bouffée d’air frais. En temps normal, personne n’aurait jamais osé donner un ordre au capitaine, même avec humour, mais James méritait sans doute toutes les insultes du monde pour ce qu’il lui avait fait endurer. Par contre, imaginer sa surprise devant des mots d’amour ! Il l’a trouvait si belle malgré sa silhouette bien camouflée sous des vêtements d’homme. Heureuse et sans les traces de leurs anciennes séances d’interrogatoire quotidien, son trésor n’avait maintenant pas de prix à ses yeux. Elle n’était plus simplement le fruit d’un marché entre une mère haineuse et un cruel briguant des mers. Était-il à l’aise avec l’idée d’autorisé son trésor à monter sur le pont ? C’était égoïste de la cloîtrer, surtout après ce qui venait de se passer en secret dans sa cabine, mais faire disparaître la peur des pensées de Crochet étaient plus facile à dire qu’à faire.
« Après vous gente dame… »
Sa captive poussa alors la porte de la cabine et les deux jeunes gens sortir de l’ombre. Le grand chapeau rouge du capitaine lui permis de ne pas se faire aveugler par les rayons du soleil, mais toute trace d’enchantement avait disparu de son visage. Son personnage lui imposait cette image. L’apparition de l'homme en rouge sur le pont faisait toujours le même effet. Les matelots se raidissaient, méfiants ou craintifs, et ceux qui voulaient se la jouer au dur faisaient comme si rien n’était. Cependant, même si leur conversation avec leur voisin ne s’était pas tut, on remarquait les coups d’œil répétitifs qu’ils lançaient à Crochet. La présence de la prisonnière créa également de la surprise et des sifflements un peu vulgaires que James fit taire d’un seule regard aux fautifs. C’était peut-être suspect, mais il n’avait pu s’en empêcher. Après tout, tout le monde sait que celui qui convoite le trésor du capitaine était forcément un idiot, autan subir le peloton d’exécution ou le supplice de la planche tout de suite...
James marcha lentement sur le pont, examinant ses hommes, les voiles et le sol qui avait été impeccablement nettoyé à sa demande. Bref, il regardait tout sauf la princesse devant lui dont il resta à raisonnable distance. C’est à ce moment qu’il réalisa à quel point il était tendu. Le pirate ne s’était jamais soucié de l’opinion des autres, mais le danger qu’on découvre qu’il ait des sentiments pour Lyana était trop important pour être ignoré. Il plongea sa main valide dans l’une de ses poches pour en saisir un cigare. Voilà quelque chose qui saurait détendre ses nerfs ! Il fit signe à un de ses hommes de venir lui allumer, puis en pris une longue bouffée qu’il recracha doucement en un nuage opaque de fumée. Sa nervosité n’était pas visible bien entendu et personne ne semblait se douter de quoique ce soit pour l’instant. C’était stupide d’angoisser de la sorte et il rejoignit donc la jeune femme près de la balustrade. Ils étaient là tous les deux, côte à côte, sans un mot et sans un contact devant le plus beau spectacle de la création : l’océan. L’eau miroitait doucement sous les raillons du soleil et le bruit des vagues couvraient les commérages de l’équipage. C’était tranquille et relaxant. James posa alors discrètement les yeux sur le visage de Lyana alors qu’elle lui murmurait ses impressions de son semblant de liberté. Le pirate retira le cigare d’entre ses lèvres après avoir relâcher un autre filet de fumée.
« J’imagine que quelques sorties de temps en temps ne feront de mal à personne. » murmura-t-il à son tour en signe d’assentiment. Il semblait avoir de moins en moins de résistance à la laisser se promener en dehors de la cabine, comme quoi il n’était pas aveugle et voyait bien que son plus précieux joyau avait besoin de lumière pour briller. Il ne serait jamais bien loin de toute façon et même qu’avec un peu de chance, voyager en sa compagnie pourrait peut-être se révéler être une très belle aventure… À cette idée, James sourit.