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L'histoire se déroule en Octobre 2013.

« Il parait que les personnes âgées se mettent à rapetisser et se tasser
avec le temps. Je ne pensais pas que cela vous arriverait si vite. »
par Ally Brynhild dans À force, cette baraque va finir par s'effondrer

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MessageSujet: Give me a reason don't break you.   Give me a reason don't break you. Icon_minitimeSam 29 Juin - 21:33





Give me a reason don't break you.



« Le remède à l'ennui, c'est la curiosité.
La curiosité elle, est sans remède. »


Un dicton dit qu'il suffisait de jeter un coup d’œil dans la maison de quelqu'un pour tout savoir de lui. On dit aussi de cette méthode qu'elle serait bien plus révélatrice que d'essayer de décrypter les paroles ou les gestes de la personne en question. Dans ce cas, l'appartement de Daniel Lynch révélerait qu'il ne vit par et pour son travail. Voir même que son véritable domicile serait son bureau au service psychiatrique et non son appartement qui n'existerait uniquement parce qu'il devait bien rentrer quelque part pour dormir.
Non pas que les lieux étaient en désordre et d'apparence négligés... Daniel était trop méticuleux pour laisser un endroit ainsi, même un endroit où il ne passait visiblement qu'une très courte partie de ses journées. Le mot qui pouvait le mieux résumé l'appartement était : vide.

Il n'y avait que le strict minimum. Au niveau des pièces, le salon prenait le titre de "salle principale" parce qu'elle était la plus grande. Le reste des pièces était réduit au minimum d'espace. Une chambre contenant un lit et une armoire avec ces vêtements. Une salle de bain. Une cuisine bien que la plupart des placards étaient vides. Une télévision parce qu'il y passait parfois des débats intéressant mais aucune trace de DVD ni même de lecteur pour les visionner. En face, il y avait un canapé qui avait si peu servi qu'on aurait pu jurer qu'il venait de l'acheter. Quelques lampes pour avoir toujours une source de lumière à portée de main. Aucune décoration sur les murs, d'aucune sorte. Un visiteur pourrait soupçonner sans peur de se tromper que la couleur des murs était tel que le psychiatre les avait trouvé au moment où il avait emménagé là. Le seul endroit où on pouvait voir un semblant de vie était un coin du salon où il avait installé son bureau. En plus d'une pile de dossiers, il y avait aussi une bibliothèque remplie de livres de psychologie ainsi que quelques ouvrages plus récemment acheté traitant sur les rêves et leurs analyses possible. Là encore, un rapide coup d'oeil suffisait à deviner qu'il y passait les rares moments où il était chez lui.
Le seul élément qui s'apparentait le plus à un loisir chez lui était un échiquier dans les pièces étaient disposés d'une manière obscure, comme si une partie était en cours même s'il n'y avait aucun adversaire dans le salon.

D'ailleurs, c'est cet échiquier qui occupait toute l'attention de Daniel en ce moment. D'ordinaire, même un insomniaque comme le docteur Lynch dormait à une heure aussi tardive. Il aurait dû déjà avaler les cachets de somnifère qui lui permettait d'espérer quelques heures de sommeil réparateur sans être perturbé par le moindre rêve, ou alors des souvenirs si vagues de songe qu'il pouvait les ignorer. Bien que les médicaments se trouvaient sur son bureau, à portée de main, il ne les avait toujours pas pris. Le coupable était... cette situation plus qu'épineuse dans lequel il se trouvait.

Alors qu'il commençait à maîtriser la situation à propos du fugitif Michael Moody voilà qu'une deuxième évasion s'était produite. Lacey French. Une autre de ces cobayes de prédilection, même si la belle n'était pas aussi résistante que Moody. L'évasion n'était pas due à une défaillance du système comme lors de cette nuit d'orage. Ni même d'une détermination farouche comme celle dont n'avait fait preuve le patient 27. Mademoiselle French avait eu de l'aide pour sortir de son service. Ce qui soulevait beaucoup de questions. Pourquoi ? Quel lien existait-il entre la nouvelle kiné et cette patiente ? Une chose était certaine : il devait la récupérer. Daniel poussa un soupir excédé. On lui avait caché certaines informations et à cause de cela, il avait fait une erreur en autorisant la kiné à entrer dans son service. Il détestait les erreurs. Il détestait aussi subir les événements. Mais ce qu'il détestait plus que tout était que malgré sa prudence, même le plan le plus élaboré pouvait être compromis à cause d'une facétie du destin, un élément imprévisible.
Le regard du psychiatre s'attarda sur une partie isolée de l'échiquier. Pauvre petit pion, la traversée venait de prendre une tournure risquée.

Pour l'heure, il essayait de ne pas y songer. Pourtant son esprit ne pouvait s'empêcher de calculer les options qu'il lui restait. Il refusait catégoriquement de refaire appel à la détective. Pour qui passerait-il s'il lui annonçait une nouvelle évasion ? Avertir le shérif où Regina serait des erreurs grossières. Même si les choses semblaient décidées à lui échapper, il y avait forcément une manœuvre lui permettant de continuer la partie. Comme pour le patient 27, il devait juste trouver le bon angle d'attaque. Ces réflexions perturbaient son travail. Un autre point essentiel pour les curieux voulant comprendre Daniel Lynch : il s'arrangeait pour toujours avoir du travail. Quand il était chez lui, il préparait ses prochaines expériences en tenant compte des résultats obtenus sur ces cobayes. Il y avait aussi le mystère de certains rêves, décortiquer les maigres indices qu'il possédait pour découvrir une explication logique.
Certaines personnes trouveraient certainement triste (voire même pathétique pour ceux ne portant pas le docteur Lynch dans leur coeur), que le psychiatre n'ait aucune vie en dehors du travail. Mais cette façon de vivre lui convenait parfaitement.

Un silence quasiment religieux régnait, seulement interrompus par le crissement du stylo sur le papier. Daniel posa ses lunettes sur son bureau pour se masser les yeux. Ce n'était pas par manque de sommeil mais impossible de se concentrer sur ces notes ce soir. La main sur ses lunettes, il allait les remettre en place quand on frappe à la porte, interrompant son geste en plein vol. Le phénomène était si étrange que Daniel cru tout d'abord l'avoir rêvé. Un visiteur ? L'idée lui sembla surréaliste. Le docteur Lynch n'avait jamais reçu la moindre visite n'y accueillit quelqu'un chez lui. Il n'avait jamais été social, sauf quand les circonstances l'y obligeaient et ses contacts se limitaient à ceux rencontrer sur son lieu de travail. Il avait donc bien du mal à croire que quelqu'un venait de toquer à sa porte. Quand on frappa une deuxième fois, il dut se rendre à l'évidence : il avait bel et bien de la visite. Daniel réalisa soudainement que la personne, qui qu'elle soit, attendait qu'il lui ouvre et c'est donc se qu'il fit.

"Vous ?" S'étonna-t-il, avec une légère hésitation dans la voix, en plissant des yeux de myope.

Ayant toujours ses lunettes en main, il les remit bien vite sur son nez pour voir le monde de façon un peu plus net. Son regard se porta sur la personne dont il cherchait quelques instants plus tôt à remettre la main dessus. Et voilà que c'était elle qui venait à lui. Daniel avait bien du mal à masquer son étonnement.

"Que faites-v..." Commença-t-il en essayant de formuler à voix haute une des nombreuses questions qui lui traversaient l'esprit. Sa visiteuse ne lui laissa pas le temps de finir sa phrase qu'elle lui passa devant pour entrer. À croire qu'elle était chez elle. Le docteur Lynch devait bien admettre que son ancienne patiente avait un certain toupet pour se présenter ainsi devant lui. Tout à sa réflexion, le psychiatre referma la porte en gardant le silence. La curiosité prenait le pas sur l'envie de récupérer la demoiselle. Comment avait-elle obtenu son adresse ? Pourquoi venir se jeter d'elle-même devant son ancien bourreau ?

"Je ne m'attendais pas à vous revoir aussi vite." Avoua-t-il finalement. "Que me vaut ce plaisir ?"

La partie venait de prendre une direction aussi inattendue qu'intéressante.

Daniel & Lacey



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MessageSujet: Re: Give me a reason don't break you.   Give me a reason don't break you. Icon_minitimeMar 9 Juil - 19:49




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Daniel & Lacey

~ Don't break me, I have a reason ~


Assise dans un fauteuil du salon de Sun, les jambes repliées sous moi et une tasse de thé dans les mains, j’avais encore du mal à me dire que j’étais vraiment sortie de l’asile. Tout me paraissait tellement étranger que par moment, j’en venais encore à me demander si j’avais eu une vie avant d’être internée. Sun m’assurait que c’était bien le cas, mais j’avais un peu de mal à le croire car je ne gardais absolument aucun souvenir. La seule mémoire que je possédais encore, c’était quand je voyais les titres de certains livres ; je les avais lu, je connaissais leurs contenus, mais mis à part ça… Rein ! Le vide. Un lavage de cerveau… C’était la seule explication que je me donnais. Et puis, il y avait aussi eu le traitement du Docteur Lynch. Malgré la carapace que je m’étais forgée, je frissonnais encore quand je me revoyais le supplier en larme de me laisser sortir. Mais les larmes n’avaient servi à rien et si j’avais su que je sortirai un jour, je n’en aurais versé aucune. J’aurais simplement compté les jours.

Ma liberté retrouvée, j’avais passé les premiers jours à profiter un maximum. J’avais tellement de choses à rattraper, à vivre. Du coup, je m’en donnais à cœur joie. Ce qu’il y avait de magnifique, c’était que personne ne semblait faire attention à mon séjour en hôpital psychiatrique. Ca me donnait l’impression que rien n’avait changé, même s’il n’y avait pas moyen de me rappeler ma vie d’avant. Cependant, cela pouvait être un véritable avantage pour repartir sur de bonnes bases, une nouvelle vie en somme. Mais pour ça, il me manquait encore un travail. J’avais remarqué que la bibliothèque était fermée et semblait abandonnée. Ce qui était fortement dommage car le travail de bibliothécaire. Et puis, j’étais certaine que j’aurais pu donner un nouveau concept à ce poste. Peut-être que ça me permettrait aussi de retrouver quelques fragments de mémoire. Peut-être pas grand-chose, mais un peu plus que ma culture littéraire, ça c’était certain. Mais je n’allais pas rechigner sur ça, j’avais au moins une petite preuve de vie.

Et puis il y avait mon père… Depuis que j’étais sortie de l’hôpital, je ne l’avais pas vu. Savait-il seulement que j’étais sortie ? L’avait-on appelé pour lui dire que je m’étais enfuie ? J’en doutais puisque sinon, il se serait manifesté. Ou pas… S’il fallait, il s’en fichait comme d’une guigne de moi, il m’avait enfermé pour ne plus avoir à s’occuper de moi. Pourtant, je me trouvais vachement autonome comme fille. Enfin, tant pis ! Je n’allais pas me mettre à pleurer pour ça. Je ne pleurerai plus de tout façon, c’était fini. Et surtout pas pour les gens qui ne le méritaient pas ! Qu’il continue de livrer des roses, moi, j’allais vivre ma vie exactement comme je l’entendais. Personne ne m’en empêcherait. Pour l’instant, Sun était cool avec moi, elle ne m’avais mise aucune contrainte, sauf celles qui concernaient son appartement, ce qui était assez logique puisque j’étais chez elle. Qui étais-je pour ne pas respecter un minimum ? Elle pouvait me mettre à la rue quand bon lui semblait, donc j’avais plutôt intérêt à respecter tout ça.

Le fauteuil tourné vers la fenêtre de l’appartement, je regardais le ciel et les étoiles out en songeant aux dernières journées que j’avais passées. C’était les plus belles de toute ma vie, à n’en pas douter. Jamais je ne m’étais sentie aussi vivante, aussi libre quoi ! Néanmoins, je continuais à me poser des questions auxquelles je n’avais absolument aucune réponse et c’était vraiment frustrant. Il n’y avait qu’une personne qui pouvait me répondre et c’était le Docteur Lynch ; la source même de mes plus terribles cauchemars… Même si au final je m’étais créée une carapace, il avait continué à me faire peur. Mais maintenant que je ne me trouvais plus sur son terrain de jeux, il m’était moins effrayant. Je ne faisais plus ce rêve avec le serpent. Ca aussi, c’était toujours un mystère pour moi car le Docteur Lynch y avait prêté de réels intérêt pour je ne sais quelle raison. Mais j’étais débarrassée de ces songes aussi. Cependant, je n’étais pas encore débarrassée de ce séjour au service de psychiatrie à cause des questions restées sans réponse. Je voulais des réponses !

Je terminais ma tasse de thé et avec une détermination nouvelle, je me levais du fauteuil. Il était tard. Très tard même. Sun devait déjà dormir depuis longtemps. J’allais déposer ma tasse dans l’évier avant de me rendre dans ma chambre. J’avais pris une grande décision : aller voir le Docteur Lynch et lui demander directement quel était son souci avec moi. Dans un sens, se serait le moment de l’affronter, de lui montrer qu’il ne me faisait plus peur et surtout qu’il ne pouvait absolument rien contre moi. Je ne me laisserai pas enfermer si c’était ce qu’il attendait. Du haut de mes vingt cinq ans, personne ne déciderait à ma place. J’étais peut-être (je n’en étais pas du tout sure) rentrée au service de psychiatrie en étant mineur, mais aujourd’hui, je ne l’étais plus. Je pouvais me défendre par mes propres moyens. Et je n’hésiterai plus à m’en servir !

Je troquais mon jogging gris et mon t-shirt noir pour un jean slim noir et un haut bleu. N’ayant pas vraiment la foi de coiffer mes longs cheveux, je les attachais rapidement pour en faire une queue de cheval plus ou moins bien faite. Discrètement, je me faufilais en dehors de l’appartement en attrapant au passage mon blouson en cuir et mon sac. Dehors, l’air était relativement frais, si bien que je fermais légèrement mon blouson que j’avais enfilé en descendant les étages de l’immeuble. Je savais pertinemment où le Docteur Lynch vivait pour l’avoir vu sortir de chez lui un matin alors que je rentrais de soirée. Bien sur, je ne m’étais pas montrée. Je n’étais pas encore assez folle pour ça. Mais là, c’était fini, j’en avais marre d’être une proie. Je voulais être un chasseur et j’allais le devenir, c’était obligé !

J’étais seule dans les rues de Storybrooke. Je ne croisais pas un chat. Logiquement, les gens normaux dormaient à cette heure-ci de la nuit. Mais je n’étais pas quelqu’un de normal et le Docteur Lynch non plus. J’avais l’intime conviction qu’il ne dormait pas non plus. Quand j’arrivais en bas de son immeuble, je poussais la porte du hall et m’engouffrais à l’intérieur. Il allait avoir une belle surprise en me voyant arriver. Je regardais sur sa boite aux lettres pour connaître son étage et son numéro de porte puis me dirigeais vers l’ascenseur. J’appuyais sur le numéro de l’étage et les portes se refermèrent. Durant la montée, je m’appuyais contre le mur et attendis patiemment. Enfin, le petit « ding » retentit, signale que j’étais arrivée à destination. Je m’avançais et sortis de l’ascenseur quand celui-ci rouvrit ses portes. Je ne mis pas spécialement longtemps à trouver la porte de son appartement. Je m’avançais vers celle-ci et frappais.

Par égard pour les voisins, je n’avais pas appuyé sur la sonnette. Quoi que j’aurais pu, mais il y avait toujours un risque de voir un père de famille débarquer pour dire que son moufflet dormait. J’attendais patiemment que le Docteur Lynch vienne m’ouvrir, mais absolument rien ne venait. Etait-il absent ? Etait-il toujours à l’hôpital ? J’avais la conviction que non, qu’il était bien présent. Je jetais un œil sur le judas et l’idée qu’il ne souhaitait pas m’ouvrir me vint à l’esprit. C’était une idée plutôt absurde puisque c’était l’occasion pour lui de me remettre dans mon ancienne chambre. Je frappais à nouveau avec un peu plus de vigueur cette fois-ci pour bien lui faire comprendre que j’étais là et que je ne comptais pas bouger tant qu’il n’aurait pas ouvert – si toute fois il refusait de m’ouvrir. J’attendis à nouveau mais moins longtemps que la première fois car le Docteur Lynch m’ouvrit.

Je dus faire un énorme effort pour ne pas bouger de ma place en voyant la porte s’ouvrir. Je restais là face à mon ancien ‘médecin’ qui me reconnut sans même porter ses lunettes. A en juger l’intonation de sa voix, il n’avait pas dû vouloir ne pas m’ouvrir la porte mais plutôt surpris qu’on vienne frapper. A sa place, j’aurais peut-être réagi pareil. Je ne lui laissais pas le temps de terminer sa question sur la raison de ma présence ici et entrais directement à l’intérieur de l’appartement sans qu’il m’ait invité à le faire. De toute façon, nous n’allions pas discuter sur le pas de la porte, n’est-ce pas ? Et puis comme il fallait que je bouge, je préférais entrer dans l’appartement. Une fois à l’intérieur, je regardais un peu autour de moi. La décoration était extrêmement simple, ce qui me prouvait que le Docteur Lynch passait plus de temps à l’hôpital plutôt que chez lui.

Je remarquais un échiquier dans un coin de l’appartement. Je m’en approchais pour observer la partie en cours pendant que mon ‘médecin’ réitéra sa question sur la raison de ma présence ici, mais mieux formulée que précédemment. Je ne répondis pas tout de suite. J’étais concentrée sur la partie d’échec en cours. Contre qui pouvait-il bien jouer ? J’analysais la position de chaque pion. Plus je les observais, plus la partie prenait du sens pour moi. Avais-je déjà joué à ce jeu ? Je ne m’en rappelais plus. Normalement si, puisque je comprenais la partie en cours. Sauf que pas moyen de mettre la main sur le souvenir en question. Un déplacement apparut à mes yeux. Je pris la pièce et fis tomber l’un des pions que je sortis du jeu. Avec un sourire satisfait, je me tournais vers le Docteur Lynch qui visiblement semblait attendre une réponse.

- N’est-ce pas évident ? Je passais dans le coin et je me suis dit que je passerai bien voir mon docteur préféré.

On pouvait noter toute l’ironie dans le son de ma voix. Nonchalamment, j’allais m’asseoir sur un fauteuil du salon et croisais les jambes. Je jetais un nouveau coup d’œil autour de moi pour voir s’il n’y avait pas un élément de décoration qui m’aurait échappé, mais non. Il n’y avait absolument rien. C’était vide. Je reportais mon attention sur le Docteur Lynch.

- Vous devriez prendre ma chambre à l’hôpital, je suis sure qu’elle serait plus à votre image que cet appartement. Je vous l’offre !

Il était évident que ce n’était pas demain la veille que j’allais y remettre les pieds. J’en étais sortie et je ne comptais pas y retourner. Personne ne m’enfermerait à nouveau. Je fixais le Docteur Lynch avec un demi-sourire satisfait de dessiné sur mes lèvres.


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MessageSujet: Re: Give me a reason don't break you.   Give me a reason don't break you. Icon_minitimeMer 17 Juil - 11:03





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« Le remède à l'ennui, c'est la curiosité.
La curiosité elle, est sans remède. »


La patiente en fuite qu'il essayait à tout prix de récupérer se trouvait juste devant lui, dans son appartement. On pouvait difficilement imaginer de situation plus irréaliste. Daniel prêta une plus grande attention à mademoiselle French tandis que la demoiselle regardait avec curiosité la décoration (ou plutôt le manque de décoration) de la pièce. La transformation était intéressante à observer, rendant sa visiteuse complètement méconnaissable par rapport à la jeune fille implorant sa clémence en se recroquevillant dans un coin de la cellule qu'il avait eu l'habitude de côtoyer. Même si le psychiatre avait constaté déjà des changements de comportement chez Lacey avant que celle-ci ne s'évade de son service.
Après plusieurs années de traitements, Lacey s'était créé une carapace pour se protéger. Et Daniel constatait à présent le résultat quand une personne était enfermée durant une trop grande période avant de se retrouver propulsé vers le monde extérieur. Vraiment intéressant.

Observant le comportement de mademoiselle French, le docteur Lynch se demandait si, comme pour le cas de Michael Moody, l'évasion de sa patiente n'allait pas débloquer de nouveaux éléments intéressant au lieu de consister un frein dans ses expériences comme il l'avait pensé. Seulement... contrairement au premier cas cité, il ne disposait d'aucune personne suffisamment attachée à Lacey pour pouvoir la manipuler. Prendre contact avec la kiné responsable de cette situation serait inutile. Daniel ignorait toujours ce qui avait motivé Sun dans cet étrange projet. Non, mieux valait qu'elle continue de croire qu'il n'était au courant de rien.

L'échiquier qu'il possédait dû piquer la curiosité de sa visiteuse puisqu'elle se dirigea vers son bureau. Curieusement, le psychiatre aurait plutôt imaginé que c'était sa bibliothèque qui recevrait son attention. Alors qu'il demeurait toujours près de la porte, Daniel bougea légèrement pour pouvoir mieux contempler les gestes de sa visiteuse, si concentrer sur la partie en cours qu'elle ne répondit pas à sa question sur la raison de sa venue ici.

Soudain, Lacey bougea une des pièces pour faire tomber un pion du jeu. Daniel se raidit imperceptiblement en voyant son interlocutrice retirer la pièce de la partie. Son regard restait figé sur le pion mit hors-jeu. Pourquoi fallait-il qu'elle élimine ce pion-là en particulier ? Il dut se forcer à détacher son regard de la partie pour prêter attention à Lacey qui lui avait enfin répondu.

- N’est-ce pas évident ? Je passais dans le coin et je me suis dit que je passerai bien voir mon docteur préféré.

Daniel afficha un sourire tout aussi ironique que le ton employé par son ancienne patiente.

"Si vous étiez si pressée de me revoir, ce n'était pas la peine de quitter ma section de l'hôpital." Répondit-il avec autant de sarcasmes que la politesse le permettait.

Alors que Lacey s'installait sur le fauteuil du salon, le docteur Lynch, lui, préféra se diriger vers son bureau et précisément vers le plateau de jeu que sa visiteuse avait chamboulé. Plus que la pièce qu'elle avait déplacé, Daniel était intrigué que son ancienne patiente connaisse les règles de ce jeu de stratégie. Rien ne ce qu'il avait obtenu d'elle durant leurs séances n'avait présagé une quelconque connaissance sur le sujet. Mais peut-être était-ce tout simplement un hasard ? Le psychiatre ne croyait pas en de telles choses et les derniers événements avaient renforcé cette croyance.

"J'ignorais que vous saviez jouer aux échecs." Commenta-t-il en remettant le pion évincé à sa place. Il ignora volontairement la remarque de Lacey au sujet de son appartement, bien que la comparaison lui ait arraché un demi-sourire.

Doux euphémisme. Le cas Lacey French était plein de mystère. Que cette compétence de la demoiselle lui ait échappé n'était donc rien d'étonnant. Regina lui avait confié cette patiente si particulière sans donner la moindre information sur son passé. Les seules choses qu'il avait pu obtenir étaient les renseignements grappiller lors des séances ou que la maire avait laissé échapper malgré elle durant ces visites à la patiente. Ce n'était pas suffisant pour quelqu'un d'aussi curieux que Daniel Lynch. Déjà, il entrevoyait une possibilité pour obtenir les réponses tant désirer tout en obtenant peut-être le retour à l'hôpital de son interlocutrice. Tous deux cherchait des réponses à leur interrogation.

"Une partie vous tenterait-il ?" Demanda-t-il sur un ton faussement innocent. Comme si l'idée venait de lui venir alors qu'elle avait fait l'objet d'un examen minutieux dans son esprit avant de franchir ses lèvres.

C'était un pari. Daniel n'était pourtant pas du genre parieur mais la situation avait suffisamment attiré son attention pour qu'il prenne ce risque. Quant aux enjeux de cette partie proposée si la patiente l'acceptait... il voulait obtenir quelque chose tout les deux, n'est-ce pas ? C'était risqué. Daniel n'avait qu'une connaissance purement théorique des échecs. Il étudiait des parties et connaissait les règles et les stratégies possibles par coeur mais il n'avait jamais joué contre quelqu'un. Du moins, dans cette vie.
Il était complètement fou d'oser potentiellement miser un enjeu aussi important pour lui dans une situation si aléatoire. Mais ne se trouvaient-ils pas tous les deux sur la mince frontière entre la folie et la raison ?

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MessageSujet: Re: Give me a reason don't break you.   Give me a reason don't break you. Icon_minitimeSam 20 Juil - 19:40




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Daniel & Lacey

~ Don't break me, I have a reason ~


Qu’est-ce qu’il me prenait exactement de me rendre chez le Docteur Lynch ? Moi-même je n’en savais rien, mais une chose était sure, il fallait vraiment que je sois motivée pour le faire. Et j’avais une excellente motivation : des réponses à mes questions. J’étais certaine qu’il était le seul à pouvoir me fournir les explications que j’attendais puisque je n’avais pas contact avec mon père et que de toute façon, il était hors de question que j’aille lui demander à lui pourquoi il m’avait largué à l’asile. Et puis me rendre chez lui était aussi un excellent moyen de combattre une bonne fois pour toute cette crainte qu’il avait toujours fait exister chez moi. Il fallait bien avouer qu’il était du genre flippant derrière ses lunettes. Sauf que cette fois-ci, je n’avais plus vraiment de raison d’avoir peur de lui puisque je n’étais plus enfermée dans une chambre à l’hôpital et du coup, il n’avait plus aucun pouvoir sur moi.

Un sentiment de légère victoire naquit en moi que je vis sa surprise de me voir sur le pas de sa porte. Je pouvais bien le comprendre puisque si on m’avait dit ce matin en me levant que j’irais faire un tour dans l’appartement de l’homme qui avait fait un nombre incalculable de test sur ma personne, j’en aurais rigolé. Non, honnêtement, je n’y aurais pas cru. Mais les faits étaient bien là, j’étais bel et bien dans son appartement à la décoration inexistante. Il fallait vraiment être tombé sur la tête. Enfin bon, maintenant que j’étais là, et bien je ne savais pas du tout comment est-ce que j’allais aborder mes questions. Je ne me voyais pas lui balancer ça de but en blanc sans prendre de gants. Il y avait tout de même des façons de faire les choses, même si je n’éprouvais absolument aucune sympathie pour le Docteur Lynch. J’aurais pu profiter de sa question sur la raison de ma présence ici pour lancer la conversation, mais à la place de ça, je préférais m’intéresser à la partie d’échec.

Ce jeu n’était pas vraiment le plus passionnant du monde, mais il fallait avoir de la stratégie pour pouvoir gagner. Aussi, j’analysais pendant quelques minutes la partie en cours et finalement, je trouvais un déplacement qui n’était pas si facile que ça a trouvé. Mais je l’avais trouvé et du coup, je fis bouger les choses en retirant un pion de l’échiquier que je déposais juste à côté du plateau. Ce fut après cela que je pris la peine de répondre à la question du Docteur Lynch, mais ma réponse n’avait absolument rien à voir avec mes questions. J’avais plutôt répondu ironiquement et en fait, j’étais vraiment fière de ma réplique parce qu’elle était vraiment bien trouvée. Mes paroles avaient arraché un sourire du même genre que ma réplique au Docteur Lynch. Je pouvais aisément remarquer qu’il était exactement le même qu’à l’hôpital. A croire que cet homme n’avait vraiment pas de vie hormis son travail.

Je ne répondis rien à sa réplique parce qu’il s’agissait là du sujet qui fâchait. Pour sortir de la section de psychiatrie, je n’aurais jamais pu compter sur lui. Du coup, il avait bien fallu que quelqu’un m’offre une autre corde de sortie. Pour cela je pouvais remercier Sun car c’était elle qui avait pris des risques en me faisant sortir clandestinement. En fait, je lui serais éternellement reconnaissante pour cela parce qu’elle avait réalisé mon plus grand rêve et elle était cool avec moi. Ce qui compensait le fait que son autre colocataire ne pouvait pas me sentir, mais en même temps, je le lui rendais tellement bien… Entre Nafanaïl et moi, ce n’était pas du tout le grand amour, du coup, j’essayais de l’ignorer et il en faisait de même de son côté. Sauf quand ça explosait. Honnêtement, heureusement que parfois, il y avait Sun entre nous deux sinon, nous nous serions sans aucun doute déjà entretués.

Le Docteur Lynch remit le pion que j’avais retiré de l’échiquier. Pourquoi avait-il fait une chose pareille ? Qu’est-ce que ça lui apportait exactement que je retire ce pion-là ou pas ? Ou alors, par mon geste, j’avais perturbé sa partie. Bref, il y avait plusieurs raisons possibles qui pouvaient faire qu’il avait agi ainsi. En règle générale, les gens continuaient les parties au lieu de remettre les pions à leur place, mais je me gardais d’exprimer toute forme de commentaire. J’étais bien installée dans ce fauteuil. Même si la déco de cet appartement était assez pourrie, on ne pouvait pas dire que ce fauteuil l’était lui, parce qu’il était plutôt confortable et sentait encore le neuf. Le Docteur Lynch ne devait pas beaucoup s’asseoir dessus. Encore une preuve que cet homme vivait uniquement pour son travail. Il fallait vraiment avoir un esprit plus que tordu pour aimer à ce point son travail. Mais il m’avait prouvé un grand nombre de fois qu’il avait un esprit tordu. C’était lui qu’on aurait dû enfermer dans un chambre dans le service de psychiatrie.

- Vous ignorez beaucoup de choses sur moi. Figurez-vous que depuis que je suis libre, je me suis découverte un très grand nombre de connaissance qui je n’aurais pas pu exploiter si j’avais continué à être enfermée.

Je continuais à être persuadée que jamais je n’avais eu ma place en psychiatrie. Qu’on m’y avait mise uniquement pour se débarrasser de moi ou pour je ne sais quelle autre raison. C’était d’ailleurs une des questions que je souhaitais lui poser. Je voulais savoir pourquoi est-ce qu’on m’avait internée alors que je me sentais très saine d’esprit. J’espérais sincèrement que le Docteur Lynch pourrait répondre à mes questions. Peut-être pas toutes puisque j’en avais des tas et il ne pouvait pas tout savoir, mais au moins une grande partie si c’était possible. J’allais peut-être en demander de trop, mais il me devait bien ça puisqu’il m’avait tenu enfermée dans son service malgré le nombre de supplications que j’avais pu faire pour qu’il me permette de m’en aller. Mais je ne voulais plus penser à cette triste période. A présent, j’étais dehors et ce genre de pensée n’avait plus lieu d’être. C’était fini, c’était derrière moi.

Le Docteur Lynch m’intrigua profondément quand il me proposa une partie d’échec. Je le fixais de façon suspicieuse pendant quelques instants. Jamais je ne cesserai de le soupçonner d’avoir une idée derrière la tête. Même si j’avais été sa ‘prisonnière’ pendant des jours et des jours, donc à force de le côtoyer, j’avais réussi à le ‘connaître’, même si nous n’avions jamais eu de conversation qui m’aurait permise de le connaître comme deux personnes normales étaient censées faire connaissance. Mais nous étions très loin d’être deux personnes normales, lui et moi. Je continuais de le fixer sans rien dire, cherchant le piège. Je savais qu’il y en avait un, mais ce n’était pas écrit sur son front donc du coup, je n’avais aucune idée de ce qu’il préparait. Aussi je me levais et m’approchais de lui, les mains dans le dos.

- Et puis-je savoir quel sera la récompense du vainqueur ? Et ne jouez pas les surpris parce que je sais très bien que ça cache quelque chose et je veux savoir quoi.

S’il exprimait sa récompense, je savais d’avance ce que je demanderai moi, de mon côté. En même temps, je n’étais là que pour une seule chose donc normale que je demande ça en priorité. Pour le reste, je verrais bien après.


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MessageSujet: Re: Give me a reason don't break you.   Give me a reason don't break you. Icon_minitimeMar 23 Juil - 20:24





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« Le remède à l'ennui, c'est la curiosité. La curiosité elle, est sans remède. »


Lacey lui rétorqua qu'il ignorait beaucoup de choses d'elle. Daniel ne put qu'acquiescer devant cette réponse évidente. La suite l'intéressa beaucoup plus. Surtout quand la jeune fille parla des rencontres qu'elle avait faite depuis son évasion. Un fait à la fois intéressant et ennuyeux. Mais tout ce qui concernait Lacey French semblait se trouver sous ses deux mots contradictoires. Ennuyeux car il n'avait toujours pas informé la maire de la disparition de la patiente. Daniel en aurait presque préféré que la kiné garde la patiente évadé cachée... Cela lui aurait évité la crainte que madame la maire ne vienne à croiser l'évadée dans la rue alors qu'elle la croyait toujours détenue dans son service. Intéressante car le docteur Lynch aurait aimé en savoir un peu plus sur les personnes que Lacey venait de citer.
Un plan se mettait lentement au point dans son esprit alors qu'il proposa d'une manière faussement innocente si sa visiteuse voulait faire une partie d'échecs. Le mouvement qu'elle avait trouvé l'avait intrigué et il voulait voir jusqu'où s'étendaient les connaissances de la demoiselle dans ce domaine. Si le geste n'avait été qu'un hasard ou bien trahissait une compétence qu'il n'avait pas soupçonné chez elle. Maintenant, il voulait également avoir certains éléments de réponse dont il était privé depuis l'évasion de Lacey. En cela, ils avaient un point commun.

Son ancienne patiente ne répondit pas immédiatement à la question et semblait s'en méfier. Le psychiatre ne pouvait pas lui en vouloir d'être prudente. Il lui avait fait tant de fausses promesses pendant son internement. Créant un espoir pour mieux le détruire lentement par la suite. Elle était donc en droit d'être suspicieuse à son sujet et sur ses propositions. Daniel délaissa le plateau de jeu pour s'adosser contre son bureau. Les bras croisés, il regardait Lacey réfléchir à sa proposition tandis que lui-même calculait les possibilités qu'offrait son pari. C'est alors que la demoiselle se leva pour s'approcher de lui.
Sa question se porta sur la récompense du vainqueur. Le docteur Lynch ne le fit pas l'insulte de paraître surpris comme sa visiteuse le sous-entendit immédiatement après. Il devait bien reconnaître que Lacey parlait sans détour.
Parfait, ils ne perdraient pas de temps en fausses politesses.

"Vous savez très bien ce que je veux." Déclara-t-il d'un ton froid en regardant sa visiteuse droit dans les yeux. Il laissa sa phrase faire son effet dans l'esprit de Lacey avant de poursuivre sur un ton plus "amical". Pour lui, la partie venait de commencer. La première étape était de faire entrer son ancienne patiente dans le jeu. Et pour cela, il avait l'argument idéal. "Mais pourquoi s'attarder sur la fin hasardeuse du jeu ? Mettons plutôt un enjeu un peu plus certain à la partie. Je m'en voudrais que vous repartiez les mains vides."

Cette dernière remarque s'appliquait, en réalité, autant à lui qu'à elle. Si par malheur, il perdait, au moins aurait-t-il une partie de ce qu'il désirait. Lynch aurait pu feindre d'y réfléchir mais il savait parfaitement que la comédie ne fonctionnerait pas sur une personne qui l'avait côtoyé aussi longtemps que mademoiselle French. Aussi enchaîna-t-il directement avec la suite de sa proposition.

"Nous voulons tous deux obtenir des réponses de l'autre. Ne jouez pas les surprises, je ne vois pas pour quelles autres raisons vous seriez venue ici en pleine nuit."

Son ton s'était fait sarcastique quand il répéta une partie de la phrase que son interlocutrice lui avait jeter au visage il y a quelques instants à peine. Il reprit rapidement un temps sérieux pour en venir à la partie la plus épineuse de son idée.

"Alors pourquoi pas... une question par pièce capturée à son adversaire ?"

Cette fois, il laissa sa question en suspens pour laisser tout le loisir à Lacey d'y réfléchir. Pendant ce temps, il contourna son bureau pour retourner vers l'échiquier. Le psychiatre aurait pu le faire sans pour autant devoir faire le tour de son bureau mais cela l'aurait obligé à tourner le dos à sa visiteuse. Geste qu'il ne pouvait se permettre. En attendant la réponse de Lacey, Daniel Lynch rangea doucement les pièces sur le plateau pour un éventuel début de partie. Il savait sa patiente aussi curieuse que lui. Elle allait accepter, c'était une certitude. D'un autre côté, la jeune fille avait tellement changé depuis son évasion... peut-être prenait-il en compte des données qui n'existaient plus. Parce qu'il était de nature prudente, il ajouta un dernier argument :

"Rien ne vous oblige à accepter. Vous pouvez très bien repartir et retourner à votre nouvelle vie." Dit-il en ne quittant pas des yeux les pions, fous et autres pièces qu'il remettait à leur place initiale.

Daniel savait manier les mots pour leur faire prendre le sens qu'il désirait, même les plus anodins. Lacey était sans doute la mieux placée pour le savoir. Avec sa dernière phrase, le psychiatre sous-entendait que sa proposition était sa seule possibilité d'avoir ce qu'elle désirait tant obtenir de lui. Elle pouvait, bien sûr, laisser passer cette chance mais elle perdrait du même coup les réponses qu'elle cherchait. Ou en tout cas, elle devra les trouver d'une autre façon que par l'intermédiaire du docteur Lynch.

À la suite de sa phrase, il reporta son attention sur son interlocutrice en levant un sourcil interrogateur. N'attendant que sa réponse pour décider de commencer ou non la partie.

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MessageSujet: Re: Give me a reason don't break you.   Give me a reason don't break you. Icon_minitimeVen 2 Aoû - 15:07




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Daniel & Lacey

~ Don't break me, I have a reason ~


S’il y avait bien une chose qui allait à mon avantage, c’était l’effet de surprise. Le Docteur Lynch ignorait beaucoup de choses sur moi. Moi-même je les ignorais avant de sortir de l’hôpital. J’avais découvert que je connaissais beaucoup plus de choses que ce que je croyais, bien que je ne me rappelais toujours pas comment j’avais appris les choses en question. C’était pour ça que j’étais à la recherche de réponse et la seule personne que je connaissais, susceptible de me répondre, c’était Daniel. J’étais certaine qu’il avait la réponse à certaines de mes questions et tout ce qu’il pourrait me dire serait bon à prendre. Sauf que pour le moment, je n’avais aucune idée de comment aborder les choses. C’était tout de même assez délicat et pour le coup, même si j’étais assez directe de nature, je me voyais mal lui dire que je voulais lui faire un interrogatoire sur ma propre personne.

La partie d’échec semblait être un bon moyen pour y arriver. D’ailleurs, que le Docteur Lynch me propose une partie m’avait semblé particulièrement suspecte et je n’étais pas une simple d’esprit. J’avais très bien compris que le vainqueur de cette partie obtiendrait quelque chose de la part de l’autre. J’étais restée un temps silencieuse avant de répondre. Sauf que ma réponse n’était ni un « oui », ni un « non ». Je voulais savoir ce qu’il voulait. Il aurait été inutile de sa part qu’il fasse semblant d’être surpris que je puisse penser qu’il avait une idée derrière la porte. D’ailleurs, je le lui avais bien fait remarquer. C’était inutile que nous passions par quatre chemins. Même si je n’avais pas vraiment eu le loisir d’avoir de grandes discussions philosophiques avec lui, je le connaissais et je savais comment il réfléchissait. Oh je ne doutais pas que lui-même savait comment je fonctionnais également. Après tout, nous nous étions côtoyés pendant un bon moment, donc même si ce n’était pas de la forme la plus classique qui soit, nous savions des choses l’un sur l’autre.

J’arquais un sourcil quand il affirma que je savais pertinemment ce qu’il voulait. Vraiment ? Le ton qu’il avait employé me laissa particulièrement indifférente. Ce n’était pas comme si c’était la première fois qu’il l’employait. Je devais connaître à peu près tous ses visages depuis le temps. Et j’avais appris aussi à ne plus réagir quand il parlait ainsi, ou même quand il faisait le gentil garçon (ce qui ne lui allait pas du tout d’ailleurs). La gentille et innocente petite Lacey… c’était fini. Certains semblaient l’oublier, hors, je ne comprenais vraiment pas pourquoi ils s’obstinaient toujours à penser que j’étais la même. Je sortais de psychiatrie et ce que j’y avais vécu avait laissé des cicatrices que personne ne pourrait jamais soigner. Finalement, il se décida à parler et je fus ravie de voir à quel point j’avais eu raison en pensant qu’il avait une idée derrière la tête. Moi, je voulais des réponses de sa part, mais lui, que pouvait-il bien vouloir de moi ? Que je revienne à l’hôpital ? Là, il pouvait toujours courir parce que jamais je ne remettrais les pieds là-bas.

Bien que je n’aie montré aucun signe qui disait que j’allais répondre, je m’apprêtais à le faire, mais le Docteur Lynch enchaîna avec une proposition qui ne me laissait pas du tout indifférente. Il avait parfaitement compris pourquoi je venais ici et je venais de découvrir au passage ce qu’il attendait de moi. Au moins, ce n’était pas de revenir à l’hôpital… Du coup, sa proposition se faisait vraiment plus tentante qu’au début. Un demi-sourire amusé se dessina sur mes lèvres. On ne pouvait décidemment rien lui cacher. Remarquez que c’était pratique parce qu’au moins, comme ça, je n’avais pas besoin d’expliquer le pourquoi du comment de ma présence. Ca allait plus vite.

- J’avoue, je suis démasquée, répondis-je.

Autant avouer ! Ca ne servait à rien de le nier. Il me connaissait trop bien pour ça. Et comme il l’avait dit, si j’étais venue pour autre chose, je ne serais peut-être pas venue en pleine nuit. Mais en même temps… si je n’étais pas venue en pleine nuit, je ne serais jamais venue du tout puisqu’il passait ses journées à l’hôpital. C’était dur de le voir en dehors ou bien même chez lui. Cet appartement devait être plus fait pour dormir que pour autre chose. De part son apparence, il était froid et ne donnait pas envie d’y vivre. Même moi qui espérais ne pas avoir à m’attarder trop longtemps j’allais peut-être y rester plus longtemps que prévu. M’enfin, si c’était pour avoir des réponses, je voulais bien faire ce sacrifice. Après tout, j’étais là pour ça non ? Ca aurait vraiment été trop bête de décliner l’invitation alors que j’avais une opportunité d’obtenir exactement ce que je voulais. L’idée du Docteur Lynch était bonne, je devais bien l’avouer…

Mais… Et s’il y avait un piège ? Rusé comme il était, ce qu’il me proposait pouvait très bien en être un. Du coup, devais-je accepter ou refuser et trouver un autre moyen d’avoir les réponses à mes questions. Sans rien dire, je le regardais entrain de ranger les pièces sur l’échiquier. Je levais les yeux à nouveau vers lui quand il m’offrit néanmoins, la possibilité de refuser. C’était une possibilité, certes. Mais ça reviendrait à dire que j’étais venue pour rien et surtout que j’avais pris peur. Or, je ne voulais pas qu’il pense que j’étais une faible ou je ne sais quoi dans ce gout-là. Je n’étais pas faible. Si j’étais là, c’était bien la preuve, non ? Quelqu’un de faible de serait jamais venu voir celui qu’il considérait comme son pire cauchemar. Cependant, je devais bien avouer qu’en dehors de l’hôpital, le Docteur Lynch n’avait plus l’air aussi effrayant qu’à l’intérieur…

- Marché conclu ! Chaque pièce retirée, une question. Et interdiction de mentir. Je le saurais si vous mentez.

Et non, je ne bluffais pas. Je n’avais aucun don, mais je savais quand on me mentait ou quand on me disait la vérité. Surtout quand ça me concernait. J’effectuais un magnifique demi-tour et me plaçais derrière le fauteuil où je m’étais assise un peu plus tôt et le fis trainer jusqu’au bureau. Après tout, le Docteur Lynch avait bien sa chaise de bureau, donc il fallait bien que je m’assoie, moi aussi, non ? Une fois chose faite, je m’installais à nouveau, mais cette fois-ci, de façon droite afin de pouvoir voir parfaitement l’échiquier et les mouvements de pièces. Je n’avais pas le droit à l’erreur cette fois-ci.

- Je prends les noirs, déclarais-je. A vous l’honneur de commencer.

[Hors RP : J’avoue que je ne me souvenais plus de qui on avait dit qui commençait, je sais juste que celui qui les blancs commencent lol donc si jamais je me suis trompée, dis-le moi je ferais le changement de ma dernière phrase =)]


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MessageSujet: Re: Give me a reason don't break you.   Give me a reason don't break you. Icon_minitimeMar 13 Aoû - 19:35





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« Le remède à l'ennui, c'est la curiosité.
La curiosité elle, est sans remède. »


Daniel savait qu'il avait trouvé l'argument adéquat en sous-entendant que Lacey pouvait partir si elle désirait refuser sa proposition. Après tout, elle était libre. Mais ironiquement, malgré cette liberté apparente, elle resterait toujours enchaînée d'une certaine façon à lui grâce aux questions qu'elle devait se poser et aux cicatrices qu'il lui avait faites durant les années de traitement subis.
Il venait de finir de remettre les différentes pièces à leur place. Une nouvelle partie allait commencer. Pour le docteur Lynch, elle l'était dès l'instant où il la surprise de cette étrange visite fut passée. La partie d'échecs n'était qu'une manière de concrétiser le jeu en cours.
Le psychiatre avait l'impression qu'il ne jouait qu'à cela dernièrement. Quand est-ce que cette partie sur l'échiquier avait véritablement commencé ? Lorsqu'on lui avait confié le service psychiatre ? Quand il avait commencé ces expériences sur certains malades du service alors qu'il n'y était qu'infirmier ? Avant cela ? Depuis que les rêves avaient débuté ? Il ne saurait le dire avec certitude. Même s'il estimait le commencement au moment où monsieur Gold était venu lui confier un patient.

- Marché conclu ! Chaque pièce retirée, une question. Et interdiction de mentir. Je le saurais si vous mentez.

Il se permit un sourire devant cette déclaration. Elle avait raison. Bien que le psychiatre était un très bon menteur, à force de le faire au monde entier et en permanence, Lacey French était sans doute la seule personne qui le démasquerait aussitôt qu'il s'éloignerait de la vérité dans ses réponses. Il en était de même pour lui.

"Je le ferais uniquement si vous me mentez en premier." Prévient-il.

Une mise en garde inutile. Ou plutôt une sécurité. Lacey voulait certainement trop obtenir les renseignements qu'elle recherchait pour prendre ce risque. Cette constatation s'appliquait à lui-même. Cependant, il n'y avait aucun mal à mettre les choses aux clairs, n'est-ce pas ? Juste au cas ou. Le psychiatre allait s'installer derrière son bureau quand un léger problème se présenta à lui, arrêtant son geste par la même occasion. Il n'avait jamais reçu de visite dans son appartement avant cette nuit. Le nombre de chaise n'avait donc jamais posé de soucis jusqu'à présent. Heureusement, sa visiteuse imprévue prit les choses en main avant que le docteur Lynch ne puisse afficher un éventuel trouble devant cette constatation manifeste de son asociabilité.

Après avoir traîné le fauteuil au niveau du bureau, sa future adversaire s'installa et Daniel en fit de même. Défaut professionnel oblige, il nota la différence de comportement entre la première fois où Lacey s'était installé dans le fauteuil avec le comportement qu'elle affichait maintenant, démontrant qu'elle prenait les choses au sérieux. Bien.

- Je prends les noirs. A vous l’honneur de commencer.

Daniel cacha sa surprise de voir Lacey se priver de l'avantage coffrait les pièces blanches qui commençaient la partie. Le premier mouvement d'ouverture avait son importance, surtout pour la stratégie qu'avait en tête le psychiatre. Il n'allait donc pas se plaindre de la décision de son adversaire.

"Très bien." Fut son seul commentaire tandis qu'il retournait le plateau pour que sa visiteuse ait les pièces demandées devant elle.

La partie officiellement commencée, il bougea un des pions du centre de deux cases. Daniel n'avait que des connaissances théoriques des échecs. Il avait étudié assez de parties pour connaître les différentes stratégies possible. Voir Lacey riposter en bougeant un de ces cavaliers au lieu d'un de ces pions comme c'était le cas dans la plupart des débuts de parties qu'il avait étudiées le rendit perplexe. Ce qui se traduisait par un froncement de sourcils sur son visage d'ordinaire impassible. Curieux choix... Semblait-il dire.

Après mures réflexions, il bougea aussi son cavalier pour faire face au cavalier noir que son ancienne patiente avait bougé. Le jeu continua, plus ou moins vite selon si les déplacements des joueurs demandaient une réflexion particulière après un mouvement adverse. Daniel garda le silence. Il avait un objectif en tête et était prêt à sacrifier autant de pièce qu'il était nécessaire pour le faire. Le plus important n'était pas le résultat final mais le nombre de pièces capturé. Il s'agissait d'un coup qui était très peu joué parce qu'on sous-estimait toujours le rôle des pions dans ce jeu. Automatiquement, cette stratégie avait trouvé grâce aux yeux du docteur Lynch qui y voyait un air de déjà-vu avec cet échiquier géant qu'était devenu Storybrooke depuis que monsieur Gold et madame la maire s'y affrontait indirectement.

Daniel déplaça un autre pion. Involontairement, il ouvrit la voie pour un fou noir qui fut en un geste prêt à prendre la reine blanche au prochain mouvement du camp adverse. Un fou pour mettre en danger une reine. Le psychiatre apprécia l'ironie de cette manœuvre et jeta un regard à Lacey pour voir si cette impression était volontaire ou non. Ensuite, il plaça son fou blanc en barrage sur le chemin de son homologue noir.

Voilà qui était ennuyeux. Il serait donc le premier à perdre une pièce dans cette partie. Mais il ne pouvait se permettre de perdre sa reine à ce stade. Daniel s'attendait à voir le fou noir évincer le blanc mais son adversaire était décidément pleine de surprise puisqu'elle déplaça son roi à la place, le plaçant sous la protection des pions.

Il reporta à nouveau son attention sur sa visiteuse pour essayer de deviner si ce mouvement était calculé ou le fruit d'une inexpérience dans ce jeu. Peut-être que le coup de tout à l'heure n'était qu'un hasard... peut-être qu'il prêtait à la demoiselle des connaissances qu'elle ne possédait pas.

Le docteur Lynch déplaça un autre de ces pions d'une case. La partie se ponctua d'encore deux autres mouvements avant que le fou noir ne prenne finalement son dû en évinçant le fou blanc, menaçant à nouveau la reine. Daniel savait ce que cette action voulait dire. Lacey venait de gagner le droit de poser la première question.
Avant que son interlocutrice n'ait eu le temps d'ouvrir la bouche, Lynch déplaça un de ces cavaliers pour capturer le fou noir qui s'était aventuré en territoire blanc. Le geste fut si rapide qu'il y eut un claquement sec quand il évinça la pièce adverse pour y mettre la sienne.

"Cela nous fait une question chacun, on dirait." Commenta-t-il sur un ton qui se voulait neutre et calme mais qui parvenait mal à effacer complètement une certaine satisfaction d'avoir pu retirer immédiatement la petite victoire de mademoiselle French.

La première question était très importante. Elle influencerait immanquablement la seconde. Daniel savait quelle serait la sienne et surtout celles qu'il voulait éviter de voir prononcée par son ancienne patiente. Voilà pourquoi il était important qu'il prenne la parole en premier.

"Je me permet de poser la mienne en premier, pour vous laisser le temps de réfléchir à la vôtre." Proposa-t-il avec une fausse politesse dont il masqua à peine le manque de sincérité, avant de prononcer son interrogation à voix haute : "Faites-vous encore ce rêve avec le serpent ?"

Sans doute la question la plus importante aux yeux de Lynch.

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MessageSujet: Re: Give me a reason don't break you.   Give me a reason don't break you. Icon_minitimeJeu 22 Aoû - 18:53




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~ Don't break me, I have a reason ~


Il ne faisait absolument aucun doute que le Docteur Lynch savait parfaitement comment convaincre les gens d’accepter la partie de jeu. En même temps, il avait tapé très fort. J’ignorais encore comment, mais il avait deviné le motif de ma visite et il en jouait. Je ne pouvais que lui tirer mon chapeau pour cela. Mais comme je n’avais pas de chapeau, ça allait être difficile de le lui tirer. De toute façon, je n’étais pas là pour ça. Mon ancien médecin était sans aucun doute la personne qui me connaissait le mieux à Storybrooke alors cela ne m’étonnait pas vraiment qu’il ait découvert que je voulais des réponses à mes questions. Et il semblerait que lui aussi se posait des questions à mon propos. Ce qui était fortement étonnant d’ailleurs parce que je ne voyais pas du tout ce que je pourrais lui apporter comme connaissance autre que sur les livres que j’avais potentiellement lu dans ma vie avant la psychiatrie…

Je complétais les règles du jeu du Docteur Lynch. Tout ce que je voulais, c’était des réponses véridiques et non pas un ramassis de mensonges. Je préférais nettement qu’il me réponde qu’il n’avait pas la réponse à ma question plutôt qu’il n’essaie de trouver quelque chose à dire qui lui semblerait probable ou pas. Autant dire tout de suite que je ne lui faisais pas vraiment confiance et il semblerait que lui non plus ne me fasse pas confiance plus que ça. Ce qui était compréhensible après tout puisque j’avais cessé de répondre à ses questions quand je m’étais forgée ma carapace. Sauf que je n’avais rien à lui apprendre, de ça, j’en restais persuadée. C’était moi la fraichement libérée, pas lui. Enfin, s’il voulait tant que ça que je réponde à des questions pourquoi pas ? Du moment qu’il répondait aux miennes, ça me suffisait amplement. Comme j’avais conclue un marché avec lui, il fallait bien que je l’honore.

- Très bien, pendant toute cette partie d’échec ne règnera que l’honnêteté et rien d’autre.

C’était curieux de dire ça. Mais mieux valait mettre les points sur les I tout de suite plutôt que d’attendre le milieu de partie et que cela soit trop tard. Maintenant que c’était chose faite, autant commencer la partie, non ? J’allais chercher le fauteuil dans lequel je m’étais installée un peu plus tôt en débarquant dans son appartement sans aucune personnalité. Je l’installais en face du Docteur Lynch et m’y assis de façon plus convenable que précédemment. Mais peu importait. Je déclarais ne pas vouloir commencer la partie en prenant les noirs. Je voulais savoir ce que le Docteur Lynch me réservait. Il tourna donc le plateau pour placer les pions noirs vers moi. Je voyais bien dans son regard qu’il semblait ravi d’avoir l’honneur de commencer. Qui ne le serait pas en même temps ? Sauf qu’il ignorait totalement que c’était dans mon plan de commencer en seconde et que ce n’était pas du tout un acte de galanterie ou que sais-je encore.

Le premier déplacement du Docteur Lynch fut un pion. Je pris un de mes Cavaliers et l’avançais. Un demi-sourire se dessina sur mes lèvres alors qu’un froncement de sourcils se dessinait sur le visage de l’homme que j’avais en face de moi. Je l’avais déstabilisé et j’étais fière de ça. Ce n’était pas tous les jours qu’on mettait le doute chez le célèbre psychiatre expert en expérience les plus farfelus. J’en avais fait les frais, sans aucun doute comme la plupart de ses autres patients. Je restais patiente toute en le fixant. J’étais curieuse de savoir quelle technique il allait adopter pour répondre à mon mouvement. Finalement, il bougea également son Cavalier qui se trouvait face au mien. Je penchais légèrement la tête sur le côté avant de répliquer en avançant un simple pion. La partie continua ainsi jusqu’à ce que mon Fou puisse prendre celui du Docteur Lynch.

J’avais analysé absolument chacun de mes mouvements. J’évitais au maximum de déplacer mes pions au hasard. Bien sur, comme tout le monde, je le faisais à un moment ou un autre parce que je n’avais pas d’autre alternative, mais quand cela était possible, je déplaçais mes pions de façon murement réfléchie. Je ne voulais pas perdre cette partie alors pensez bien que j’étais prête à tout pour ça. J’ignorais comment j’avais appris à jouer aux échecs, ni même comment chacun des déplacements me paraissaient évident, mais cette connaissance allait se révéler très utile, ça je n’en doutais pas un seul instant. A chaque fois, j’essayais de garder un visage impassible. Même si je jouais pour gagner, je n’étais pas cent pour cent sur d’y arriver, même si je ne doutais pas de mes capacités. Mais je ne devais surtout pas oublier que devant moi, j’avais sans aucun doute un pro des échecs qui devaient connaître ce jeu en long, en large et en travers.

Je posais le Fou du Docteur Lynch juste à côté de l’échiquier, de mon côté et relevai la tête pour croiser le regard de mon adversaire qui ne m’accorda aucune attention car il déplaça un de ses Cavaliers pour prendre mon Fou. Je fronçais légèrement les sourcils. Etait-ce donc ainsi qu’il souhaitait jouer ? Très bien. Je me calais au fond de mon fauteuil. La partie était en pause puisque le moment des questions était venu. J’hochais lentement la tête à son commentaire. Oui, une question chacun. Je comprenais qu’il ait souhaité jouer son tour puisque cela nous aurait fait perdre du temps si j’avais d’abord posé ma question pour que lui puisse jouer et poser à son tour sa question. Alors que je réfléchissais à ce que pourrait être ma première question, le Docteur Lynch sembla déjà savoir ce qu’il allait demander. Aussi, je ne vis aucun inconvénient à ce qu’il pose sa question en premier. A nouveau, j’hochais la tête pour l’inciter à me demander pendant que moi, je continuais à réfléchir sur quelle question j’allais demander en premier.

Quand la question du Docteur Lynch tomba, je restais silencieuse quelques instants. Pourquoi est-ce que cela ne m’étonnait pas ? Chaque jour qu’il avait passé en ma compagnie, il avait posé cette question, quasiment dès son arrivée. Pourquoi voulait-il savoir si je continuais à faire ce rêve ? Qu’est-ce que cela lui apporterait exactement ? Je m’attendais presque à ce qu’il sorte une feuille et un stylo pour pouvoir prendre des notes sur ce que j’allais lui dire, comme il l’avait si souvent fait. A quoi lui avait servi toutes ses feuilles gribouillées d’écriture qui reportaient la moindre de mes paroles ? A constater mon évolution ? Laissez-moi rire deux secondes parce qu’il m’apparaissait très nettement que jamais le Docteur Lynch n’avait eu l’intention de me laisser sortir alors qu’il m’en avait fait mille fois la promesse.

- Non, répondis-je froidement dans un premier temps.

Sa question devait sans doute venir du fait que lorsque j’avais commencé à changer, je n’avais plus répondu à cette question, ni aux autres d’ailleurs. Du coup, il devait manquer une sérieuse partie dans mon dossier. De la petite Lacey suppliante et docile j’étais devenue autre chose et ce changement me plaisait. Je voyais la vie d’un autre œil et c’était amplement suffisant. Je n’étais plus ni trop bonne, ni trop… Enfin pas besoin de dire la suite, cela allait de soit, du coup. Avec un air un peu plus décontracté, je continuais ma réponse :

- Depuis que j’ai cessé de vous raconter ce rêve, celui-ci s’est fait de moins en moins régulier. Et depuis que je vis chez Sun, il a disparu aussi rapidement que je vous ai quitté. Est-ce que cela vous convient ?

Si cela ne lui convenait pas, techniquement, il devrait attendre la prochaine pièce ‘prise’ pour me demander plus de détail, mais si on se basait uniquement sur des « techniquement » nous n’avancerions jamais et nous n’aurions jamais le maximum de réponse souhaitée. Qui pouvait dire jusqu’où irait la partie ? Elle pouvait s’arrêter au bout des trois déplacements suivants comme elle pouvait s’arrêter alors qu’il ne nous resterait que très peu de pièces. Du coup, j’acceptais les demandes de précisions comme faisant parti de la première question. En ferait-il de même ? Si ce n’était pas le cas, il pouvait toujours s’accrocher pour avoir des précisions dans l’immédiat parce que ce serait un non catégorique. Ma première question m’était réellement difficile à poser parce que je ne savais pas laquelle poser. Mais puisqu’il fallait bien commencer par quelque part, j’en sélectionnais une qui n’était pas plus importante que les autres car toutes m’étaient triviales.

- Savez-vous pourquoi m’a-t-on faite enfermer ? demandais-je finalement. Qu’ai-je fait pour mériter d’aller en psychiatrie ?

Deux questions, mais techniquement, c’était exactement la même puisqu’elle était simplement posée de façon différente. Qu’il me dise pourquoi on m’avait enfermé ou ce que j’avais fait pour être enfermé n’était qu’une seule et même réponse. Tout ce que j’espérais, c’était qu’il me fournirait la réponse parce que s’il n’était pas plus au courant que moi, cela allait être très problématique.

[Hors RP : Dans ma prochaine réponse, je continuerai la partie jusqu’à la prochaine pièce retirée si cela te convient ^^]


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MessageSujet: Re: Give me a reason don't break you.   Give me a reason don't break you. Icon_minitimeLun 26 Aoû - 19:53





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« Le remède à l'ennui, c'est la curiosité. La curiosité elle, est sans remède. »


Durant toute cette partie d’échecs ne régnera que l’honnêteté et rien d’autre. La remarque avait arraché un sourire ironique au docteur Lynch tant elle était à l'opposé de leurs conversations habituelles. Mais oui, contre toute attente, le mensonge et les phrases ambigus seraient bannis de leur future discussion. Sinon ils n'obtiendraient jamais ce qu'ils désiraient l'un de l'autre.

La partie s'arrêta quand les premières pièces furent capturées. Une question chacun. Sachant déjà quel serait la sienne, le docteur Lynch prit la parole. Un silence fut tout d'abord sa seule réponse. Daniel devait faire un effort pour rester impassible alors qu'il s'agissait d'un point important pour lui. Pendant un bref instant, il crut qu'il n'obtiendrait rien. Ce qui était logique. Il avait posé cette question tellement de fois durant le séjour de Lacey dans son service que cela devait lui rappeler des souvenirs déplaisants. Finalement, la belle prit la parole.

Le psychiatre fut quelque peu déçu de la réponse froide qu'il reçut tout d'abord à sa question. Il faillit faire une remarque sur la soi-disant honnêteté qui devait régir leur petit jeu. Il n'eut heureusement pas le loisir de le faire puisque après s'être détendue, sa visiteuse apporta quelques précisions. Quand Lacey s'était refermé sur elle-même à cause des expériences qu'elle subissait, elle avait toujours répondu à cette interrogation par la négative ou n'y répondait tout simplement plus et le psychiatre avait toujours supposé (ou espéré ?) qu'elle lui mentait. Daniel venait d'en recevoir la confirmation indirecte. Toutefois, le fait que les rêves soient devenus de moins en moins réguliers jusqu'à totalement disparaître était étrange. Car, pour sa part, bien que moins précis à cause des médicaments qu'il prenait, les rêves avaient continué. Dire que la solution à cette énigme se trouvait juste en face de lui mais que la clef était cachée dans l'esprit de son ancienne patiente. Hors de portée.

Une partie de la réponse retenue son attention. Depuis qu'elle vit chez Sun. Daniel supposait que la kiné hébergeait la patiente évadée mais ce n'était qu'une supposition. Théorie dont il venait de recevoir la confirmation. Même s'il n'avait pas eu la réponse qu'il aurait souhaitée, celle que lui fournit Lacey contenait tout de même des éléments intéressants.

"Si cela me convient ? Ce n'est pas la réponse que j'espérais mais je devrais m'en contenter pour l'instant." Répondit-il avec franchise quand Lacey lui demande s'il désirait d'autres détails.

Pendant que son ancienne patiente réfléchissait à sa question, le docteur Lynch posa son regard sur l'échiquier. Un de ces pions était bien parti pour réussir sa stratégie, ayant atteins le milieu de plateau. Pourtant, c'était maintenant que la difficulté allait se montrer. Il remarqua aussi que quasiment aucun des pions de Lacey n'avait bougé, garantissant même une bonne protection pour le roi noir. Au moins avaient-ils en commun de ne pas sous-estimer cette pièce que beaucoup considéraient comme la plus faible. Daniel redressa la tête vers la demoiselle qui lui faisait face quand celle-ci trouva finalement sa question.

"Cela fait deux questions, mademoiselle French." Commenta-t-il avec un sourire amusé.

La question que lui posa sa patiente était aussi prévisible que celle qu'il lui avait posée concernant son rêve avec le serpent. Pourtant, le psychiatre avait cru pouvoir l'éviter. Il fut un temps où Lacey s'était montré intrigué par l'obsession de son médecin pour ce rêve en particulier. Le docteur Lynch avait alors menti en disant que c'était parce qu'un autre patient avait fait un rêve similaire. L'excuse n'avait pas convaincu l'internée mais Daniel avait toujours occulté le sujet. Il avait cru que la belle aurait profité du fait qu'il ne pouvait pas mentir pour résoudre ce mystère. Cette curiosité avait-elle complètement disparu lors du changement de comportement de la patiente ? Ou alors Lacey se montrait réaliste. Les échecs avaient un côté aléatoire, même lorsqu'un joueur avait une stratégie bien préparée, il ne pouvait prédire le nombre de pièces qu'il arriverait à calculer. La demoiselle avait donc choisi la question la plus importante pour ouvrir le bal, ne sachant pas si elle aurait droit à d'autres questions. Louable de sa part et épineux pour le psychiatre.

Épineux car il avait plusieurs possibilités de réponses, même en tenant compte de sa promesse d'être sincère. L'hésitation venait surtout qu'il était incapable de prédire la réaction de son interlocutrice s'il lui avouait la vérité. Voilà pourquoi il avait gagné un peu de temps en soulignant les deux interrogations mais il ne faisait que reporter l'inévitable réponse.

"J'ignore les raisons précises de votre internement." Avoua-t-il après réflexion. "Je n'avais pas encore la direction du service à cette époque et je n'ai pas cherché à en savoir plus quand ce fut le cas. Je sais reconnaître quand une question est trop dangereuse, malgré ma curiosité."

Ce n'était pas l'envie qui lui manquait. L'évolution de cette patiente était si fascinante qu'il était difficile de se retenir de demander des renseignements supplémentaires à Regina Mills. Cependant, comme il l'avait si bien dit à son interlocutrice, il savait reconnaître une situation dangereuse. Quand on jouait sur plusieurs tableaux, il fallait éviter certaines questions pour rester en jeu car personne ne voudrait d'un pion se montrant trop curieux. Daniel avait pourtant la certitude qu'avec certaines informations, il serait décrypter cet étrange rêve. Peut-être avait-il aujourd'hui l'occasion d'obtenir les pièces du puzzle qu'il lui manquait ? Mais pour cela, il fallait capturer d'autres pièces. Au lieu de demander la reprise de la partie, le psychiatre se montra plus précis dans sa réponse. Lacey en avait fait de même juste avant et il tenait à se montrer "honnête" dans leur accord. Aussi étrange que pouvait sembler un tel mot dans les pensées de quelqu'un comme Daniel Lynch.

"Toutefois, il est plus qu'évident qu'on vous a interné en psychiatre pour vous faire disparaître." Continua-t-il. "Même si vous présentiez véritablement des signes de psychoses au début de votre internement, j'ai toujours vu votre séjour dans mon service comme une mise en garde." Il eut un mince sourire d'excuse. "Ce n'est qu'une impression personnelle, vous n'êtes pas obligé d'y croire."

Un avertissement. Peut-être se trompait-il mais c'était effectivement l'impression qui restait quand il repensait au cas Lacey French. L'avertissement que si on découvrait son manège ou s'il se montrait trop curieux, le docteur Lynch pourrait très bien se retrouver dans une cellule capitonnée comme l'avait été la demoiselle. Elle devait avoir fait quelque chose pour mériter son sort. Fouiller la où elle ne devrait pas... ou avoir un lien avec la mauvaise personne. Malgré certains points encore obscurs dans le passé de Lacey, la capacité d'analyse du psychiatre restait son point fort et il était donc certain d'être assez proche de la vérité pour apporter une réponse satisfaisante à l'interrogation de son ancienne patiente.

Estimant avoir dit tout ce qu'il savait... Du moins tout ce qui pouvait correspondre à la première question. Si Lacey voulait des détails, il lui faudrait capturer d'autres pièces pour les lui demander. Il fit un geste vers la partie qui s'était interrompu.

"Pouvons-nous reprendre la partie ?" Demanda-t-il poliment.

Daniel & Lacey



© Méphi.




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MessageSujet: Re: Give me a reason don't break you.   Give me a reason don't break you. Icon_minitimeMer 4 Sep - 9:38




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Daniel & Lacey

~ Don't break me, I have a reason ~


Je tenais à avoir des réponses à mes questions, aussi, mieux valait que les réponses aux questions soient le plus honnêtes que possible. Et puis, bien évidemment, le Docteur Lynch n’aurait aucun intérêt à me mentir s’il voulait que je sois honnête avec lui. Même si cela avait été inutile, j’avais tout de même ajouté cette précision. Après quoi, la partie put commencer. Je devais bien avouer que cette dernière était fortement intéressante car absolument aucun déplacement n’était fait au hasard. Il fallait reconnaître que le Docteur Lynch était un excellent joueur. Si comme je le supposais sa vie se résumait à une partie d’échec, cela n’avait rien d’étonnant qu’il soit bon. Il existait une théorie selon laquelle chaque être vivant était une pièce d’échec. La plupart du temps, nous n’étions que de simple pion. Du coup, pour survivre face aux pièces les plus importantes, mieux valait mettre en place une stratégie et faire en sorte qu’elle soit efficace.

Au bout du compte, j’avais été la première à capturer une pièce et le Docteur Lynch avait été le second juste derrière moi. Ayant trop de questions en tête, j’étais incapable de déterminer laquelle poser en premier. Du coup, je ne vis absolument aucun inconvénient à ce qu’il commence. Que je commence ou que ce soit lui, il n’y avait absolument aucune différence puisqu’au final, ce sera la même chose. Sa première question ne m’étonna pas puisqu’il s’agissait de celle qu’il m’avait posée pendant des jours et des jours à chaque fois qu’il venait passer du temps à mes côtés. Cependant, cette question en était venue à m’énerver, si bien que ma première réponse s’était résumée à un « non » sec et définitif. Néanmoins, je me calmais un peu afin de lui donner une réponse un peu plus complète que le simple mot qui était sorti de ma bouche. J’étais totalement honnête dans ma réponse et expliquais au mieux la progression avec laquelle ce cauchemar avait disparut.

Pourquoi s’était-il tant intéressé à mes rêves ? Allez savoir ! Soit disant parce qu’un autre de ses patients en faisait un similaire. Au début, naïve que j’étais, je l’avais cru, mais maintenant que j’y repensais, peut-être que ce patient n’était qu’un prétexte pour m’arracher le récit de ce rêve. Enfin, il n’y avait que lui qui y avait vu un fait étrange. Ce n’était qu’un rêve, non ? Certes, qu’il revienne tous les jours, c’était étrange, j’en convenais, mais je me souvenais avoir lu quelque part que les rêves que nous effectuions la nuit n’étaient nuls autres que des « résumés » de la journée du subconscient. Puisque lorsque j’étais enfermée, je vivais systématiquement la même chose, il était logique de rêver tout le temps de la même chose, non ? Et depuis que j’étais sortie du service de psychiatrie, je ne faisais plus ce rêve, ce qui confirmait exactement ma théorie. Les recherches du professeur Lynch sur le pourquoi de ce rêve n’avaient plus aucun intérêt.

Par pure politesse, je demandais si ma réponse lui convenait. Quelque part, je me doutais bien qu’il aurait souhaité que je lui réponde que oui, mais pourquoi mentir ? Les règles du jeu ont été données : pas de mensonge. Et même si je continuais à faire ce rêve, qu’est-ce que cela lui apporterait exactement ? J’avais misé juste en songeant que ce n’était pas vraiment ce qu’il espérait. Mais malheureusement, je ne pouvais pas dire le contraire juste pour lui faire plaisir. J’avais donc répondu à sa question et à la prochaine pièce, j’aurais le droit à une autre question d’une autre nature. C’était à mon tour de poser la question, mais je ne l’enchainais pas tout de suite. J’en avais tellement que du coup, je ne savais pas par laquelle commencer. Mais étant donné que nous n’allions pas y passer le reste de la nuit, je me décidais à en poser une : la raison de mon internement. La réponse à cette question pourrait peut-être m’aider à avancer et trouver l’ordre de mes réponses.

- C’est la même question, Docteur Lynch. Que vous répondiez à l’une ou à l’autre, ça reviendra au même.

Nous avions un langage assez fourni pour pouvoir poser une seule et même question tout en la formulant de différente façon. C’était la magie des mots. Mais ça, peu de personnes en comprenaient la subtilité. Le Docteur Lynch sembla méditer pendant quelques instants sur la réponse à ma question. Du coup, je ne pus que prendre mon mal en patience et attendre qu’il trouve les mots justes pour me répondre. Réponse que j’espérais positive puisqu’il me paraissait logique que la raison de mon internement soit écrite sur mon dossier. Je savais que j’en avais un. Le Docteur Lynch venait me voir avec, mais jamais je n’avais pu le consulter. Sa réponse me fit comme l’effet d’une enclume atterrissant sur ma tête si bien que je m’enfonçais légèrement dans le fauteuil sur lequel j’étais assise. Pas de raison ? C’était tout bonnement impossible ! Il y avait bien quelque chose que j’avais fait pour mériter ça, non ? On n’enfermait pas les gens sans raison !

Légèrement perdue dans mes pensées, je ne dis rien dans un premier temps. Je cherchais ce que j’avais pu faire pour être enfermée. Avais-je tué quelqu’un ? Etais-je devenue totalement paranoïaque ? Dépressive ? Agressive ? Il y avait tellement de raisons qui pouvaient être le motif de mon internement. Je songeais à tout, sauf à la suggestion du Docteur Lynch qui me fit reporter mon attention sur lui, les yeux écarquillés. Alors qu’on soit bien d’accord : je n’étais qu’une simple habitante de cette ville, je n’avais absolument rien de dangereux ni de précieux ou que sais-je encore les raisons qu’on pouvait trouver dans les thrillers ou romans policiers qui expliquaient l’enfermement de certains personnages qui étaient susceptibles de mettre des bâtons dans les roues de quelqu’un. Tout cela n’était pas logique. Et je détestais ça. Cependant, les dernières paroles du Docteur Lynch me firent comprendre une chose :

- Vous voulez donc dire que j’aurais très bien pu quitter ce foutu service de psychiatrie depuis belles lurettes, chose que je vous ai maintes fois demandé, mais à la place de quoi, vous m’avez gardé enfermée alors que je n’avais plus rien à y faire.

Ce n’était pas une question, c’était une constatation. Et il était inutile qu’il cherche à démentir cela puisqu’il venait de se vendre tout seul. Mon regard s’était légèrement assombri. Quelque chose me disait que je n’allais pas repartir d’ici d’excellente humeur, mais c’était moi qui avais voulu des réponses et le Docteur Lynch ne faisait que de me les donner. Ces réponses étaient nécessaires, aussi négatives puissent-t-elles être. Pour le coup, j’avais l’impression que ma vie était une espèce de roman policier. Vous savez, la pauvre fille qui ne se souvient plus de qui elle est, ni de ce qu’elle a fait pour vivre un véritable enfer et qui va se mettre à chercher tous les indices tel Sherlock Holmes pour comprendre tout ça. Si je découvrais réellement un jour le pourquoi du comment, j’écrirai un livre là-dessus. Après tout, ça ferait un magnifique scénario. Je hochais machinalement la tête quand le Docteur Lynch suggéra de reprendre la partie.

Je me redressais puis reportais mon attention sur l’échiquier. C’était à mon tour de jouer. Mon fou venait d’être capturé. Après quelques secondes, j’avançais un pion. Mon adversaire du moment fit bouger sa tour et la reine tandis que pour ma part, je fis avancer un autre pion. Le même mouvement fut effectué par le Docteur Lynch. Voyant légèrement d’un mauvais œil chacun de ses mouvements, je fis reculer un de mes cavaliers. Je me méfiais de chacun de ses mouvements, mais je n’ignorais pas vraiment que c’était la même chose de son côté. Un nouveau pion blanc fut bouger et un autre noir également. Puis ce fut le moment décisif où le Docteur Lynch en fit de nouveau bouger un et je capturais son pion. Je relevais la tête vers lui tandis que je plaçais le pion sur le côté, avec le fou blanc. Je ne voulais pas crier victoire trop vite parce que le jeu d’échec était un véritable jeu de hasard. On pouvait trop bien être dans de bonnes conditions pour gagner et perdre en un claquement de doigts.

- A mon tour. Quelle était la véritable raison de toutes ces expériences que vous faisiez sur moi ?

[Hors RP : J’ai avancé en tout de 9 images ^^ désolée pour la description des mouvements, notamment celle de la tour et de la reine parce que j’ai rien pigé ! MDR]


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MessageSujet: Re: Give me a reason don't break you.   Give me a reason don't break you. Icon_minitimeMer 11 Sep - 13:15





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« Le remède à l'ennui, c'est la curiosité.
La curiosité elle, est sans remède. »


Les mots étaient presque aussi fascinant à analyser que les esprits. Leurs choix n'étaient jamais innocents. Une simple nuance dans la voix pouvait complètement changer le sens d'une phrase. Le psychiatre voyait très clairement deux questions différentes mais ce n'était pas pour cela qu'il en avait fait la remarque à voix haute. Il voulait juste tester son adversaire du soir tout en gagnant un peu de temps pour formuler sa réponse. Bien que le psychiatre ignorât lui-même la véritable réponse au questionnement de Lacey sur les causes de son internement, il avait eu tout le temps pour établir ses propres spéculations sur le sujet. Sans doute que son ancienne patiente s'attendait à une réponse plus précise mais n'avait-il pas été déçu lui aussi durant sa première question sur les rêves ? En tout cas, recevoir la vérité fut un vrai choc pour la demoiselle qui s'enfonça légèrement dans le fauteuil. Un silence s'installa. Le docteur Lynch ne fit rien pour le briser, laissant son interlocutrice décortiquer les informations qu'il lui avait transmises. Quand Lacey retrouva enfin l'usage de la parole, Daniel fut visiblement déçu par la conclusion de son ancienne patiente.

"Non... Ce n'est pas ce que j'ai dit." Répondit-il sur un ton un peu trop sec. Puis il poursuivit avec un sourire ironique. "Vous me sembliez plus perspicace quand vous étiez interné dans mon service, mademoiselle French. Peut-être devriez-vous reprendre votre traitement..."

Aussi dérangeante que pouvait être cette remarque, il était sincère. En certaines occasions, le docteur Lynch avait éprouvé certains remords à devoir briser un esprit pareil. Remords qui disparaissait assez vite devant les résultats des expériences. Daniel estimait avoir laissé assez d'indices dans ses phrases pour permettre à mademoiselle French de tirer ses propres conclusions sur les raisons de son internement. Au lieu de cela, elle en conclut qu'elle aurait pu sortir à n'importe quel moment. Ce qui était faux.

Le psychiatre fut tenté de s'arrêter là. Si Lacey voulait des détails sur sa phrase en apparence énigmatique, il suffisait qu'elle étudie plus soigneusement ces paroles ou encore attendre la prochaine pièce capturée pour réclamer des précisions. Pourtant, il apporta tout de même une nuance à ses propos, gratuitement. N'y voyez rien de généreux dans ce geste, il voulait seulement s'assurer que si une situation similaire se produisait, son ancienne patiente pourrait lui renvoyer l'ascenseur, si on pouvait parler ainsi.

"Ce n'est pas parce que je vous fais l'aveu d'ignorer la véritable raison de votre internement que cela signifie forcément qu'il n'y en a pas. Et ce n'est pas parce vos troubles du début de votre internement avaient disparus que vous pouviez forcément partir." Précisa-t-il. Il continua en apportant un commentaire sur la propre théorie qu'il avait fourni en même temps que sa réponse, qu'on avait placé Lacey French dans son service pour la faire disparaître. "Vous pouvez ne pas y croire, trouvez cela illogique. Pourtant, et vous êtes bien placé pour le savoir, je me trompe rarement dans un diagnostic."

Son interlocutrice s'était assombri devant ces découvertes. Ce qui était une réaction logique. Quand on était trop curieux, il y avait toujours un risque que la vérité vous déplaise. Peut-être allait-il aussi regretter son acharnement quand il découvrira finalement quelle était l'explication de ces étranges songes que certains de ses patients et lui-même faisaient. S'il le découvrait un jour. Pour éviter que le silence s'installe de nouveau, il demanda s'ils pouvaient reprendre la partie. Lacey donna son accord avec un hochement de tête. Daniel se demanda si les révélations qui avaient assombri l'humeur de son adversaire auraient des conséquences sur la partie. Allait-elle conserver son sang-froid ou bien commettrait-elle des erreurs ? Cette interrogation se dissipa vite quand la première pièce bougea. Ces pensées se concentrèrent sur la partie. Les pions de Daniel n'avaient traversé que la moitié de l'échiquier pour l'instant. Le plus dur restant à faire, ce n'était vraiment pas le moment de se laisser distraire.

Par sécurité, le psychiatre décida d'opérer un Petit Roque, qui est un mouvement permettant d'échanger la position de la tour et du roi. Il ne fallait pas oublier de protéger la pièce maîtresse du jeu sous prétexte de concentrer tous ses efforts sur l'avancer de son groupe de pion. Après avoir échangé les pièces, le docteur Lynch jeta un regard vers son adversaire pour guetter une réaction quelconque. Cette stratégie pouvait être déroutante pour quelqu'un qui n'avait qu'une connaissance basique des échecs. Une excellente manière de juger les notions de son ancienne patiente dans ce jeu. Depuis le début, le psychiatre se demandait si Lacey jouait à l'instinct ou bien en accord avec des souvenirs qui n'avaient pas disparu contrairement à ceux liés à son passé.

La demoiselle avança un pion, Daniel en fit de même. Pendant un bref instant, le psychiatre se demanda s'ils n'étaient pas en train d'exécuter la même stratégie. Une impression qu'il soupesa mentalement tandis que son ancienne patiente faisait reculer un de ses cavaliers. Sa supposition étant plausible, il avança un de ces pions pour bloquer l'avancée du pion noir qui s'était aventuré beaucoup trop loin à son goût dans son camp. Le centre de l'échiquier étant bloqué par la bataille entre ces faibles pièces, son adversaire bougea un pion noir se trouvant à l'extrémité du plateau de jeu. Le docteur Lynch s'arrêta dans son mouvement, analysant la partie un instant. Un pion adverse était avancé et sous l'escorte d'un cavalier et d'un autre pion... Lui-même avec mettre une bonne garde autour du sien mais il fallait se rendre à l'évidence que le jeu central se retrouvait bloqué pour l'instant. Alors il concéda à un sacrifice pour se libérer la voix. Il fit bouger un pion blanc qui se retrouva automatiquement capturé.

Contrairement à la première capture, il ne fit aucun geste pour ôter le sentiment de victoire éventuelle de son adversaire. Au contraire, il quitta calmement le jeu du regard pour pouvoir écouter avec attention la prochaine question de son interlocutrice. L'interrogation ne se fit pas attendre et parlaient des expériences qu'elle avait subies. Encore un sujet épineux. Comme pour la première question, il se trouvait devant deux choix de réponse. Toutes deux représentaient une facette de la vérité, il ne mentirait donc pas quel que soit le chemin qu'il prendrait. Là encore, les mots avaient leur importance.

"La curiosité." Répondit-il.

C'était le mot qui définissait le mieux ses motivations. Sans doute que sa réponse n'allait pas être agréable à entendre, Daniel estimait souvent que personne ne comprendrait ses desseins puisqu'ils ne correspondaient pas aux valeurs morales classiques. Le docteur Lynch n'entrait pas dans la catégorie des fous voulant absolument convaincre les gens qui l'entouraient que sa définition du monde était juste. Il pouvait bien sûr, trouver des prétextes convaincants puisque jouer avec les mots et jauger les autres pour savoir quel opinion trouveraient grâce à leurs yeux constituaient des parties importances de son travail. En dehors de cela, il avait conscience que ses expériences pourraient s'apparenter à de la folie, voilà pourquoi il le cachait. Ce qui le rendait plus dangereux que les autres malades mentaux qui restaient convaincu d'être sain d'esprit.

"L'esprit humain et ses mécanismes de défense m'ont toujours fasciné et le vôtre est particulièrement réceptif aux médicaments. Ce qui faisait de vous la candidate idéale." Continua-t-il. Il marqua une pause, pour réfléchir mais surtout parce qu'il hésitait à poursuivre. Devait-il remettre les rêves sur le tapis ? Ce détail faisait inévitablement partie de la réponse puisque Lacey lui avait demandé la raison des expériences. Dès que les songes avec le serpent avaient commencé, ces expériences s'étaient recentrés vers le but d'arracher d'autres détails sur eux. Le psychiatre poussa un bref soupir. "Et puis, il y avait vos rêves..."

À peine avait-il finit sa phrase qu'il reprit le jeu sans attendre le consentement de son adversaire en plaçant son cavalier en face du pion noir qui avait bougé en dernier. L'importance qu'avaient les rêves pour lui n'entrait pas dans le cadre de la question posée et le psychiatre laissait ainsi clairement entendre en reprenant la partie qu'il faudra attendre une autre pièce capturée si cette partie de sa réponse l'intéressait. Lacey répliqua avec un Petit Roque, échangeant elle aussi la place de deux pièces. Il était quelque peu frustrant de ne pouvoir tirer de conclusion de ce mouvement. Lacey pouvait très bien l'avoir fait parce que Daniel avait montré que ce déplacement particulier était possible et non parce qu'elle le connaissait réellement. De toute façon, il ne s'attarda pas sur cette pensée puisqu'il venait de voir une possibilité de la prise d'une pièce. Le psychiatre prit un des pions noirs qui se retrouvait au centre du jeu avec son cavalier. Son visage resta aussi imperturbable que d'ordinaire. Comme son adversaire, il savait que la capture d'une pièce ne voulait pas forcément dire que la partie était en bonne voie d'être gagnée. Dans le meilleur des cas, ils étaient à égalité.

"Mademoiselle Yang vous a-t-elle expliqué pourquoi elle vous avait fait évader de mon service ?" Questionna-t-il en rangeant le pion noir sur le côté.

Ce détail l'avait toujours intrigué. Pourquoi la nouvelle kiné avait-elle choisit cette patiente en particulier ? Y avait-il un lien entre eux ? Ne pouvant obtenir des réponses de la part de l'ancienne guerrière, peut-être obtiendra-t-il un début de piste de la part de son ancienne patiente.

Daniel & Lacey



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Hrp : je me suis permis d'avancer un peu la partie comme c'était moi qui capturait la pièce suivante, j'espère que çà ira. J'ai avancé de trois images par rapport à toi.
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MessageSujet: Re: Give me a reason don't break you.   Give me a reason don't break you. Icon_minitimeMer 25 Sep - 21:52




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Daniel & Lacey

~ Don't break me, I have a reason ~


J’essayais tellement de comprendre pourquoi on m’avait enfermé et surtout pourquoi on n’avait jamais voulu me laisser sortir. Je n’allais pas très loin dans ma réflexion, je ne faisais que répéter ce que le docteur Lynch me disait. Après tout, ce qu’il venait de dire ne laissait pas vraiment place à la réflexion pour essayer d’interpréter tous les sens possibles de la phrase. N’importe qui en serait venu à la même conclusion que moi : j’allais très bien, mais on voulait me garder enfermer. Je ne me souvenais plus du nombre de fois où je l’avais supplié de me laisser sortir ainsi que le nombre de fois où il m’avait répondu « on verra » ou bien quelque chose dans ce gout-là. S’il y avait une chose qu’on ne pouvait pas lui retirer, c’était qu’il était très convainquant quand il mentait ou bien quand il essayait de nous faire croire qu’il allait tout faire pour qu’on puisse sortir. Moi, je l’avais naïvement cru pendant un bon nombre de fois avant de finalement ne plus y croire et me faire une raison.

Même si je m’attendais à ce qu’il me donne les raisons de mon internement. Ce qu’il venait de m’apprendre restait tout de même très intéressant. J’avais fait quelque chose à quelqu’un, mais je n’avais plus aucun moyen de le savoir puisque j’avais perdu la mémoire. Comment l’avais-je perdu ? Je ne le savais pas. On ne m’avait jamais dit si j’avais reçu un choc, ou bien si je m’étais cognée quelque part… Bref. Le Docteur Lynch m’affirma que ce n’était pas ce qu’il avait voulu dire. Or, je trouvais qu’il n’y avait pas trente-six façons de comprendre ses paroles. De toute façon, entre lui et moi, je doutais qu’un jour nous pourrions nous entendre ou bien partager le même avis sur quelque chose. Nous étions bien trop différents et puis, je ne voulais pas ressembler à cet homme. Plutôt mourir dix fois que de vouloir une vie comme la sienne. Sérieusement, elle me semblait bien pauvre. Je serais prête à parier qu’il n’avait jamais gouté aux plaisirs d’une vraie fête.

Je manquais de lui jeter l’échiquier dans la tête quand il parla de ma perspicacité. Pour refouler cette envie soudaine, je serrais les poings et tentais de maîtriser ma respiration. Ne pas craquer, ne pas le frapper. Je risquais de retourner en internement illico presto si je faisais preuve de violence. Et je ne voulais pas donner une bonne raison pour le Docteur Lynch de me faire à nouveau enfermer. Il serait trop content d’y arriver. Et il pourrait reprendre ses petites expériences sur ma personne. Or, plus personne ne me ferait vivre un tel enfer. C’était une promesse que je m’étais faite quand Sun m’avait sorti de là. Je continuais néanmoins de le fusiller du regard. Il avait tout de même une certaine chance que je sois un minimum civilisée, sinon, il aurait déjà pris extrêmement cher.

- Faites attention à ce que vous dites… l’avertis-je. N’oubliez pas que si j’en suis là aujourd’hui, c’est à cause de vous et personne d’autre.

C’était à cause de ses traitements que je m’étais renfermée et que je m’étais créée une carapace. Et je n’arrivais pas à m’en débarrasser. Peut-être était-ce mieux ainsi ? Maintenant, ce qui était certain, c’était que je me méfiais de tout le monde. Je n’étais plus prête à me faire avoir. S’en était fini d’être une petite fille naïve qui croit en la bonté de tout le monde. Je m’étais rendue compte qu’on avait tous une part de noirceur en nous et cela s’était avéré beaucoup plus vrai que prévu. Même moi, j’étais loin d’être aussi gentille qu’on le pense. Le Docteur Lynch prit tout de même le temps de me préciser qu’il y avait tout de même une raison à mon internement. Je voulais bien le croire, mais je ne m’en souvenais plus pour pouvoir contredire cette vérité ou bien la nuancer. Pourtant, quand il m’avait dit que si j’avais été enfermée c’était pour me faire disparaitre, je ne voyais pas quoi penser d’autre que le fait qu’on ne voulait pas que j’arpente les rues de Storybrooke…

- Si on part de ce principe là, on ne laisse jamais sortir personne. Figurez-vous que je suis en parfaite santé et que je me sens extrêmement bien ; preuve que j’étais apte à sortir. Mais si j’avais dû attendre après vous, je suis certaine que je serais encore entrain de moisir en psychiatrie !

Je ne relevais pas ses paroles sur les diagnostics qu’il pouvait faire. J’étais et je resterai persuadée qu’il s’était trompé sur moi et qu’il avait fait exprès de me vivre un véritable enfer pour que je devienne folle à lier. Enfin, j’avais eu mes réponses et nous pouvions reprendre la partie. Après quelques mouvements, je réussis à prendre un nouveau pion à mon adversaire et je lui posais la troisième question qui me trottait en tête depuis un bon moment. Pourquoi ses expériences ? Honnêtement, je ne savais pas grand-chose de la médecine en générale et encore moins de la médecine psychiatrique, mais je doutais des soi-disant traitements qu’il m’avait fait subir. Je m’attendais à ce qu’il m’avoue son sadisme et sa joie de me faire souffrir, mais certainement pas à sa réponse. La curiosité ? Rien que ça ? Alors quoi ? J’étais devenue une espèce de rat de laboratoire à qui on faisait vivre toute une série de traitement pour voir lequel fonctionnait le mieux et lequel faisait le plus de dégâts ?

Plus j’en apprenais sur mon compte, plus je commençais à me dire qu’il aurait peut-être mieux valu pour moi ne rien savoir. Or, c’était tout simplement impossible. J’étais trop curieuse et j’aurais été incapable de rester sans savoir. Je préférais connaître la vérité plutôt que de rester dans l’ignorance et me faire ma propre opinion de la chose sans savoir si j’étais dans le vrai ou dans le faux. Visiblement, je ne m’attendais pas du tout aux réponses que le Docteur Lynch me donnait, mais je n’avais pas le choix que de les accepter puisque nous étions tombés d’accord pour dire la stricte vérité. La continuité de ses paroles ne fit que me confirmer ce que je pensais déjà : j’étais un malheureux rat de laboratoire. Comment pouvait-on réduire une personne à ce stade-là ? Etait-ce toujours ainsi qu’il me voyait ? Un rat qui avait servi à ses pulsions maladives qui relevaient de la folie ? S’il y avait quelqu’un à interner dans cette pièce, ce n’était surement pas moi, mais lui !

- Vous êtes vraiment un grand malade, déclarais-je le plus posément possible.

Avec des personnes comme lui, crier, hurler ou s’égosiller, ça ne servait à rien puisqu’au contraire, ça ne faisait que les ravir encore plus. J’étais certaine qu’il n’attendait que ça. Allez savoir pourquoi… Peut-être que je me trompais, mais je préférais me méfier. Avec tout ce qu’il m’avait fait vivre, cela ne m’étonnerait pas qu’il veuille faire en sorte que je retourne dans son service. Et si en plus de ça, je lui donnais l’occasion d’y arriver… A nouveau, les rêves revinrent sur le tapis. Ne pouvait-il pas comprendre que les rêves n’étaient que des images du subconscient qui faisaient revivre à la personne sa journée passée ? C’était normal que je fasse tout le temps le même puisque je vivais tous les jours la même chose ! A présent, que j’étais sortie de l’hôpital et que je vivais une vraie vie, je n’en faisais plus ou bien j’en faisais d’un autre genre. Ces rêves, c’était de l’histoire ancienne. Mais qu’il s’y accroche à ce point, ce n’était pas normal…

Sauf que je n’eus pas le temps de faire la moindre remarque car il reprit la partie là où nous l’avions laissé quand j’avais capturé une de ses pièces. Puisque c’était à lui de jouer, j’attendis tranquillement mon tour. J’effectuais un échange de place avec mon roi. Je préférais le mettre à l’abri avant qu’il ne lui arrive quelque chose. Une possibilité s’offrit au Docteur Lynch. Je me doutais bien que ce pion-là était en danger, mais je ne l’avais pas bougé de place. Ce n’était qu’un pion. Mais parfois, je devais bien avouer qu’ils étaient importants. Sauf que celui-ci ne représentait pas grand-chose pour moi. Peut-être m’en mordrais-je les doigts ? Mais je ne pouvais pas empêcher chacun de mes pions de se faire capturer. C’était impossible. Je relevais la tête vers mon adversaire pour connaître sa question qui ne tarda pas à venir : la raison de l’aide de Sun. J’aurais dû m’en douter qu’il s’intéresserait à ça.

- Elle m’a simplement dit que je n’avais rien à faire enfermée, répondis-je simplement.

Je ne savais rien d’autre. C’était la seule explication qu’elle m’avait donné. Avant cette nuit-là, je ne l’avais jamais vu de ma vie, donc je ne savais pas ce qui avait réellement poussé cette femme à me faire sortir de l’hôpital. Elle ne me connaissait pas non plus, tout du moins, c’était ce qu’elle m’avait dit. Mais comment avait-elle fait pour être certaine que je n’avais rien à faire dans le service psychiatrique ? C’était un grand mystère. Peut-être devrais-je lui poser cette question. Me répondrait-elle ? Je n’en savais rien. De toute façon, le pourquoi elle m’avait aidé ne m’intéressait pas réellement. Je la croyais volontiers quand elle affirmait que j’étais parfaitement saine d’esprit. Moi-même j’en étais convaincue. Enfin, si le professeur Lynch souhaitait en savoir plus, il allait malheureusement être déçu.

- C’est la seule explication qu’elle m’a donné et je n’ai pas cherché plus loin.

Estimant que j’avais répondu à sa question, je reportais mon attention sur la partie d’échec. C’était à mon tour de jouer. Je déplaçais de nouveau un de mes cavaliers, le plaçant juste derrière celui du Docteur Lynch. Ce dernier bougea sa tour tandis que je bougeais un des pions. Le cavalier blanc recula et je continuais de bouger mes pions. Au fur et à mesure des mouvements que faisait le Docteur Lynch, je me rendais compte que j’avais réellement affaire à quelqu’un qui savait plus que bien jouer aux échecs et gagner cette partie ne serait pas une mince affaire. Néanmoins je ne perdais pas espoir. Après tout, c’était aléatoire comme jeu. On ne pouvait pas gagner deux fois de la même façon. Ou alors cette probabilité était extrêmement mince à côté des différentes parties d’échecs qu’on pouvait jouer. Chaque mouvement dépendait des mouvements de la personne installée en face de nous. J’ignorais totalement ce que j’avais à perdre ou à gagner, mais je ne me laisserai pas vaincre aussi facilement.

Il fallait croire que le Docteur Lynch se concentrait exclusivement sur son cavalier puisque c’était cette pièce qu’il avait principalement boudé depuis la reprise de notre partie. Pour ma part, je sortis un nouveau pion. Nouveau mouvement du cavalier blanc et j’en profitais pour capturer cette pièce avec mon dernier fou. Fou qui se fit ensuite prendre par un des pions blancs de mon adversaire. C’était bien jouer ! La partie se resserrait de plus en plus, mais je n’étais nullement inquiète.

- Cela nous fait à nouveau deux questions chacun. Je commence, puisque cette fois-ci, je sais très bien quelle question poser.

Tout se déliait progressivement dans ma tête, donc c’était plus facile après la première question posée. Néanmoins, la question que je voulais lui poser n’avait strictement rien à voir avec celles dont j’avais pensé au début. Mais puisqu’il ne faisait que remettre les rêves sur le tapis, cela voulait dire qu’il y avait forcément une signification et j’étais bien déterminée à savoir pourquoi il s’y intéressait tant. A présent, j’étais persuadée que son explication selon laquelle un autre patient faisait le même rêve était bidon. Je savais quand on me mentait mais comme à l’époque, je n’étais pas en position de force, je n’avais pas vraiment été chercher plus loin, lui laissant tout de même le bénéfice du doute. Mais puisqu’aujourd’hui nous étions à égalité, je n’allais pas me gêner pour savoir pourquoi il s’y intéressait tant que ça.

- Quand je vous ai demandé pourquoi vous vous intéressiez à mes rêves, vous m’avez répondu que c’était parce qu’un de vos patients en faisait un similaire. Vous mentiez et de ça, j’en suis quasiment certaine. Etes-vous le soi-disant « patient » ?

[Hors RP : Alors, j’ai avancé de 10 images ^^ tu m’en voudras pas d’avoir fait « jouer » Danny ? Comme ton personnage capturait un de mes pions directement après, j’ai préféré avancer =)]


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MessageSujet: Re: Give me a reason don't break you.   Give me a reason don't break you. Icon_minitimeVen 4 Oct - 22:56





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« Le remède à l'ennui, c'est la curiosité. La curiosité elle, est sans remède. »


Sa remarque sur l'éventualité d'une reprise du traitement afin d'améliorer la perspicacité de son ancienne patiente déplut à Lacey French. Daniel observait avec une certaine satisfaction camouflée les poings de Lacey se serrer devant ce trait d'esprit et le regard incendiaire qu'elle lui lança ensuite. Il était toujours fascinant d'observer les réactions que pouvaient provoquer des mots bien choisis. À quel point un calme apparent pouvait s'avérer fragile. Lorsque la demoiselle lui fit remarquer que c'était de sa faute si elle en était là aujourd'hui, le psychiatre se contenta de lever un sourcil en un commentaire muet qui pouvait signifier : personne d'autre, vraiment ?
Commentaire qu'il ne formula pas à voix haute, préférant donner d'autres éléments de réponse à celle qui venait de capturer une de ses pièces.

Le docteur Lynch aurait pu continuer de garder le silence pour laisser le temps à Lacey d'analyser à loisir ces paroles. Sauf que la demoiselle avait déclaré qu'elle se sentait bien, ce qui était une preuve qu'elle était apte à sortir de l'asile où elle avait été interné. Cette remarque si naïve pour lui n'était nullement un argument et il ne put empêcher une allusion pleine d'ironie de franchir ses lèvres.

"Et si toutes les personnes estimant "aller bien" étaient remises en liberté, les hôpitaux et les prisons seraient désespérément vides."

Même si Lacey avait vu juste sur la fin de sa phrase, déclarer qu'il suffisait à s'estimer "sain d'esprit" pour ne pas être réellement atteint de troubles mentaux était un raccourci facile. Pire, une insulte à sa profession. La perte de mémoire de la demoiselle n'était-elle pas un signe que quelque chose continuait de clocher ? Daniel préféra écarter ce débat inutile de son esprit pour se concentrer sur la partie. Le psychiatre avait consenti à un sacrifice pour empêcher l'avancer d'une pièce adverse un peu trop dangereux à son goût, ce qui donna à son adversaire l'occasion de poser une autre question.
Sans surprise, les expériences qu'il lui avait fait subir étaient au centre de cette nouvelle interrogation. Le docteur Lynch soupçonna qu'à nouveau, la réponse déplairait à son interlocutrice. Oh, le psychiatre pouvait certainement trouver une explication plus apaisante à tout cela mais il avait promis de dire la vérité. Et c'est cela que Lacey French obtiendra, que les réponses lui plaisent ou non.

Daniel était aussi curieux de nature que l'ancienne princesse qu'il avait servie dans une autre vie. Alors qu'elle lui déclara qu'il était un "grand malade", le psychiatre essayait d'imaginer à quoi s'était attendu la demoiselle. Bien qu'il retirait un certain plaisir à voir ces cobayes lentement sombrer sous le coup des médicaments prescrits, il n'a jamais considéré ce sadisme comme sa motivation principal. Plutôt comme une sorte de... bonus attenant.

"Vous vous attendiez à une autre réponse, peut-être ?" Questionna-t-il innocemment.

Sur cette dernière remarquée, il reprit la partie sans demander l'autorisation à son adversaire. Il estimait avoir répondu avec précision à la question de Lacey. Pendant ce bref échange, le docteur Lynch se demanda si lui et Lacey n'essayaient pas de faire aboutir la même stratégie. Un des pions adverses entamait son avancée à travers l'échiquier. Daniel ne sous-estimait pas cette pièce en apparence fragile et saisit aussitôt la possibilité de la capturer. Lui donnant ainsi le droit de poser une autre question. Le prochain sujet était une évidence. Puisque Lacey avait arrêté de faire cet étrange rêve qui intéressait tellement le psychiatre, la curiosité du docteur Lynch se reporta automatiquement vers un autre mystère : la raison de cette évasion.

Là encore, les paroles de l'ancienne princesse provoquèrent une déception qu'il masquât du mieux possible. L'explication fournie semblait vague. Beaucoup trop. Pourtant, il ne douta pas de la sincérité de son interlocutrice. Ce n'était pas un mensonge. Simplement, Lacey n'avait pas cherché plus loin. Vraiment dommage.

"Je vous croyais plus curieuse que cela, mademoiselle French." Nota-t-il avec patience. "Une parfaite inconnue vous fait évadée et vous ne vous posez pas plus de questions ?"

Une parfaite inconnue ? Daniel en doutait. Quand la kiné avait visité son service, il lui avait semblé qu'elle avait regardé la cellule de Lacey avec une attention particulière. Se connaissaient-elles ? Voilà qui expliqueraient bien des choses. Sauf que, comme d'habitude lorsqu'il semblait à deux doigts de trouver la solution, un petit détail clochait. Sun Yang venait d'arriver à Storybrooke. Un lien entre l'asiatique et la patiente semblait dès lors peu probable. Il était vraiment agaçant d'avoir l'impression d'être à la fois si proche est si loin de la vérité.

La partie d'échecs reprit, laissant en suspens tous les doutes et questionnement que le jeu pouvait laisser pour passer à un autre niveau. Son adversaire bougea un de ces cavaliers noirs. Daniel bougea sa tour pour faire face à cette nouvelle menace. Au lieu de mettre son cavalier en sécurité, Lacey bougea un de ces pions pour assurer la position de sa pièce en danger. Le psychiatre aurait pu prendre sans problème le cavalier noir avec sa tour blanche, mais celle-ci se serait trouvé immédiatement capturer à son tour par le pion adverse. Même si tout le plaisir des échecs était la notion de sacrifice pour atteindre son but, le docteur Lynch jugea qu'il était encore trop tôt pour sacrifier cette pièce importante, alors il mit le pion noir en danger en faisant reculer un de ses cavaliers. Même si cela pouvait s'apparenter à première vue à une manœuvre de retraite, cette pièce était dans une position idéale : pouvant à la fois défendre la tour blanche et attaquer le pion noir qui défendait le cavalier de Lacey.

Sa visiteuse bougea un de ces pions pour mettre 'en joue' le cavalier. Plus qu'aucun autre moment, cet instant de la partie était fascinant à observer et à jouer. Chaque mouvement coupait l'herbe sous le pied à son adversaire, dans une synchronisation qu'on aurait pu croire préparer à l'avance. Il était évident que Lacey n'avait pas seulement "quelques notions" de ce jeu. Dans le cas contraire, elle aurait déjà commis des erreurs. Agissait-elle à l'instinct ou bien suivait-elle une stratégie bien préparée comme lui ? Daniel Lynch regretta de nouveau de ne plus avoir son ancienne patiente à disposition pour de nouvelles expériences. Leur jeu venait de dévoiler des choses intéressantes qu'il ne pourra sans doute jamais exploité. La victoire ne semblait plus aussi certaine qu'avant mais Daniel gardait confiance, la méthode qu'il appliquait était peu courante et il pensait garder l'effet de surprise pour lui.

Le psychiatre mit son cavalier hors de danger tout en empêchant l'avancer du pion noir en se plaçant en face de lui. Inévitablement, Lacey déplaça aussi un pion pour menacer à nouveau le cavalier. Se retrouver traqué par des pions avait quelque chose d'ironique. Daniel aurait préféré se concentrer sur l'avancée de ces pièces maîtresses mais il se devait de préserver son cavalier autant que possible, bien qu'il sût qu'il ne pourrait sauver cette pièce indéfiniment. Il plaça son cavalier en face de la reine noire. Un simple test pour voir si l'impatience de capturer le cavalier pousserait Lacey à faire des erreurs. Si la reine capturait le cavalier en face de lui, elle se ferait à son tour prendre par le pion blanc. Malheureusement, se fut Daniel qui fut pris à son propre piège puisqu'il n'avait pas vu qu'il venait de livrer son cavalier dans les bras du fou noir. Ce que Lacey fit. Malgré ce contre-temps, le docteur Lynch appliqua son plan en capturant le fou avec le pion blanc. C'était une pièce moins puissante que la reine convoité mais cette capture lui donnait ainsi le droit à une question.

Son pion le plus avancé n'était plus qu'à deux rangs du bout de l'échiquier. L'objectif tant attendu. Mais il se retrouvait à la merci de la reine noire et sans aucune protection. Voilà qui allait rendre la suite de la partie intéressante. Pour l'instant, l'heure était aux questions. Une chacun, comme le souligna Lacey avant de poser la sienne.

Le docteur Lynch se doutait bien que son interlocutrice allait utiliser la sincérité contrainte de leur marché pour aborder cet aspect des rêves qu'il avait toujours caché. Prétendre qu'un patient faisait les mêmes rêves était un prétexte bien commode. Il justifiait ses recherches tout en conservant la distance entre un patient et son médecin qu'il s'évertuait toujours de conserver. Daniel aurait pu redouter cet instant, ces songes particuliers étaient quelque chose qu'il n'avait avoué à personne. Pourtant, ce ne fut pas le cas. Il avait aiguillé volontairement la conversation autour de ce sujet. Le psychiatre préférait de loin devoir faire ce genre de confessions plutôt qu'à devoir répondre à des questions plus embarrassantes au sujet de l'internement de Lacey French.

"Cela semble si évident avec le recul, n'est-ce pas ?" Commenta-t-il avec un mince sourire amusé.

Puis, alors qu'il avait toujours consacré une attention entière à son adversaire du soir, il détourna le regard et c'est sur le ton de celui qui était perdu dans ces pensées qu'il continua sa réponse.

"J'ai fait ce rêve, le jour juste avant celui où vous en avez fait le récit pour la première fois. Curieux, non ? Je ne vous cache pas ma surprise quand j'ai remarqué à quel point les deux rêves étaient similaires. Plus que similaire, d'ailleurs. Il n'y avait pas le serpent dans le mien mais le reste était identique. Jusqu'à dans les détails de votre tenue durant le songe."

C'était ce dernier détail, qu'il avait lâcher sans le vouloir lors de leur première séance à propos des rêves qui l'avaient convaincu que quelque chose clochait. Avant cela, Daniel Lynch n'avait cru que ces rêves n'étaient que des songes classiques, trahissant le stress de son métier. Que Lacey French y soit était normal puisqu'elle était une de ces patientes. çà ne pouvait être lui qui influençait sans le vouloir les songes de la belle puisque l'ancienne princesse avait fait mention de détail qu'il avait gardé sous silence. C'était vraiment très étrange, semblant défier la logique que le psychiatre chérissait tant.

"Et puis, un jour que je creusais la question... vous avez eu des réactions étranges aux médicaments injectés." Continua-t-il, en regardant de nouveau son interlocutrice dans les yeux.

Cette dernière information devait sembler bien curieuse aux oreilles de son ancienne patiente. Il devança les éventuelles interrogations que Lacey aurait pu formuler suite à cette déclaration.

"Ne cherchez pas dans votre mémoire, mademoiselle French, j'ai fait en sorte que ce petit accident y soit effacé." Continua-t-il.

Dommage que la malade ne se souvienne pas de la seule fois où le docteur Lynch avait perdu son calme. La demoiselle était dans un tel état de rage durant cette expérience qu'il avait dû appeler des infirmiers pour la maintenir pendant l'injection du tranquillisant. La décision du psychiatre face à cette crise inhabituelle avait été rapide, il avait plongé la patiente plus loin dans son trouble grâce à des nouvelles injections, afin que cet accident devienne totalement flou dans les souvenirs de Lacy French. Une illusion de plus dans son cerveau déjà bien embrumé par la médication.

"Durant cette crise, vous sembliez réellement croire que nous nous connaissions avant votre internement. Ce qui est impossible. Vous parliez de... trahison. Le rêve n'aurait été alors qu'une sorte de souvenir en commun."

On sentait bien qu'il trouvait sa dernière supposition absurde. Même s'il taisait encore certaines informations qu'il avait su récolter avant que Lacey ne se ferme totalement à son traitement. Comme par exemple, qu'avant que cette crise n'avait eu lieu, le serpent avait pris lentement l'apparence du psychiatre à mesure que les dosages se précisaient. Daniel n'avait pas exprimé ce détail à voix haute, tout simplement parce qu'il n'en était pas certain de la pertinence. À ce moment-là de l'expérience, sa patiente était sous l'effet du puissant psychotrope. Tout ce qu'elle avait déclaré à partir d'un certain point n'était pas à prendre pour argent comptant. C'était certainement la présence du psychiatre dans la pièce qui avait forcé Lacey à associer le serpent avec lui. Uniquement cela. Ce n'était donc pas utile de le dire.

Cette désagréable confession faite, Daniel prit le temps de retirer ses lunettes pour les nettoyer. Un geste qu'il faisait toujours quand il était en proie à de réelles interrogations. Et sa question lui posait justement des problèmes. Toutes les réponses qu'il avait obtenues jusqu'à présent étaient décevante ou soulevait à leur tour un plus grand nombre d'interrogations. Il serait de "bon ton" qu'au moins une partie de sa curiosité se retrouve rassasiée par leur accord. Pour çà, il fallait trouver la bonne question. Celle qui obtiendrait à coup sûr une réponse.

"Si vous n'avez pas d'autres questions, c'est à mon tour d'en poser une, il me semble." Commenta-t-il en remettant ses lunettes sur le bout de son nez.

Il avait une bonne idée sur le sujet. Restait à trouver la manière de la formulée.

"Je serais curieux de connaître quel est votre nouveau rythme de vie, maintenant que vous êtes libre ?"

Cette question pouvait surprendre, voire même faire croire que le psychiatre en était venu à cette interrogation banale car il était à court d'idées. Pourtant, la réponse avait un réel intérêt pour Daniel. Pour lui, l'expérience continuait. Elle prenait juste une tournure inédite et les résultats se retrouvaient plus durs à collecter maintenant que Lacey se retrouvait hors de son service. Durant son petit séjour en psychiatre, il avait vu l'ancienne princesse changer de comportement, se refermant sur elle-même. Depuis son évasion, le docteur Lynch s'était toujours demandé quel avait été la réaction de la jeune fille face à un environnement extérieur auquel elle s'était retrouvé privée pendant des années. Quel état sa vie à présent ? Restait-elle enfermer chez sa bienfaitrice ? Daniel en doutait en voyant la tenue et le comportement de sa visiteuse. Avait-elle repris contact avec sa famille ? Avait-elle réussi à se réinsérer dans la vie active ? Autant de questions qui avaient plus de chances d'obtenir une réponse que ses autres tentatives.

Daniel & Lacey



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MessageSujet: Re: Give me a reason don't break you.   Give me a reason don't break you. Icon_minitimeJeu 17 Oct - 21:43




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Daniel & Lacey

~ Don't break me, I have a reason ~


Le docteur Lynch mettait mes nerfs à rude épreuve. Il savait exactement taper là où ça faisait mal et pour ça, je lui en voulais énormément. Il me connaissait beaucoup trop et ce, grâce aux mois (et peut-être aux années) que j’avais passé enfermée dans une des chambres avec pour seule vue extérieure une minuscule fenêtre que je n’atteignais qu’en me mettant en équilibre sur ma couche. Néanmoins, je préférais ne pas relever cette remarque de sa part et me concentrer sur ce qu’il se disait. En aucun cas je ne voulais lui donner une excellente raison de m’enfermer à nouveau. Il y en aurait certains qui seraient trop heureux de me voir retourner là d’où je venais. D’autres moins, bien sur. Comme Sun, par exemple, qui avait quand même risqué assez gros pour me sortir de l’hôpital alors que rien ne l’y autorisait. Ce qui était étonnant, c’était que personne ne semblait s’être bougé les fesses pour venir sonner à sa porte afin de venir me chercher. C’était ce qu’on faisait, normalement, non ? Mais je n’allais pas m’en plaindre. J’étais libre et le docteur Lynch ne pouvait plus rien contre moi. C’était ma seule satisfaction, pour le moment.

Ma situation actuelle, je la lui devais. Je savais qu’il en avait parfaitement conscience. Mais à en juger la tête qu’il faisait, c’était comme si je lui annonçais que c’était aussi de ma faute. Je n’avais rien demandé à personne, moi ! Je n’avais pas demandé à me faire enfermer et surtout, je ne me souvenais pas de la raison pour laquelle je m’étais retrouvée là-bas ! Même lui ne le savait pas. Alors tant que personne ne pourrait répondre au moins à cette question, et bien je considérerai le docteur Lynch comme l’unique coupable de ce que j’étais devenue. Au fond, cette nouvelle situation pouvait se montrer légèrement bénéfique, mais je ne souhaitais à personne de vivre ce que j’avais vécu. Personne ne le méritait, même le plus malade d’esprit. L’homme que j’avais en face de moi était un sadique et il n’y avait pas besoin de faire de grandes études pour le savoir. Il n’y avait qu’à le regarder pour savoir que quelque chose ne tournait pas rond dans sa tête. Par contre, moi, je ne m’étais jamais sentie aussi bien que depuis que j’étais sortie du service de psychiatrie. D’ailleurs, je ne me cachais pas pour le lui dire. Bien sur, comme il fallait s’en douter, il avait réponse à tout…

- Vous insinuez donc que la société fait exprès de maintenir les gens enfermés pour occuper le personnel ? Si c’est bien le cas, je peux facilement comprendre que vous êtes tous extrêmement bas d’esprit.

Plus cette conversation avançait, plus je me rendais compte à quel point le docteur Lynch était sans aucun doute beaucoup plus malade que moi sur le point psychiatrique. Je venais d’apprendre que je n’étais qu’un simple rat de laboratoire et honnêtement, je ne m’étais jamais sentie aussi humiliée de toute ma vie. Mon égo venait sérieusement d’en prendre un coup et je lui déclarais que c’était un grand malade. Sa réponse m’énerva encore plus si bien que je me mordis la langue pour ne rien dire. Si les choses continuaient de cette façon, j’allais finir par commettre un meurtre. Tant pis si je retournais en psychiatrie après, personne ne pouvait être pire que l’homme qui se tenait en face de moi. Et avec un peu de chance, je sortirais beaucoup plus vite. A force de chercher, il allait finir par me trouver et honnêtement, ce n’était pas non plus le but de ma visite. Et dire que nous étions censés être des gens civilisés… Ce monde-là n’était pas prêt d’exister. C’était une bien triste réalité et il fallait s’en accommoder. Le monde des bisounours n’existait pas et franchement, ça faisait un petit moment que je n’y croyais plus.

Nous en vînmes à la raison de mon évasion. Ou plutôt ce qui avait poussé Sun à me faire sortir de là. Malheureusement pour lui, je n’avais pas de réponse croustillante à lui offrir. Je lui répétais simplement ce que mon amie m’avait dit quand je lui avais demandé pourquoi elle m’aidait : ma place n’était pas dans cet hôpital. Je l’avais cru bien volontiers parce qu’elle était la première à ne pas penser que je n’étais pas folle, ce qui m’avait rassuré sur ce dont je croyais déjà. On me gardait aussi contre ma volonté et il n’y avait rien de pire que de ne pas être doté de volonté propre. Je me doutais bien que mes réponses le décevaient. Mais les siennes me décevaient tout autant. Et pourtant, ce n’était là que la triste réalité. En fait, je commençais à croire que lui comme moi attendions beaucoup de l’autre, chose qu’on n’était pas en mesure de fournir. Il pourrait me mentir pour me satisfaire tout comme moi je pourrais faire la même chose, mais nous étions tombés d’accord pour être honnêtes. Mentir ne nous servirait à rien de toute façon et apprendre des mensonges n’étaient pas le but de la manœuvre.

- J’en ai une bonne pour vous : votre médecin préféré vous fait mille et une promesses d’une sortie future mais il ne vous l’accorde jamais. Vous ne vous poserez pas plus de questions ?

C’était là ma façon de lui dire que du moment que j’obtenais ce que je voulais, le reste m’importait peu. Et puis, même si Sun était kinésithérapeute, elle restait tout de même médecin. Donc quelque part, c’était sous le conseil d’un médecin que j’étais sortie de là. Certes, pas le mien, mais ce n’était qu’un détail. A présent, j’étais profondément redevable envers Sun car elle m’avait permise de réaliser mon vœu le plus cher. J’étais prête à tout pour elle, si jamais elle avait besoin de moi. J’avais une dette envers elle. J’ignorais encore comment j’allais pouvoir faire pour la lui rendre, mais je trouverai bien. Quoi que je pourrais difficilement faire autant qu’elle car non seulement elle m’avait aidé à m’échapper de l’hôpital, mais en plus, elle m’avait offert un toit. Sans en parler à son colocataire, certes, mais en attendant, j’étais logée, nourrie et blanchie, même si ce n’était pas toujours très reluisant avec Nafanaïl. N’ayant absolument rien d’autre à lui répondre, je préférais reprendre la partie d’échec là où nous l’avions laissé. Après une série de mouvements, je fus la première à capturer un pion du docteur Lynch et celui-ci captura mon fou. Ce qui nous faisait une question chacun, comme la première fois. Sauf que cette fois-ci, je fus la première à poser ma question.

Ma question concernait le rêve que j’avais fait au quotidien. Je voulais savoir pourquoi il s’y intéressait tant et l’éventualité qu’il m’ait menti en me disant qu’un autre patient faisait le même rêve que lui m’était de plus en plus grande. Si, en effet, un autre patient avait fait le même rêve, il m’aurait écouté avec beaucoup moins d’attention que ce dont il avait fait preuve à chaque fois que je parlais. Du coup, j’avais commencé à croire que le dit patient n’était nul autre que lui-même. Et c’était ce que j’allais savoir en lui posant la question. Honnêtement, je crus qu’il allait éluder la question, mais il m’en donna la confirmation. Bien sur qu’avec le recul, c’était évident. J’étais loin d’être idiote, mais je ne pus m’empêcher de me demander pourquoi cette vérité ne m’avait pas sauté aux yeux avant… Peut-être à cause des nombreux traitements qu’il m’avait fait subir et qui m’avait empêché d’exploiter le maximum de mes capacités ? Surement… Et puis, une fois sortie, honnêtement, je n’y avais plus repensé jusqu’à maintenant. Jusqu’à ce qu’il fasse lui-même mention de mes rêves. C’était le bon moment pour en savoir plus.

- Je dois bien avoué que vous m’avez aussi donné des indices.

J’écoutais sa réponse sans l’interrompre. Le seul détail qui changeait entre nos deux rêves était le serpent. Pourquoi ? Allez savoir. Une preuve que les rêves ne pouvaient pas être cent pour cent pareil. Nous n’avions pas le même subconscient. Mais alors que pouvait-on en déduire de ce rêve similaire ? Le hasard ? Un lien ? Je n’en savais rien. C’était tellement bizarre en fait… Ce n’était pas explicable, tout simplement. C’était d’ailleurs très frustrant de ne pas savoir pourquoi nous avions fait le même rêve, à un détail près. Enfin personnellement, j’avais toujours trouvé que tout le mystère de se rêve reposait sur le serpent. J’étais certaine que si j’arrivais à trouver la signification de ce dernier, le rêve prendrait tout son sens. Sauf qu’honnêtement, je ne voyais pas du tout quelle était sa signification. Il faudrait peut-être que je cherche dans un livre spécial pour les rêves. Mais même avec ça, je ne serais peut-être pas plus avancée. Est-ce que ça valait vraiment le coup de faire des recherches là-dessus maintenant que j’étais sortie de cet hôpital et par conséquent débarrassée de Daniel Lynch ? Pas si sur…

- Oh vous faites attention à ma tenue ? répondis-je sarcastiquement.

Par contre, la suite était nettement beaucoup plus intéressante. Quelle réaction avais-je fait aux médicaments ? Je me mis à fouiller dans ma mémoire afin d’essayer de retrouver la dite réaction, mais rien. Ma recherche dût se voir car le docteur Lynch m’informa que ça ne servait à rien de chercher puisque je ne m’en souvenais pas. J’arquai un sourcil. Comment savait-il ça ? Je n’eus pas besoin de poser la question parce que la réponse arriva : il m’avait effacé la mémoire. Mes yeux s’écarquillèrent sous la surprise puis ma bouche s’entrouvrit légèrement. QUOI ?! Un son étranglé s’échappa de ma gorge tellement je n’arrivais pas à en croire mes oreilles. Mes pertes de mémoire n’étaient-elles donc pas naturelles ?

- Vous avez fait quoi… ?

Le son de ma voix montrait que j’étais prête à exploser d’une minute à l’autre. Sérieusement, je me sentais comme une cocotte minute prête à laisser tout son contenu déborder, attisant ainsi encore plus les flammes. Je n’arrivais pas à en croire mes oreilles. Daniel Lynch était responsable de mes pertes de mémoire ! Cela ne pouvait pas être vrai. Quoi qu’en fait… si, ça pouvait l’être ! Il m’avait administré tellement de trucs que du coup, il y avait forcément une combinaison qui avait contribué à cette perte de mémoire. C’était obligé. J’écoutais à peine ce qu’il me disait. Seule l’information à propos de ma perte de mémoire était présente dans ma tête. Ses paroles tournaient dans tous les sens dans mon esprit. En plus, il disait ça avec tellement de normalité, comme si c’était quelque chose d’habituelle d’effacer la mémoire des gens. A quoi est-ce que ça lui avait servi de m’effacer la mémoire ?! A part rien ?! J’étais toujours figée. Je le regardais, sans le voir, entrain de nettoyer ses lunettes. C’était son tour de poser des questions, mais honnêtement, je l’entendis à peine. Mes mains se posèrent dans un claquement sec de part et d’autre de l’échiquier et je me redressais à demi pour être quasiment nez à nez avec le docteur Lynch.

- De quel droit m’avez-vous effacé la mémoire ? Pour qui est-ce que vous vous êtes pris ?! Vous n’aviez pas le droit de me la retirer ! Savez-vous au moins tout ce que j’endure chaque jour en me retrouvant face à des choses que je sais mais dont j’ignore l’origine ?! Non vous ne savez pas parce que vous ne vous poserez jamais ce genre de question. Retirer la mémoire des autres doit être très amusant pour vous, n’est-ce pas ?! Votre vie doit être vraiment pourrie pour gâcher celles des autres ! Quant à la mienne, puisque vous tenez tant à le savoir, elle se passe à merveilles ! Mais à cause de vous, je suis sans cesse à la recherche de ce qui me manque : mes souvenirs !


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MessageSujet: Re: Give me a reason don't break you.   Give me a reason don't break you. Icon_minitimeSam 19 Oct - 13:03





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« Le remède à l'ennui, c'est la curiosité. La curiosité elle, est sans remède. »


Les motivations de Sun concernant l'évasion de l'amnésique allaient rester un mystère. Il y avait forcément une raison pourtant et le psychiatre regrettait que son ancienne patiente ne soit pas plus curieuse sur la question. Plus Daniel y réfléchissait et plus il lui semblait que ces deux personnes se connaissaient avant. Hélas, tous les indices semblaient aller contre cette théorie pourtant logique. La kiné n'était pas originaire de storybrooke. Lacey aurait-elle voyagé hors de la ville avant de finir dans son service ? L'amnésie de la malade l'empêchait de creuser cette voie.

Le docteur Lynch reprocha se manque de curiosité de la part de l'ancienne princesse. La réponse de cette dernière ne se fit pas attendre.

"Votre médecin préféré ?" Répéta-t-il avec un sourire amusé. Il redevint sérieux lorsqu'il poursuivit. "Personnellement, je me poserais plus de questions sur ma mystérieuse sauveuse. Ces motivations. Je me demanderais si son geste est si désintéressé que cela. Mais nous n'avons visiblement pas la même manière de penser."

Le sujet semblait clôt et la partie reprit. Cette dernière devenait de plus en plus intéressante maintenant que la plupart des pièces était bien placé sur le plateau de jeu. Chaque coup entraînait des conséquences. Protéger une pièce importante où au contraire attaquait l'adversaire. Plus que jamais, chaque placement avait son importance et demandait une certaine concentration. C'était la première fois que le docteur Lynch jouait une partie contre un adversaire réel. Pourtant la scène sonnait comme si ce genre de chose était coutumier chez lui. Étrange impression de déjà-vu. Peut-être était-ce parce qu'il lui semblait que la partie faisait écho à sa situation actuelle ? Un pion essayant de traverser l'échiquier.

Un pion tomba et un fou adverse le suivit immédiatement. Une question chacun. Lacey déclara rapidement qu'elle connaissait sa question et celle-ci porta sur le fameux rêve.

Finalement, cet accord qui l'obligeait à se montrer sincère n'était peut-être pas une si mauvaise chose. Le psychiatre allait enfin pouvoir obtenir l'avis de Lacey concernant des rêves. Des songes qui étaient trop étranges pour n'être que simplement ce qu'ils prétendent être. Daniel n'avait jamais avoué que c'était lui le fameux "autre patient" qui avait fait le même rêve que l'ancienne princesse. Parce qu'il ne voulait pas perdre son avantage sur la malade et surtout pour conserver cette distance patient/médecin qu'il chérissait tant. Même si la demoiselle n'était plus dans son service, pour lui, elle restait sa patiente. Il fallait juste qu'il trouve une astuce pour la faire revenir. Une stratégie qui pouvait attendre le temps que sa situation de plus en plus précaire se calme. Une action à la fois. Il ne fallait pas presser les choses dans l'urgence.

Au lieu d'obtenir un avis, il reçut des sarcasmes. Le calme de Lacey French s'effritait à mesure que les révélations se succédaient. De ce fait, obtenir un commentaire autre que cynique était à écarter. Ce qui déçut le psychiatre. Mais tout n'était peut-être pas perdu ! Il avait vu que son ancienne patiente avait été intrigué quand il avait déclaré avoir fait un rêve quasiment identique. Peut-être que... si elle était encore suffisamment curieuse... elle ferait aussi des recherches de son côté.

"Je fais attention aux détails." Nuança-t-il sur un ton sec.

Pour expliquer sa fascination pour les rêves de Lacey, il fallait lui avouer la crise étrange qu'elle avait eue pendant une des séances. La malade était tellement instable à ce moment-là à cause de réactions surprenantes aux médicaments qu'il avait été facile de pousser un peu plus loin les doses pour que tous les souvenirs de cette période passent pour des délires ou même s'efface complètement de la mémoire de la personne concernée. Cela avait été une décision prise sur l'instant et non une stratégie préparer à l'avance. Une certitude que son instinct lui aurait "soufflée" en quelque sorte, elle devait oublier.

Il fallait s'y attendre, son adversaire du jour avala mal la pilule. La surprise fut remplacée par de l'indignation et ensuite ce fut la colère qui s'exprima. Daniel observa les différentes émotions passées sur le visage de son ancienne patiente avec son calme et sa froideur coutumière. La réaction qu'il jugea démesuré de l'ancienne princesse tendait à lui confirmer que son point de vue était le meilleur. En se laissant entraîner par ses sentiments, on laissait passer des possibilités, des réflexions logiques sur les événements. Il suffisait pourtant de s'imposer une distance avec ce qui vous entourait et les choses devenaient plus claires. Pourquoi était-il le seul à comprendre la logique de ce raisonnement ?

Le psychiatre préféra laisser son interlocutrice maîtriser sa colère en se concentrant sur ses lunettes et surtout sur la question qu'il allait poser. À peine cette dernière franchie ses lèvres que Lacey abattit ses mains dans un claquement sec de part et d'autres de l'échiquier. La première réaction du docteur Lynch fut de froncer les sourcils de mécontentement tout en baissant le regard vers la partie en cours. Le geste avait renversé sur le plateau certaines pièces de l'échiquier. Toutefois, se retrouvant à présent nez à nez avec Lacey French, il décida de ne pas émettre de commentaire ni de faire un geste vers les pièces pour l'instant. À la place, il soutint le regard courroucé de la demoiselle, croisant même les mains pour signaler que LUI savait conservait son calme.

"À nouveau vous tirez des conclusions hâtives et inexactes de mes paroles."
Commenta-t-il avec un soupçon d'agacement quand l'ancienne princesse eut fini sa tirade.

Ensuite, sa main se dirigea tout naturellement vers l'échiquier pour remettre les pièces renversées en place. Son attention était entièrement reportée sur ce travail mais il continua tout de même de parler. Un argument par pièce redisposer sur le plateau de jeu comme s'il s'agissait d'un rythme qu'il s'imposait.

"Il me semble avoir précisé que je vous ai fait oublier une séance et non toute votre vie." Commença-t-il à expliquer avec patience en remettant un pion qui avait roulé vers le milieu du jeu à son emplacement initial. "Je vous ai dit aussi que vous présentiez de réels troubles au début de votre internement." Le roi fut remis à sa place ainsi que la tour qu'il avait entraînée dans sa chute. Il fut plus songeur pour la suite. "Bien qu'un effet domino à partir de cette séance soit tout à fait possible." C'était une possibilité qu'il n'avait pas prise en compte, se concentrant plutôt sur les songes de la demoiselle et ses réactions aux médicaments injectés. Il trouva cette perspective intéressante et cela se sentait dans sa voix.

Sa main hésita sur le pion renversé alors qu'il reprenait son discours après une pause calculée. "Et enfin..." Il redressa le pion tombé avec un claquement sec tout aussi calculé que son silence précédent. "Vous n'avez pensé à aucun moment que si j'étais responsable de la perte de votre mémoire, je pourrais peut-être vous la rendre..."

Pour la première fois depuis qu'il avait commencé son monologue, il regarda de nouveau Lacey droit dans les yeux. C'était une possibilité, il ne mentait donc pas. Pas vraiment. Il restait toujours des incertitudes avec ce genre d'expérience mais étant donné les réactions très prometteuses de son ancienne patiente à ces mélanges expérimentaux, l'option n'était pas impossible. Une question silencieuse semblait planer dans la pièce. La même qu'il avait posée à l'ancienne princesse lorsque pendant cette séance oubliée, elle avait manifesté sa curiosité à en savoir plus. Le psychiatre lui avait demandé jusqu'où elle était prête à aller pour savoir... Cette interrogation semblait s'insinuer doucement dans la conversation sans que pour autant il ne la formule à voix haute.

"Il me semble que c'est à vous de jouer, mademoiselle French." Signala-t-il innocemment en se réinstallant confortablement sur son siège.

Comme souvent avec lui, les mots n'étaient pas choisis par hasard et semblaient sous-entendre qu'il parlait de la partie en cours bien sûr mais également signalait par sa remarque faussement innocente que la décision revenait à Lacey si elle voulait "tenter l'expérience" pour essayer de retrouver ses souvenirs. Dans les deux cas, il attendait la réaction de son ancienne patiente avec intérêt.

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MessageSujet: Re: Give me a reason don't break you.   Give me a reason don't break you. Icon_minitimeMar 22 Oct - 18:56




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Daniel & Lacey

~ Don't break me, I have a reason ~


J’offris un sourire ironique au docteur Lynch quand je le qualifiais de « médecin préféré ». Il n’y avait vraiment pas de quoi être fier parce qu’honnêtement, il était très loin d’être mon médecin préféré. D’ailleurs, si aujourd’hui j’avais une sainte horreur des médecins, c’était de sa faute. Certes, ils n’étaient pas tous comme lui, et heureusement d’ailleurs parce que sinon, il y aurait plus de malade que de personnes en bonne santé. Enfin, malgré tout ça, je n’avais pas du tout la moindre idée de la raison qui avait poussé Sun à me sortir de la psychiatrie, mis à part ce qu’elle m’avait dit, bien sur. D’ailleurs, je la croyais volontiers quand elle me disait qu’on ne se connaissait pas. Pourquoi me mentirait-elle ? Je le savais quand on me mentait. Or je n’avais perçu aucun mensonge chez ma sauveuse.

- Non, nous n’avons pas la même façon de penser et dieu merci.

Sur ce, le sujet était clos. Il n’y avait rien à dire de plus là-dessus, de toute façon. Il fallait qu’on avance sur la partie parce que ce n’était pas en faisant des suppositions qu’on allait avancer. D’ailleurs, plus la partie avançait plus je la trouvais intéressante. Le docteur Lynch semblait aussi déterminé que moi à gagner cette partie d’échec. C’était ce qui la rendait fascinante à mes yeux. J’ignorais totalement d’où me venait cette façon de jouer, mais en tout cas, elle était là, en moi. Ca me donnait l’impression que c’était inné chez moi, or c’était impossible que ça le soit car c’était forcé qu’on apprenne à jouer à un jeu. Du coup, je pouvais déduire que j’avais appris à y jouer avant de perdre la mémoire et qu’aujourd’hui, je suivais un certain instinct. Enfin, peu importait de la façon dont j’avais appris à jouer, aujourd’hui, cette connaissance m’était très utile.

Au bout de quelques déplacements, je réussi à capturer une pièce et le docteur Lynch en captura une autre juste après moi. Ce qui facilitait aussi l’avancement du jeu. Autant faire une pierre deux coups pour ne pas perdre trop de temps. Ma question à moi se portait sur les rêves. J’avais visé juste en devinant que l’homme qui se trouvait en face de moi était le fameux patient qui faisait des rêves similaires. Je devais bien avouer qu’il m’avait mis sur la piste en montrant de nouveau un intérêt à ces derniers. Maintenant que j’avais pris du recule avec tout ça, je ne pouvais pas nier que ça me semblait évident à présent. Enfin, au moins, il n’avait cherché à le nier. Et dans tous les cas, il n’aurait pas pu parce qu’il avait promis de dire la vérité. Cependant, je n’avais pas pu m’empêcher de répliquer quelque chose quand il m’avait fait part des vêtements que je portais en rêve. C’était tentant !

- Mais bien sur ! répondis-je avec un sourire amusé.

Sauf que mon sourire ne dura pas très longtemps quand le docteur Lynch m’avoua avoir effacé une partie de ma mémoire. Là, s’en fut de trop pour moi. Je courrais après ma mémoire depuis assez de temps qu’apprendre que j’avais en face de moi une personne responsable de la perte de celle-ci. Conserver mon calme fut impossible parce qu’au fur et à mesure qu’il parlait, ça m’énervait encore plus. A force d’alimenter toute cette colère, j’avais fini par frapper la table sèchement et exprimer absolument toute la colère que je ressentais envers le docteur Lynch qui semblait plus passionné par ses lunettes que par les conséquences qu’avait cette révélation. Certaines pièces de l’échiquier étaient tombées sous le choc, mais je ne m’en préoccupais pas plus que ça. Cette fois-ci, il y avait beaucoup plus important.

Bref, après avoir déballé absolument toutes mes paroles, la seule chose qu’il trouva à dire, c’était que je faisais des conclusions hâtives. Ben voyons ! C’était lui qui avait avoué m’avoir effacé une partie de ma mémoire, je n’avais rien inventé. Alors qu’est-ce que je devais comprendre, alors ? J’arquais un sourcil, attendant qu’il en dise plus, mais il resta silencieux, occupé à remettre les pièces qui étaient tombées. J’avais presque envie de lui faire manger ses pièces une par une, mais je conservais un minimum de calme. Tout du moins, le peux que je pouvais avoir en ce moment. Franchement, il méritait qu’on l’étrangle jusqu’à ce qu’il ne respire plus. Mais cela voudrait dire pour moi que j’aurais de souci et je n’avais pas envie d’en avoir. Une certaine personne n’attendait que ça et je n’allais pas lui faire ce plaisir.

- Qu’est-ce qui me prouve aujourd’hui que vous ne l’avez pas fait ? Vous avez le pouvoir de me retirer une séance, qui me dit que vous n’avez pas celui de retirer les souvenirs de toute une vie ?

Quasiment imperturbable, il continua de remettre les pièces telles qu’elles étaient avant. Je ne pouvais pas m’empêcher de baisser le regard vers le plateau pour être sure qu’il les mettait quand même au bon endroit et non pas là où ça l’arrangeait pour gagner cette partie. A présent, j’étais réellement plus que déterminée à sortir d’ici victorieuse. Il était hors de question que je le laisse remporter la victoire. Je le fusillais du regard avant de me rasseoir sur le fauteuil, croisant les bras sous ma poitrine. Je détestais cet homme ! Si je pouvais, je lui ferais sans aucun doute les pires choses qu’on pouvait faire à quelqu’un, mais cela reviendrait à faire de moi son « égal » et je ne voulais pas lui ressembler. Je valais beaucoup mieux que ça, sans aucune présomption de ma part. Je restais silencieuse, donnant peut-être l’impression de bouder, mais je m’en fichais.

Sauf que bouder, quand on avait affaire à Daniel Lynch, qui savait pertinemment comment attiser votre curiosité, c’était impossible. Je me redressais légèrement, ce qui était une preuve chez moi qu’on venait de capter mon attention. Je n’avais pas décolérer parce que jusqu’à preuve du contraire, je restais plus ou moins persuadé que c’était à cause de lui que je ne me souvenais plus de ma vie avant l’hôpital psychiatrique. Néanmoins, il avait raison. Je n’avais pas pensé à la possibilité qu’il puisse me rendre les souvenirs que je recherchais ardemment. Je faillis lui poser la question, mais à la dernière seconde, je me souvins qu’il n’y répondrait pas. Je n’avais pas capturé de pièce pour ça. Et comme il le faisait si bien remarquer, c’était à moi de jouer. Il fallait que je trouve un moyen de capturer la prochaine pièce afin de pouvoir en savoir plus.

J’avançais de nouveau mon cavalier et le docteur Lynch répondit en faisant avancer son roi. Et beh… C’était assez surprenant comme mouvement. Enfin, il devait avoir ses raisons pour avoir fait une telle chose. Je réfléchis pendant quelques secondes avant de rapprocher mes deux tours l’une à côté de l’autre, à proximité de ma reine. Le cavalier blanc bougea et je le capturais avec un des miens avant de se faire capturer par le roi de mon adversaire. C’était bien joué. La partie s’arrêtait de nouveau-là. Si ça continuait comme ça, nous allions finir par poser les questions deux par deux. Remarquez, comme ça, on gagnait un peu de temps. Puisque j’avais été la première à capturer la pièce, la priorité me revenait et j’en usais avant que le docteur Lynch n’ouvre la bouche pour me poser une question qui en susciterait une autre pour ma part.

- Expliquez-moi ce que vous voulez dire par ‘être celui qui me rendra peut-être la mémoire’.

Certes, ce n’était pas demandé sous forme de question, mais personne n’avait dit qu’il fallait absolument que s’en soit une. Il fallait juste répondre honnêtement à l’autre. Je me callais à nouveau au fond de mon fauteuil et attendis patiemment qu’il me réponde. Je n’avais pas encore totalement décoléré de ce que je venais d’apprendre et j’étais certaine que j’allais être en colère pendant encore un bon moment, mais il fallait que j’avance, je n’avais pas le choix.


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MessageSujet: Re: Give me a reason don't break you.   Give me a reason don't break you. Icon_minitimeMar 12 Nov - 20:17





Give me a reason don't break you.



« Le remède à l'ennui, c'est la curiosité. La curiosité elle, est sans remède. »


Le seul inconvénient des échecs était la mise en place des pièces qui pouvait paraître longue. Pourtant, il ne fallait jamais négliger le début de partie au risque de le regretter amèrement quand la lutte au centre de l'échiquier commencerait. Le docteur Lynch avait une stratégie précise en tête et avait placé ses pièces dans un ordre tout aussi précis. Pour pallier la monotonie du jeu, il y avait les questions posées à chaque pièce capturée. Mais maintenant, la partie était tellement avancée qu'elle en devenait bien plus intéressante et nourrissait désormais un autre objectif que simplement servir de prétexte pour satisfaire la curiosité des deux adversaires. Daniel commençait à se demander si son ancienne patiente n'avait pas le même but que lui : faire traverser un des pions jusqu'au bout du camp adverse. C'était une règle que peu de gens connaissaient et qui trahirait donc les connaissances de sa visiteuse. Mais l'ancienne princesse suivait-elle une réelle stratégie ou se contentait-elle de suivre son instinct ? Pour l'instant, leur jeu consistait à mettre en danger une pièce puis de se défendre, chaque mouvement entraînant des brèches dans la muraille adverse. Difficile de tirer une conclusion dans ces conditions.

Les "scores" (si on pouvait choisir ce terme pour désigner le nombre de pièce capturée) étaient très serrés. Voilà plusieurs fois qu'ils avaient capturé une pièce chacune quasiment en même temps et c'était le cas cette fois-ci encore, mettant une nouvelle pause à ce jeu de plus en plus intéressant. La question que posa Lacey allait démontrer un aspect que Daniel avait souligné plus tôt dans la conversation : ils n'avaient clairement pas la même façon de penser.

Alors que la question des rêves revenait sur le devant de la scène, du point de vue du psychiatre, la crise qu'avait faite Lacey durant une des séances n'était qu'un détail, voir un argument, tendant à prouver que ce songe était particulier. Avoir occulté cette crise des souvenirs de sa patiente n'était alors qu'un détail de ces explications. Ce n'était pas le plus important pour lui. Le fait que l'ancienne princesse ait cru pendant un instant qu'ils se connaissaient avant son internement l'était bien plus. Car c'était impossible.

Un point de vue que ne partageait pas Lacey. La demoiselle s'était emporté dès l'instant où le docteur Lynch avait évoqué cette perte de mémoire sélective et volontaire, renversante certaine pièce du plateau de jeu au passage. Là encore, leurs priorités divergèrent : l'attention de Lynch était concentré sur les pièces renversées alors que son ancienne patiente voulait obtenir des réponses. Daniel les lui apporta tout en remettant le jeu à place.

Bien sûr, son interlocutrice remit ces affirmations en doute, lui demandant sur quelle preuve elle pouvait s'appuyer pour le croire.

"La confiance ?" Proposa-t-il tout d'abord avec une certaine ironie, avant de poursuivre plus sérieusement bien que ces propos devaient sonner tout aussi ironiquement aux oreilles de son ancienne patiente. "Ma conscience professionnelle ?" Il leva la main en signe d'apaisement. "Ne vous en prenez plus à l'échiquier, j'ai déjà eu bien du mal à remettre les pièces en place après votre dernière saute d'humeur."

Le psychiatre eut un sourire amusé en voyant Lacey inspecter les pièces remisent en place dans le but de vérifier s'il n'avait pas triché mais ne fit aucun commentaire. Daniel prit évidemment grand soin de gommer ce sourire pour revenir à une expression plus neutre lorsque sa visiteuse le foudroya du regard avant de se rasseoir. La petite colère de l'ancienne princesse lui avait donné tout de même matière à la réflexion. Aussi préféra-t-il se concentrer sur ce point plutôt qu'en des paroles qui ne feraient qu'attiser la colère de sa visiteuse.

En réalité, il n'avait pas pensé à l'éventualité que la perte de mémoire totale de Lacey pourrait être un effet domino en partant sur cette première séance. Même si la demoiselle avait déjà de réel trouble lorsqu'elle était arrivée dans son service, cette possibilité était très intéressante. Surtout pour ce qu'elle sous-entendait. Si le traitement était la cause de la perte de mémoire de Lacey, un autre genre de médication pourrait éventuellement lui redonner se qu'elle avait perdue. Cette éventualité ne passa pas un instant dans l'esprit de Lacey qui semblait toujours autant en colère contre lui depuis son dernier aveu, alors, il mit ce dernier point en évidence tout en finissant de remettre le plateau dans son état initial avant la saute d'humeur de son adversaire.

Cette fois encore, l'ancien conseiller eut bien du mal à masquer le mince sourire qui voulait s'étirer sur ces lèvres alors qu'il perçut le signe que sa dernière phrase avait porté ses fruits auprès de Lacey. Quiconque aurait connu Daniel Lynch avant la malédiction aurait reconnu volontiers en cet instant que son surnom de serpent obtenu dans son ancienne vie lui allait comme un gant. Il souligna ensuite que c'était à l'ancienne princesse de jouer, interrompant une question muette de la part de son interlocutrice.

Pour la suite du "jeu", il était essentiel que se soit Lacey qui capture la prochaine pièce. Le psychiatre savait que sa visiteuse en avait la motivation, en tout cas. Allait-il l'aider dans ce sens en modifiant légèrement sa stratégie ou bien ne changera-t-il rien pour mieux observer de quoi son adversaire était capable ? Voilà le débat qui prenait place dans l'esprit de l'ancien conseiller alors que la demoiselle bougea son cavalier. Son pion le plus avancé sur l'échiquier était bloqué par la dame adversaire. Il ne pouvait pas encore bouger cette pièce alors qu'elle était si proche du bout du plateau de jeu. Soit... une reine pour combattre une reine ? Pourquoi pas. Il avança la sienne en ligne droite jusqu'à pouvoir menacer la reine noire. Lacey déplaça sa tour pour assurer la sécurité de la pièce que le psychiatre venait de menacer. La suite n'était qu'un pur réflexe de défense, Daniel bougeant son cavalier blanc pour protéger également son pion au cas où la reine adverse voudrait le capturer. En s'assurant que ce pion n'était pas pris, il avait sacrifié son cavalier à l'adversaire. Tout sauf cette pièce si proche du but, se disait-il. Pour éviter que sa patiente ne réfléchisse pas trop à ce sacrifice volontaire, il prit immédiatement le cavalier noir avec sa dame.

À nouveau une question par joueur. Cela prouvait que la partie était très serré. Mais cette fois, Daniel Lynch se doutait de celle que poserait son interlocutrice. Il n'avait plus la crainte sourde que Lacey posa la question qu'il ne fallait pas. C'est donc sans surprise pour lui qu'elle demanda où il voulait en venir lorsqu'il avait suggéré qu'il pourrait lui rendre la mémoire.

"Comme je vous l'ai dit, lors d'une séance, vous sembliez avoir retrouvé un... sentiment refoulé qui pourrait être lié à un souvenir perdu." Expliqua-t-il avec patience. On arrivait à la partie complexe de son argumentation. "Ensuite, il y a bien sûr ma capacité à vous faire oublier cette crise. Il serait logique de penser qu'un autre genre de médication pourrait raviver votre mémoire. Ce n'est qu'une théorie, pour l'instant, bien évidemment. Mais étant donné que vous avez déjà démontré par le passé que vous étiez extraordinairement réceptive à mes prescriptions, je suis plutôt optimiste."

Certes, cette déclaration allait à l'encontre des directives reçues par Regina Mills. Mais il y avait là un défi qu'il voulait relever. En plus, le psychiatre travaillant à la fois pour Gold et Regina, il savait qu'il allait devoir bientôt choisir un camp. Et, honnêtement, depuis l'arrivée du nouveau shérif, le vent tournait en défaveur de la maire actuelle de Storybrooke. Daniel ne restait jamais très longtemps dans un camp qui risquait de perdre à tout instant.

"Si vous n'avez pas d'autres détails à me demander, mademoiselle French, voilà ma question." Continua-t-il avec politesse. "Jusqu'où êtes-vous prête à aller pour retrouver votre mémoire ?"

Une question qu'il lui avait déjà posée quasiment à l'identique durant cette fameuse séance oubliée et dont la réponse l'intéressait toujours. Ou plutôt devrait-il dire que la réponse l'intéressait particulièrement en ce moment. La dernière fois qu'il avait formulé cette phrase, Lacey avait accepté l'injection parce qu'elle voulait en savoir plus sur le rêve avec le serpent. L'ancienne princesse s'était montré victime d'une aussi grande curiosité que la sienne. Mais la demoiselle n'en gardait sans doute aucun souvenir. Que décidera-t-elle à présent ? À nouveau, c'était à elle de jouer.

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MessageSujet: Re: Give me a reason don't break you.   Give me a reason don't break you. Icon_minitimeMar 19 Nov - 23:20




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~ Don't break me, I have a reason ~


J’avais pété un plomb, j’en avais pleinement conscience et le Docteur Lynch aussi. Du coup, j’alimentais un peu plus son idée que j’avais encore besoin de lui pour être totalement saine d’esprit. Sauf que n’importe qui, qui apprendrait qu’on lui avait sciemment effacé une partie de la mémoire, aurait perdu le contrôle. Certes, j’étais peut-être partie loin en l’accusant d’être celui qui m’avait fait oublier tout mon passé au point qu’aujourd’hui, j’étais une pauvre fille à la recherche de ses souvenirs qui refusaient de revenir malgré tous les efforts qu’elle faisait pour que quelque chose déclenche ne serait-ce qu’un malheureux flash back, même insignifiant. Le plus bref des souvenirs serait déjà pour moi un très grand pas vers l’avant. Mais ça, il n’y avait que les gens à qui il manquait des souvenirs qui pouvaient comprendre ce que je ressentais. Le Docteur Lynch ne pouvait pas comprendre. Lui, il effaçait les souvenirs des gens, il ne lui en manquait pas.

J’étais prête à reconnaître que je m’étais emportée et que peut-être j’avais mal interprété ses paroles, mais en tout cas, les faits étaient là : il m’avait effacé une partie de ma mémoire. Même si c’était seulement quelques minutes. Je ne comprenais pas ce qui l’avait poussé à faire une telle chose parce que rien ne lui donnait ce droit. Il devait bien y avoir des limites dans le règlement, non ? Sauf que maintenant, le mal était fait et puis, comment prouver une telle chose ? J’étais certaine qu’il avait effacé toutes les preuves de ces traitements. Dans mon dossier, rien de suspect ne devait y figurer en plus de ça. Bref, c’était un total labyrinthe. J’étais certaine que jamais je ne m’en sortirais en essayant de prendre le Docteur Lynch à revers et en l’affrontant. C’était une chose que j’avais comprise à force de le côtoyer. Pour cette raison, j’avais arrêté de le supplier de me laisser sortir et je m’étais renfermée à toute communication.

Cette partie d’échec était vraiment une idée de génie parce qu’au moins, elle me permettait d’avoir des réponses aux questions que je me posais depuis trop longtemps. Certes, ça ne faisait que peu de temps que j’étais sortie de l’hôpital, mais depuis ce jour où je m’étais assez éloignée de cet endroit, j’avais pu réfléchir correctement et à analyser toutes les possibilités qui s’offraient à moi. Si j’étais venue pour obtenir des réponses et cette partie était le meilleur moyen d’en avoir. Et puis ça nous arrangeait tous les deux vu que j’obtenais des réponses autant qu’il en recevait. Et puis, plus cette partie progressait, plus elle devait serrée. Nous en étions venus à capturer les pièces l’un après l’autre, si bien que je me demandais si nous n’avions pas la même stratégie. Je n’avais malheureusement absolument aucune réponse à me fournir car j’avais plus l’impression de jouer à l’instinct car je n’avais pas souvenir d’avoir appris. Je devais l’avoir fait, sinon, je ne serais pas face à cet échiquier.

En attendant, je n’avais absolument aucune preuve qui me disait que le Docteur Lynch ne m’avait jamais effacé tous mes souvenirs et je le lui fis bien comprendre. Après tout, c’était vrai. Qu’est-ce qui me prouvait qu’il ne l’avait pas fait ? Je ne me souvenais de rien donc absolument rien ne me prouvait que ce qu’il disait était vrai. Quand je lui fis part de ma réflexion, celui-ci ne trouva rien de plus intelligent à me répondre que la confiance et la conscience professionnelle. Cette réponse était tellement risible que je ne pus m’empêcher de me mettre à rire. Non mais sérieusement ? Est-ce qu’il croyait un seul instant que ces arguments allaient me convaincre ? Le jour où je ferais au Docteur Lynch, les poules auraient des dents ou un truc dans le genre. En clair, ce n’était pas demain la veille. Il ne m’inspirait absolument aucune confiance et ce sentiment-là n’était pas prêt de s’envoler. Et cela allait bien au-delà du fait qu’il était mon ancien médecin. C’était quelque chose que je n’expliquais pas.

- Quand vous aurez trouvé un argument beaucoup plus convainquant, faites-moi signe, fis-je après avoir arrêté de rigoler.

Néanmoins, j’acceptais d’éviter de perturber à nouveau le jeu en cours. Certes, je n’avais pas fait exprès, mais, j’en convenais que ma brusquerie avait fait tomber certaines pièces. Quand le Docteur Lynch avait terminé de les remettre en place, je n’avais pas pu m’empêcher de vérifier si tout était bien à sa place. Quand je vous disais que je me méfiais de lui, ce n’était pas pour rien. Il aurait très bien pu faire exprès de mal remettre un pion pour avoir l’avantage. Sauf que tout était parfaitement à sa place donc je n’avais aucune raison de m’en faire pour le moment. Et puis après ça, il avait réussi à capter mon attention en me faisant part d’une éventualité qui ne m’avait pas sauté aux yeux : me rendre ma mémoire. Etait-il réellement capable de faire une telle chose ? Si oui, quelle serait le prix que je devais payer ? Car je me doutais bien qu’il ne ferait pas ça sans rien en échange. En tout cas, une chose était claire, je ne retournerai pas au service psychiatrique. J’avais obtenu ma liberté, ce n’était pas pour y retourner maintenant.

Toutes mes questions, je devais les garder pour moi car j’avais déjà posé ma question sur ma pièce capturée. Si je voulais en savoir plus, il fallait avancer dans la partie, ce que je m’empressais de faire. Il avait réussi à attiser ma curiosité, ce qui me prouvait que le Docteur Lynch me connaissait beaucoup mieux comme prévu. Mais n’était-ce pas de même de mon côté ? J’en savais peut-être beaucoup plus sur son compte que n’importe quel habitant lambda de cette ville. J’excluais Régina Mills, M. Gold, éventuels proches etc… La partie d’échec reprit et pendant plusieurs minutes, on aurait pu entendre un mouche voler dans l’appartement tellement c’était silencieux. Chacun de nous deux était concentré sur l’avancer de ses pions, cherchant un moyen de capturer une pièce de l’adversaire. Enfin, je réussis à prendre son cavalier et comme précédemment, le Docteur Lynch captura un de mes pions juste après.

Je n’avais pas besoin de réfléchir pour trouver la question que j’allais lui poser. D’ailleurs, elle était tellement évidente que je m’étonnais qu’il me laisse le temps de la poser. Si c’était moi, j’aurais déjà répondu à sa question silencieuse pour éviter de perdre du temps, mais lui et moi n’étions pas pareils et nous ne fonctionnons pas pareil. Dieu merci d’ailleurs ! Ma question n’en était pas réellement une puisque je demandais une explication. Mais ça revenait au même. Cela n’avait pas une grande importance car aussitôt, il se lança dans ses explications et je l’écoutais avec la plus grande des attentions. Selon lui, j’avais retrouvé quelque chose. Sauf que ça ne m’avançait pas du tout au jour d’aujourd’hui car j’avais de nouveau tout oublié. Donc je ne pouvais pas savoir de quoi il s’agissait. Néanmoins, je ne fis aucune remarque, l’écoutant jusqu’au bout, analysant chacune de ses paroles. Je comprenais son résonnement, il tenait debout.

- Donc ça voudrait dire qu’il faudrait que je vous laisse à nouveau faire vos petites expérimentations sur moi alors que vous n’êtes même pas certain de ce que vous avancé. Qui me dit que je ne serais pas dans un pire état que celui dans lequel je me trouve ?

Je ne lui demandais pas quel serait le prix à payer car j’avais le temps d’y revenir à tout moment. Même après cette partie d’échec. Le Docteur Lynch ne laisserait pas passer une occasion de refaire ses petites expérimentations sur ma personne, ça, j’en étais persuadée. Qu’avait-il à y gagner ? Aucune idée ! Son tour vint pour la question et je ne m’attendais pas vraiment à une telle question. Jusqu’où j’étais prête à aller ? La réponse n’était-elle pas évidente ? N’était-elle pas écrite sur mon front tellement ça sautait aux yeux ? Je me doutais bien que si, mais pour le coup, j’avais un point commun avec mon ancien médecin : il voulait l’entendre de vive voix. Cela rendait les choses beaucoup plus réelles que si elles étaient devinées parce qu’elles coulaient de source. A nouveau, je plantais mon regard dans le sien avant de répondre le plus simplement du monde :

- Absolument tout.

J’avais besoin de retrouver mon intégrité. C’était un besoin nécessaire et pour ça, j’étais prête à faire absolument tous les sacrifices nécessaires.




Hors RP : Je suis désolée de ne pas avoir relancé la partie de jeu. Je pouvais le faire, mais j'avoue que l'heure tourne et du coup, il faut que j'aille me coucher et aussi parce que si j'avais fait la relance du jeu, mon poste aurait fait 10km de long en plus xD En espérant que tu me pardonneras Give me a reason don't break you. 705485277 Give me a reason don't break you. 2837018037 
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MessageSujet: Re: Give me a reason don't break you.   Give me a reason don't break you. Icon_minitimeSam 23 Nov - 17:18





Give me a reason don't break you.



« Le remède à l'ennui, c'est la curiosité.
La curiosité elle, est sans remède. »


Ce qui n'était au début qu’une simple expérience pour tester les connaissances de son ancienne patiente tout en essayant d'apporter des réponses à leurs questions réciproques venait de prendre une tout autre tournure. Une tournure beaucoup plus intéressante concernant des possibilités d'avenir. Mentalement, le docteur Lynch plaçait ses arguments pour cette nouvelle stratégie d'une manière aussi méthodiquement que lorsqu'il déplaçait les pièces sur l'échiquier. C'était pareil, sauf que dans cette seconde partie les phrases remplaçaient les pièces. Exactement comme sur le plateau de jeu, certains mots étaient risqués à placer et d'autres coulaient de source. Daniel Lynch aimait voir comment une tournure de phrase différence pouvait provoquer des changements chez un interlocuteur presque autant que lorsqu'il analysait les différents effets d'un nouveau traitement sur quelqu'un.

Finalement, l'évasion de Lacey French de son service pouvait se transformer en perspectives intéressantes plutôt qu'être l’événement fâcheux qu'il était actuellement. Il devait juste être patient, continuer de placer lentement son argumentation et surtout... être prêt à faire quelques concessions. Le psychiatre savait qu'il ne pourrait obtenir le consentement de son ancienne patiente pour un retour immédiat dans son service. Ni pour qu'il pratique de nouvelles expériences sur elle. Enfin, pas immédiatement, en tout cas. Ce n'était pas grave, Daniel voyait à présent d'autres possibilités.

Il y avait, entre autre chose, cette hypothèse d'effet domino que Lacey avait mit en évidence en l'accusant de lui avoir fait perdre toute sa mémoire. Le docteur Lynch avait toujours cru ne pas être responsable de l'amnésie de l'ancienne princesse. Elle présentait déjà les prémisses de ce genre de trouble à son arrivée dans son service. Mais une dégradation de la mémoire à partir de cette séance oubliée représentait un point de vue très intéressant. La demoiselle remit en doute son opinion quand il souligna ces faits, demandant une preuve qu'il n'était pas coupable. Le psychiatre n'avait pu s'empêcher d'y répondre par de l'ironie, ce qui fit rire jaune son interlocutrice.

"Vous pouvez remettre en doute le premier argument." Concéda-t-il quand Lacey lui répliqua de lui faire signe quand il aura d'autres arguments plus convainquant. "Mais je serais vous, je ne sous-estimerais pas le deuxième. Toutefois, la théorie que vous suggérer reste intéressante."

Et surtout, elle soulevait une autre hypothèse que son adversaire ne semblait pas prête à comprendre : si les traitements était la cause de cette amnésie, alors d'autres médicaments pourraient lui rendre se qui était perdu. Une théorie qui serait fascinante à analyser et qui soulevait aussi un défi de taille : en était-il capable ? Sans le savoir, Daniel Lynch soulevait une question bien plus importante. Il était question de science pouvant reconstruire ce que la magie avait détruite. Mais même s'il avait eu conscience de ce fait, Daniel Lynch aurait sans doute tenté sa chance, malgré tout. Parce qu'il était curieux et avide de savoir, tout comme son interlocutrice. Le docteur Lynch dit cette supposition en finissant de remettre le jeu en place et capta automatiquement l'attention de Lacey.

Maintenant, son adversaire avait une motivation supplémentaire de capturer la prochaine pièce. Ce n'était pas pour autant que Daniel allait volontairement lui céder du terrain, même s'il était dans son intérêt que se soit Lacey qui capture la prochaine pièce. A nouveau, chacun se retrouvait avec une question. Parfait. Comme prévu, son ancienne patiente posa l'interrogation qu'elle avait certainement dû contenir lorsqu'il lui avait fait part de sa théorie sur la mémoire perdue. Certes, il aurait pu précéder la question en y répondant déjà mais le psychiatre était quelqu'un de prudent. Qui plus est, il voulait entendre la demoiselle posait cette question de vive voix. Chaque phrase était comme un jalon posé dans la stratégie en place, permettant de mesurer son avancée. Un sous-entendu ou un non-dit rendrait les choses inutilement vagues.

Avec application et calme, Daniel expliqua ces arguments. Il était clair que cette fameuse séance avait déterré quelque chose. Pour que les événements l’obligent à agir par instinct en appliquant les substances qui ferait oublier tout à son ancienne patiente, oui, il devait s'agir d'une chose exceptionnelle. Même maintenant, le docteur Lynch ne savait pas se qui lui avait prit de s'être comporté d'une manière si impulsive. Ce n'était pas la crise de Lacey, il avait déjà vu de nombreuses crises de violences chez ces patients. La pensée que Lacey French ne devait garder aucun souvenir avait été si virulente dans son esprit...

Aussi étrange que cela pouvait être, Daniel laissa se mystère de côté pour poursuivre. L'ancienne princesse avait toujours été la plus réactif de ces cobayes devant ces médications expérimentales. Ce qui lui permit d'affirmer qu'il était optimiste au sujet de sa théorie, même si cette dernière comportait encore quelques incertitudes.

Le docteur Lynch voyait bien que son interlocutrice se laissait doucement convaincre par son raisonnement. Cependant, il restait un barrage et la demoiselle ne tarda pas à le matérialiser à voix haute. Des tests seront nécessaire pour mettre cette supposition à l'épreuve et collecté d'autres preuves. Lacey lui demanda si elle n'allait pas finir dans un état pire qu'avant et elle avait raison de le supposer quand on voyait l'état dans lequel il avait mit certains de ces cobayes.

"Si vous ne voulez pas prendre ce risque, rien ne vous force à être la personne qui testera ce traitement." Répondit-il. "Du moins, pas avant qu'il ne soit au point."

Un nouveau jalon de posé dans cette conversation. Lacey n'avait aucune confiance en son ancien médecin. En partant de ce fait, Daniel soupçonnait qu'elle s'imagine que tout ceci n'était qu'un piège pour que les expériences reprennent. Sa dernière phrase avait pour but de balayer ce doute tout en continuant d'attiser sa curiosité. La suite allait être plus délicate. Voilà pourquoi Daniel Lynch préféra poser sa question pour s'assurer de la détermination de son ancienne patiente au lieu de continuer ces explications.

En le regardant droit dans les yeux, Lacey lui donna la réponse qu'il attendait : elle était prête à faire absolument tout ce qui était nécessaire pour retrouver sa mémoire perdue. Daniel se contenta d'afficher un sourire satisfait même s'il avait levé un sourcil interrogatoire qui sous-entendait une question muette 'vraiment tout ?' Sans pour autant la formuler à voix haute. Ce n'était pas à son tour de jouer.

Son adversaire fit reculer le cavalier noir. Le psychiatre déplaça son fou jusqu'à se qu'il fasse face au cavalier adverse. Le but était de s'assurer de la sauvegarde du pion blanc qui était à deux doigts de traverser l'échiquier mais se retrouvait toujours sous la menace de la dame noire. L'ancienne princesse déplaça sa tour. Daniel profita de ce déplacement dont le raisonnement lui échappait pour déplacer sa reine et menacer ainsi le cavalier de son adversaire. Sa reine risqua à son tour d'être prise par un pion noir déplacé. Au lieu de reculer, le psychiatre avança sa reine d'une case, l'entourant de trois pièces adversaires sans que celle-ci ne puisse de nouveau menacer la pièce pour autant.

Laissant de côté cette bataille, Lacey préféra avancer un pion se trouvant à l'autre bout du jeu. Daniel lança un regard méfiant vers ce pion qui avançait beaucoup trop à son goût. Mais il ne pouvait pour l'instant pas le prendre sans sacrifier une pièce. Il choisit donc de rajouter sa tour blanche à la bataille qui avait lieu au centre du plateau de jeu. A nouveau, son adversaire choisit de bouger une pièce éloignée du centre de l'échiquier, en l'occurrence son roi. Le docteur Lynch déplaça sa deuxième tour pour le rapprocher de son propre roi. C'est qu'il ne devait pas oublier cette pièce vitale du jeu ! Ensuite, Lacey avança un de ses pions et Lynch recula sa reine. Le roi noir fut à nouveau déplacé.

La partie semblait devenir plus lente. Et pour cause, le centre du jeu était complètement bloqué. Ou bien était-ce plutôt parce que les adversaires étaient plus concentrés sur leurs prochaines questions que sur la partie en cours ? Comme pour prouver le contraire, le docteur Lynch prit un pion noir avec sa tour. Ce geste n'avait rien de gratuit, il venait d'éliminer le pion qui assurait la sécurité du pion noir le plus avancé dans le camp adverse.

Daniel attendit avant de poser sa question et il eut raison de le faire puisque Lacey captura la tour blanche victorieuse avec sa reine. Il eut un sourire amusé, non seulement parce qu'à nouveau ils allaient poser une question chacun mais surtout parce que son ancienne patiente venait sans le savoir libérer la voie à son pion blanc vers la fin de l'échiquier. Daniel voyait se profiler doucement la fin de la partie, du moins la fin de sa stratégie. Ce qui amoindrissait le nombre de question qu'il lui restait. Pourtant...

"Je vous laisse poser votre question en premier."

Daniel & Lacey



© Méphi.




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MessageSujet: Re: Give me a reason don't break you.   Give me a reason don't break you. Icon_minitimeJeu 5 Déc - 19:11




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Daniel & Lacey

~ Don't break me, I have a reason ~


Remettre en doute les paroles du Docteur Lynch n’était pas compliquées. Jusqu’à présent, il ne les avait jamais tenues. J’avais des exemples en tête pour le contrer si jamais il venait à me répliquer que c’était faux et qu’il tenait toujours parole. Des exemples qui ne pourraient jamais nier puisque lui et moi savions pertinemment la vérité. Je me demandais comment il faisait pour regarder les habitants de cette ville en face quand il se promenait dans les rues tout en sachant les horreurs qu’il faisait subir à ses patients. Subissions-nous tous les mêmes traitements ou bien y avait-il quelques uns de ses clients qui avaient la chance d’avoir un traitement normal ? Honnêtement, plus le temps passait, plus j’en doutais. Une fois qu’on entrait dans son service, il semblerait que nous soyons condamnés à y passer notre vie. Au nom de quoi ? Du progrès de la science ? Je n’en avais aucune idée. Personnellement, je m’estimais chanceuse d’avoir pu sortir de l’hôpital, même si c’était avec l’aide d’une tiers personne que je ne connaissais ni d’Eve, ni d’Adam.

Fort heureusement pour lui, il venait d’avouer que j’avais raison de remettre en doute sa parole. Par contre, il ne semblait pas d’accord sur son professionnalisme. Moi, j’étais sceptique ! Et j’avais toutes les raisons du monde de l’être, mais je n’argumentais pas en sa défaveur. Ce serait perdre du temps et c’était totalement hors propos. Si on se lançait là-dedans, on en aurait pour la nuit. Bon, ça ne me dérangerait pas de rester éveiller jusqu’à ce que le soleil se pointe à nouveau dans le ciel, mais je n’avais pas envie que le pauvre Docteur Lynch rate ses petits traitements sur ses patients à cause du manque de sommeil, même s’il donnait plus l’impression d’être un robot qu’un être humain. En guise de réponse, je haussais les épaules. C’était sa parole contre la mienne et ni l’un, ni l’autre ne gagnerait cette fois. Ce qui était l’inverse de la partie d’échec. Là, il pouvait y avoir un vainqueur et un perdant. Mais la partie était serrée. Honnêtement, aucun de nous deux n’avait l’avantage sur l’autre. C’était extrêmement frustrant, mais je ne baissais pas les bras.

La possibilité qu’il puisse me rendre ma mémoire était une chose à laquelle je n’avais pas songé. Elle était tellement improbable que j’avais quand même un peu de mal à croire. Pourrait-il y arriver ? Retirer la mémoire à quelqu’un semblait être nettement plus facile que de lui rendre et je doutais qu’il possède le remède sur lui, prêt à l’emploi. Ce qui reviendrait à être de nouveau son cobaye pour ses expériences personnels. Cette possibilité ne me plaisait pas vraiment. Au contraire, ça me faisait plus reculer qu’autre chose. Surtout que personne n’était fichue de me dire pourquoi j’avais été internée ! Non mais sérieusement, est-ce que c’était normal, ça ? Même le Docteur Lynch ne savait pas pourquoi j’avais atterri dans son service… Autant dire que savoir ça m’avait profondément déçue ! Je m’attendais à une réponse concrète. Je m’étais faite à l’idée qu’on dise que j’avais tué quelqu’un ou que j’étais une ancienne toxico, quelque chose comme ça et pas un « aucune idée ! ». C’était vraiment à s’arracher les cheveux de la tête !

Le Docteur Lynch avait su capter mon attention en faisant cette hypothèse. J’ignorais s’il savait déjà tout ça ou bien s’il venait d’avoir une idée de génie quand je l’avais accusé d’être celui qui m’avait retiré l’ensemble de ma mémoire. La dernière chose dont je me souvenais, c’était le jour où on m’avait emmené dans cet hôpital. J’aurais aimé en savoir plus, mais il m’avait fallu attendre une nouvelle fois la partie d’échec pour obtenir des réponses. Cela arriva assez rapidement car je capturais une nouvelle pièce et il en fut de même avec le Docteur Lynch. Je lui demandais des explications quant à cette possibilité de me rendre la mémoire, mais comme il me l’expliqua, c’était beaucoup plus expérimental que concret. Ce qui me chagrinait parce que si cela n’avait pas été théorique, j’aurais peut-être dit ‘oui’. Mais comme ça ne l’était pas, et bien je préférais voir toutes les possibilités qui s’offraient à moi. Le fait que je puisse être dans un état pire que dans lequel je m’étais trouvée quand j’étais sa patiente était plus que présent dans mon esprit. Je n’avais pas envie d’être une détraquée !

- Vous voulez dire qu’il vous faudrait d’autres cobayes ? Vous n’en avez donc pas assez à l’hôpital ?

Je le regardais de façon suspicieuse, analysant chacune des émotions qui passaient sur son visage, mais comme à chaque fois que ça le concernait, et bien je ne voyais rien. A croire que cet homme ne ressentait absolument rien. Ce qui allait vraiment finir par me faire croire qu’il s’agissait d’un robot et pas d’un être humain comme nous tous. Sérieusement, c’était lui qui devrait finir en psychiatrie ! Peut-être même plus qu’un bon nombre de ses patients. Ce fut son tour de poser sa question et je m’attendais à une autre que celle qu’il me posa, mais je lui répondis en toute franchise. J’étais bel et bien prête à tout pour retrouver la mémoire. Je me donnais déjà tous les moyens en ma possession pour retrouver la mémoire alors s’il y avait d’autres moyens alors oui, j’étais prête à en faire usage. La preuve, j’étais quand même venue jusqu’ici pour connaître mon passé et pour savoir pourquoi j’avais été enfermée. Si je m’en fichais, je ne serais pas là mais plutôt au Rabbit Hole entrain de boire un verre et peut-être même faire une partie de billard !

Le Docteur Lynch se contenta de ma réponse et ne demanda pas plus de détail. Il arqua simplement un sourcil que je compris comme une question muette. Mon regard s’assombrit encore plus de détermination. Oui, j’étais vraiment prête à tout. Peut-être pas dans à tester ses petits remèdes dans l’immédiat, mais en y réfléchissant, peut-être que j’arriverai à dire que j’étais d’accord pour faire ces tests. Enfin, pour le moment, la question ne se posait pas car la partie repris et c’était à mon tour. Je fis reculer mon cavalier tandis que le Docteur Lynch faisait avancer son fou. Je regardais la partie en cours, me doutant que mon adversaire avait une idée derrière la tête, sauf que je ne voyais pas encore ce que cela pouvait être. Je déplaçais ma tour d’une case tandis que la reine blanche se retrouva juste à côté du dernier fou présent sur l’échiquier. Elle menaçait mon cavalier, ce qui me fit légèrement grimacer, mais je ne perdais pas espoir. J’avançais un de mes pions d’une case et le Docteur Lynch fit de même avec sa reine qui se trouva encerclée par deux de mes pions et mon cavalier.

Après une assez longue hésitation, j’avançais un pion qui se trouvait à l’autre bout du plateau de jeu. A cela, la tour blanche s’avança jusqu’au centre du plateau, là où se concentrait essentiellement la partie en cours. Devais-je reprendre là où tout se jouait ou faire comme précédemment et me désintéresser de cet endroit encore une fois ? J’hésitais. Finalement, je tentais le tout pour le tout et bougeait mon roi à mon extrême gauche. Le Docteur Lynch bougea son autre tour, se rapprochant de son propre roi. En réponse, j’avançais un des pions qui encerclait la reine blanche qui suivit le mouvement en reculant. Je replaçais mon roi là où il se trouvait auparavant. J’ignorais totalement pourquoi, mais quelque chose me disait de le faire. Avais-je bien fait d’écouter mon instinct ? Seul l’avenir pourra nous le dire ! De plus, la partie ne s’arrangeait pas car le centre du jeu était bloqué. Les marges de manœuvre étaient limitées. Le Docteur Lynch captura un de mes pions avec sa tour et je ripostais en capturant cette pièce avec ma reine. A nouveau nous avions une question chacun. Il me laissait l’honneur de poster ma question en premier. Je levais la tête de la partie en cours et lançais :

- Que de galanterie ! Le docteur Jeckyll aurait-il réussi à reprendre le pas sur Mister Hyde ?

Un demi-sourire se dessina sur mes lèvres avant que je n’ajoute :

- Très bien, la question qui me vient en tête est : si jamais j’accepte que vous repreniez vos petites expériences sur ma personne, accepteriez-vous en retour que je conserve ma liberté ou bien serais-je contrainte de retrouver mon ancienne « chambre » ? Parce que si c’est le cas, je vous préviens tout de suite, vous n’aurez plus jamais aucune de mes nouvelles !

Ce qui ne me dérangerait pas le moins du monde ! Au contraire, je serais définitivement libérée, mais, je perdrais aussi la possibilité de retrouver ma mémoire suite à quelques expériences… Bon, ça sonnait effrayant, dit comme ça, mais c’était la triste réalité.




Hors RP : Comme tu veux pour la partie, ça ne me dérange pas de reprendre la partie dans mon prochain rp, puisque la dernière fois, j'ai "esquivé" cette tâche Smile
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MessageSujet: Re: Give me a reason don't break you.   Give me a reason don't break you. Icon_minitimeLun 13 Jan - 11:48





Give me a reason don't break you.



« Le remède à l'ennui, c'est la curiosité.
La curiosité elle, est sans remède. »


Les souvenirs perdus de Lacey ne l'intéressait pas vraiment. Ce qui passionnait véritablement le Docteur Lynch dans cette proposition était le défi que cela représentait. Pouvait-il y arriver ? Sur le papier, c'était fort probable. L'ancienne princesse avait montré dans le passé qu'elle était beaucoup plus sensible que ces autres cobayes à ses traitements expérimentaux. Les souvenirs en soit étaient secondaire, comme le fait d'aider son ancienne patiente dans sa quête d'identité. En plus, peut-être pourrait-il obtenir au passage obtenir quelques réponses concernant les rêves étranges dont il était victime.
Ils pouvaient être gagnant tout les deux dans cette histoire et cette visite impromptue ne serait pas une perte de temps comme il avait commencé à le penser quand ces questions n'obtinrent aucunes réponses satisfaisantes. Daniel sentait bien qu'il suffisait de venir à bout des quelques points d'ombre de sa proposition pour obtenir l'approbation de son interlocutrice.

Les questions dépendaient des pièces capturées dans le jeu, le psychiatre avait tout le temps pour peaufiner ses arguments. Le premier point épineux seraient certainement les réticences de Lacey à remettre les pieds dans le service psychiatrique, voir même de retrouver son ancien statut de cobaye. Aussi tentante que soit la possibilité de retrouver qui elle était avant d'avoir été entre ces murs capitonnés de l'hôpital. Une réticence que son adversaire aux échecs du soir ne tarda pas à formuler lorsque se fut son tour de poser une question. Daniel avait alors suggérer que ce n'était pas forcément à elle de subir les premiers tests. C'est vrai qu'il aurait été facile de profiter de cet accord naissant pour la rendre instable comme il l'avait fait avec un autre patient du nom de Michael Moody. Ainsi il se serait assuré son retour dans son service et pourrait continuer ces petites expériences sur l'esprit si intéressant de mademoiselle French. Cependant, la perspective d'obtenir de nouveaux cobayes étaient bien plus tentante que cette possibilité.

- Vous voulez dire qu’il vous faudrait d’autres cobayes ? Vous n’en avez donc pas assez à l’hôpital ?

Un rire aussi discret que court franchit ses lèvres devant cette remarque avant qu'il ne retrouve toute sa neutralité et sa froideur toute professionnelle qui le caractérisait. Non, il n'en avait jamais assez. C'était l'un des inconvénients à la curiosité, elle vous rendait insatiable. Vous avez des milliers de possibilités en têtes mais vous manquiez toujours de sujet pour les expérimenter. Chaque résultat entraînait son lot de 'et si'. Et si j'augmentais légèrement le dosage ? Et si je le changeais par cet équivalent ? Le moindre effet apportait à la fois des réponses et d'autres idées pour la suite. Comme une partie sur un échiquier sans fin.

"Vous croyez vraiment que tout mes patients finissent ainsi ?" Finit-il par répondre. "Si c'était le cas, il y aurait longtemps qu'on m'aurait renvoyé... Non, ce genre de chose n'est réservé qu'aux malades possédant certaines particularités."

Ensuite, il se décida enfin à répondre à la question.

"Bien que je sois optimiste concernant le retour de votre mémoire grâce aux médicaments... il reste certain point où la théorie ne suffit pas. Pour obtenir des résultats concrets, il faudrait des tests et, étant donné le caractère expérimental de la chose, oui, il faudrait d'autres cobayes. Au moins le temps de trouver un traitement qui ne présentera aucun effet secondaire pour vous."

Ses explications sous-entendaient beaucoup de chose. Aussi, il demanda tout naturellement si Lacey était prête à tout pour retrouver sa mémoire. L'ancienne princesse le lui confirma. Ils avaient donc un point en commun finalement : tous les deux étaient prêts à tout pour assouvir leur curiosité. S'il avait pu avoir des doutes sur la soi-disant motivation de son interlocutrice, ils furent vite balayés par le regard qu'elle lui lança lorsqu'il haussa un sourcil. Etait-elle véritablement prête à lui livrer des cobayes pour obtenir des réponses ? Voilà qui était fascinant.

Sur ce fait, la partie reprit. Le psychiatre en aurait presque oublié le jeu tant la discussion qui en découlait était devenus petit à petit plus intéressante que la partie. Ce qui ne l'empêcha pas de reporter sur l'échiquier toute l'attention. Surtout que la partie était devenue délicate, un bon nombre de pièce se livrant enfin bataille au centre du plateau. Daniel veilla à rester neutre devant la position en apparence délicate de sa reine alors que la grimace de Lacey devant la menace de son cavalier ne lui échappa pas. Les pauses entre les mouvements des pièces se multiplièrent, rien d'étonnant étant donné qu'à ce stade du jeu, chaque geste sera lourd de conséquence pour la suite.

Le docteur Lynch capture un pion en premier. Cela ne l'arrangeait pas vraiment puisqu'il avait eu tout les réponses à ces questions immédiates. Néanmoins, il ne pouvait s'offrir le luxe de laisser ce pion avancé trop loin dans le jeu. Le psychiatre était bien placé pour savoir qu'on avait trop tendance à sous-estimer cette pièce en apparence faible et il ne voulait pas commettre cette erreur. Aussitôt, Lacey riposta en lui prenant aussi une pièce du jeu. Une question chacun comme c'était le cas depuis un petit moment. Pour gagner du temps, il proposa poliment que son interlocutrice pose sa question en premier.

- Que de galanterie ! Le docteur Jeckyll aurait-il réussi à reprendre le pas sur Mister Hyde ?

"Vous comptez vraiment gaspiller votre question pour de l'ironie ?" Commenta-t-il avec sarcasme.

Une ironie que l'ancienne princesse pouvait aisément retourner contre lui, il en avait conscience. Daniel ne se voyait pas se lancer sur le fait que "L'étrange cas du docteur Jekyll et Mister Hyde" était sans doute la seule œuvre fictive qui obtenait son intérêt aussi il laissa son ancienne patiente poursuivre.

- Très bien, la question qui me vient en tête est : si jamais j’accepte que vous repreniez vos petites expériences sur ma personne, accepteriez-vous en retour que je conserve ma liberté ou bien serais-je contrainte de retrouver mon ancienne « chambre » ? Parce que si c’est le cas, je vous préviens tout de suite, vous n’aurez plus jamais aucune de mes nouvelles !

Intrigante manière de formuler la chose. S'attendait-elle vraiment se qu'il insiste pour qu'elle revienne dans son service après un tel discours ? Peut-être l'aurait-il fait au début de cette conversation, quand le retour de son ancienne patiente était prioritaire... mais plus maintenant qu'il entrevoyait quelque chose de plus intéressant. Il lui semblait aussi étrange de poser des conditions après que Lacey ait déclaré être prête à tout pour se rappeler qui elle était vraiment avant son séjour en psychiatrie. Comme quoi... toute détermination avait ses limites.

"Puisque les expériences n'auront lieu que lorsque le traitement aura été stabilisé... je ne vois aucune raison de vous pousser à revenir dans mon service." Répondit-il, attentif aux réactions que sa réponse pourrait provoquer.

Après avoir marqué une pause pour laisser le temps à son interlocutrice d'émettre un commentaire, le docteur Lynch passa finalement à son question.

"Avez-vous trouvé du travail depuis que vous avez regagné votre liberté ?"

Une question qui aurait pu paraître étrange tant elle ne semblait de premier abord n'avoir aucun lien avec la discussion en cours. Pourtant, cette interrogation était étroitement liée aux futurs expériences pour faire ressurgir les souvenirs disparus de la mémoire de son ancienne patiente. Il fallait juste posséder un esprit et une logique aussi tordue que celle de Daniel Lynch pour le comprendre.

Daniel & Lacey



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MessageSujet: Re: Give me a reason don't break you.   Give me a reason don't break you. Icon_minitimeMer 22 Jan - 21:40




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Daniel & Lacey

~ Don't break me, I have a reason ~


N’importe qui aurait été soulagé de savoir qu’un traitement ne lui serait pas administré avant d’être efficace ou bien de montrer un semblant d’effet, mais moi, je ne l’étais pas. Je savais que si le docteur Lynch me proposait d’essayer de faire en sorte que je retrouve la mémoire, cela impliquerait des tests. Aucun remède n’existait, jusqu’à preuve du contraire. Jusqu’à présent, le seul remède contenu, c’était le temps. Les médecins disaient tout le temps que la seule façon de retrouver la mémoire, c’était de s’en remettre au temps. Sauf que c’était une science inexacte et aléatoire. Parfois, la mémoire ne revenait absolument jamais. Je m’étais un peu faite à l’idée de ne jamais savoir ce qu’avait été ma vie avant de rentrer dans le service de psychiatrie. Mais on m’offrait la possibilité de retrouver ma mémoire et je pouvais difficilement dire non.

Même si le docteur Lynch m’assurait qu’il ne m’administrerait absolument rien tant qu’il n’aurait pas mis au point un semblant de remède, cela voulait clairement dire qu’il testerait sur d’autres personnes. Donc cela impliquait des cobayes. Etais-je outrée ? Il m’en fallait un peu plus, mais qu’il en fasse comme « l’évocation » me fit tout de même répliquer qu’il avait absolument tout ce qu’il lui fallait dans ses patients. Il n’avait que l’embarras du choix, du coup, je ne voyais pas vraiment en quoi je pouvais l’aider sur ce point-là. Sauf que l’entendre rire, même légèrement attisa ma curiosité. J’arquai un sourcil, me demandant ce qu’il pouvait bien de trouver de drôle dans ce que j’avais dit. Ou alors, il pétait un plomb ! Après tout, il y avait tellement de folie dans sa cervelle qu’il y avait bien un moment ou un autre où l’esprit saturait.

Quand il m’expliqua que tous ses patients n’étaient pas tous sujets à ses petites expérimentations, je fronçais les sourcils. Quand il disait ça, j’avais la désagréable impression qu’il pensait que j’avais eu un traitement de faveur en étant le sujet de ses traitements, comme si j’étais un être exceptionnel alors que j’étais tout ce qu’il y avait de plus basique. Je croisais les bras sous ma poitrine et me callais contre le fauteuil sur lequel j’étais assise, réfléchissant à ses paroles. Devais-je me sentir heureuse et fière de posséder ces fameuses « particularités » ? Mmh… Mon instinct me disait que non ! Au contraire, ça expliquait pourquoi il s’était acharné à ce point sur moi. Je penchais légèrement la tête sur le côté, chose que je faisais tout le temps quand je réfléchissais puis finalement, je demandais :

- Alors vous demandez de vous apporter de nouveaux cobayes, c’est ça ?

Serais-je choquée s’il répondait par la positive à ma question ? Bien sur que non ! C’était le docteur Lynch, par conséquent, il était tout à fait possible qu’il me le demande. Le ferais-je ? J’étais tellement déterminée à retrouver la mémoire que du coup, j’étais prête à faire n’importe quoi pour ça, même la pire des choses. Bon, si je devais lui trouver des cobayes, je me demandais comment j’allais pouvoir faire ça parce que des gens viendraient à disparaître du jour au lendemain pour revenir (ou pas) quelques jours plus tard avec une vague idée (ou pas) de ce qui leur était arrivé. Enfin, tout ça méritait quand même une très grande réflexion. C’était impossible de donner une réponse de but en blanc parce que ça incluait tellement de choses… J’étais obligée de réfléchir avant de donner une réponse, il fallait tout analyser et ne rien laisser au hasard car le docteur Lynch en profiterait.

Après que nous ayons de nouveau capturé chacun de notre côté une pièce adverse, il me laissa l’honneur de poser ma question en première. Cette « galanterie » était tellement étrange que je ne pus m’empêcher de faire une petite remarque là-dessus en utilisant le personnage du Docteur Jeckyll. Ce personnage correspondait parfaitement au docteur Lynch. Pourquoi ? Parce qu’en dehors de son hôpital, il pourrait presque ressembler à un type normal sans le moindre déficit mental. Comment faisait-il pour que les gens ne sachent pas qui il était réellement ? Je me le demandais… Enfin, en s’exilant et en ne se mélangeant à personne, ça ne devait pas être bien dur. Pourquoi personne ne l’avait-il jamais dénoncé ? Peut-être pour les raisons qui m’avaient poussé à ne pas le dénoncer : on me prendrait pour une maboule ! Et on me ramènerait dans son service illico presto puisque je n’avais pas de bon de sortie de signé. J’étais comme une étrangère présente en ville comme un sans papier.

Comme il fallait s’y attendre, le docteur Lynch trouva une excellente réponse à ma réplique si bien que je levais les yeux au ciel. Si on ne pouvait plus parler à côté, où allions-nous ?! Je préférais laisser de côté ce petit aparté et posais ma question qui concernait ma liberté retrouvée. Je ne comptais pas retourner en psychiatrie, de ça, il en était hors de question. S’il voulait que je revienne, je laisserai tomber cette quête d’identité. Tout du moins, l’aide qu’il pourrait me fournir puisque je savais que jamais je ne pourrais m’arrêter de chercher à découvrir qui j’étais réellement. Pour moi, Lacey French n’était qu’un nom associé à ma vie en tant que malade et nouvellement réintégrée à la ville. Qui était Lacey French avant tout cela ? C’était ce que je voulais savoir. Et ce n’était pas enfermée dans la section psychiatrique que je le découvrirai.

Un léger soupire de soulagement m’échappa quand le docteur Lynch me répondit que je n’aurais pas besoin. Sauf qu’il n’avait pas précisé ce qu’il se passerait après… Mieux valait que je lui pose la question à la prochaine pièce que je capturerai, tout en espérant que je capturerai une nouvelle pièce, bien évidemment… Le jeu pouvait se terminer à n’importe quel moment. Il était tellement serré à présent que du coup, il valait mieux prier pour espérer ne pas se faire battre. Quant à la question du docteur Lynch, elle me fit froncer les sourcils. Pourquoi voulait-il savoir si j’avais un boulot ou non ? Etait-ce une question piège parce qu’il savait que je ne travaillais pas et pour me rappeler que je n’étais toujours pas correctement intégrée à cette ville ? Je m’en moquais totalement, bien sur, mais si c’était le cas, se serait vraiment petit de sa part !

- Non, répondis-je. Mais j’ai une idée de ce que je veux faire, sauf que je ne sais pas comment.

Nous avions chacun obtenu des réponses de l’autre et la partie pouvait continuer. J’étais consciente que ça ne durerait plus très longtemps, mais peu importait. Le docteur Lynch avança son pion et la situation m’alerta car il ne lui manquait plus qu’une ligne pour franchir l’intégralité de l’échiquier. Néanmoins, je bougeais mon roi. Pourquoi ? Allez savoir. Mon instinct m’avait dicté ce mouvement-là. Le pion blanc prit ma tour noir, devenant ainsi une reine. Je fronçais les sourcils et capturais cette nouvelle reine avec la mienne. La tour blanche, qui se trouvait encore de son côté de plateau de jeu vint se placer entre ma reine et ma tour. J’avais le cœur qui commençait à battre à cent à l’heure. J’avais l’impression que j’allais perdre mes moyens d’une seconde à l’autre tellement j’avais la désagréable sensation que le docteur Lynch sortirait victorieux de cette partie.

Essayant de conserver mon calme, je fis mine de réfléchir assez longuement devant l’échiquier pour me donner le temps de reprendre mes esprits. S’il avait vu que je paniquais, au moins, il n’en dit rien, ce qui m’arrangeait parce que la moindre remarque m’aurait encore plus perturbée. Je me mordillais la lèvre inférieure. Finalement, je tendis la main pour déplacer un pion mais fus stopper dans mon élan.



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MessageSujet: Re: Give me a reason don't break you.   Give me a reason don't break you. Icon_minitimeSam 1 Fév - 15:15





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« Le remède à l'ennui, c'est la curiosité.
La curiosité elle, est sans remède. »


Daniel s'était toujours demandé en quoi Lacey French était importante. Une question qui était devenue une obsession depuis la réaction étrange de sa patiente lors d'une de ses toutes premières séances. De toute évidence, elle n'était qu'un pion dans le jeu. Tout comme lui. Le problème était que les réponses potentielles étaient hors d'atteinte. Il ne pouvait les poser à la personne responsable du transfert de Lacey dans son service. Une pièce du jeu ne peut se montrer trop curieuse ou trop perspicace, c'était dangereux. La réponse aurait pu se trouver dans l'esprit de sa patiente, sauf qu'elle avait perdu ses souvenirs. Et voilà que se soir, on lui faisait miroité une occasion d'assouvir sa curiosité sur ce sujet.

En prime, si cette nouvelle stratégie aboutissait, il aura de nouveaux cobayes. Daniel posait lentement les arguments dans ce sens. Contrairement à se que pouvait le croire Lacey, tout les malades internés en psychiatrie n'avait pas le 'privilège' de bénéficier de cette attention particulière. Oui, le docteur Lynch voyait çà comme un privilège. Il prenait ceux dont personne ne se souciait et leur trouvait une utilité. N'était-ce pas leur plus cher désir ? Etre utile. Grâce à eux, le psychiatre pouvait trouver d'autres solutions pour soigner ces patients 'normaux'. Ces cobayes aidaient à faire avancer la science, en quelque sorte. Même des cas comme Lacey ou Michael, dont la seul raison d'être présent dans son service était de disparaître de la circulation participaient au progrès. C'était son point de vue. Une idéologie que Daniel savait à la limite de la folie et il acceptait se fait. Voilà pourquoi, il n'essayait pas de convaincre les autres qu'il avait raison.

- Alors vous demandez de vous apporter de nouveaux cobayes, c’est ça ?

"N'aviez-vous pas dit être prête à tout pour retrouver la mémoire ?" Demanda-t-il innocemment.

A la place d'insister ou de placer une menace voilée laissant entendre qu'elle n'avait pas le choix si elle voulait vraiment retrouver ses souvenirs perdus, Daniel préféra reprendre la partie et laisser sa question faire son chemin dans l'esprit de son interlocutrice. Le jeu était serré, que se soit sur l'échiquier ou pendant les dialogues qui suivaient les pièces capturés. A nouveau deux pièces furent prirent, offrant à chacun des joueurs l'occasion de poster une nouvelle question à son adversaire. Pour gagner du temps, Daniel proposa poliment à Lacey de le faire en premier. Pendant un bref moment, l'ironie répondu au sarcasme. Avec une interlocutrice comme Carrie Jones, se ton pouvait rester éternellement dans la conversation mais ici, faute de surenchère, les sarcasmes furent rapidement effacer au profit d'un retour au sérieux.

La question de Lacey porta sur un possible internement dans son service. Au début de cette visite surprise, le psychiatre aurait certainement trouvé des raisons pour répondre par la positive. Mais maintenant, qu'il voyait une méthode bien plus intéressante d'avoir se qu'il désirait, le docteur Lynch pouvait dire que l'internement de Lacey n'était pas obligatoire puisque d'autres personnes qu'elle allait subir la partie la plus expérimentale de se traitement. Sa réponse marquait aussi la fin de son double-jeu. De toute façon, le camp de Regina Mills était devenu instable depuis l'arrivé du nouveau shérif. Il était grand temps qu'il rallie pleinement le camp des gagnants avant de 'couler avec le navire'.

Sa réponse sembla convenir à son interlocutrice qui laissa échapper un léger soupir de soulagement. C'était maintenant à son tour de prendre la parole. Daniel inspecta brièvement l'échiquier avant de parler. La partie touchait à sa fin, qui sait a combien de question aurait-il encore droit ? Pourtant, il demanda si Lacey avait trouvé un travail. Une interrogation qui pouvait sembler hors-propos pour n'importe qui d'autre et qui ne manqua pas de surprendre son ancienne patiente.

- Non. Mais j’ai une idée de ce que je veux faire, sauf que je ne sais pas comment.

Daniel se contenta d'hocher la tête pour signaler que cette réponse lui suffisait alors qu'il notait cette précieuse information dans un coin de sa tête. Elle n'avait pas de travail pour l'instant. Intéressant. Pouvait-il l'appâter en la payant pour lui fournir de nouveau sujet ? Ou bien la perspective de retrouver la mémoire était une 'motivation' suffisante ? Le docteur Lynch laissa ses questions de côté pour se concentrer pleinement sur le jeu. Le psychiatre avança son pion le mieux placer dans le terrain de l'ennemi. Il avait presque réussi sa stratégie, ce n'était pas le moment de faire des erreurs.

Or, une erreur, il en avait fait justement une. Sauf qu'il était trop concentré sur son plan pour le découvrir. Son pion était bien protégé, hors d'atteinte, de ce fait même si son adversaire découvrait sa stratégie, elle ne pouvait pas l'empêcher. L'ancienne princesse bougea son roi. Pour le protéger ? Connaissait-elle la règle d'un pion traversant un échiquier ? En tout cas, il eut le champ libre pour prendre la tour noir. Plus que la pièce capturée, c'était le fait d'avoir réussi à traverser l'échiquier qui était véritablement important. Il ne put contenir un léger sourire satisfait en remplaçant sa pièce par une reine.

Il y était arrivé et s'il y arrivait sur ce plateau de jeu, pourquoi ne réussirait-il pas ce coup difficile dans la vraie vie ? Cette pensée avait quelque chose de réconfortant. C'est se qui rendit la chute plus amer encore car la nouvelle reine eut une espérance de vie des plus courte, immédiatement capturée par celle du camp opposé. Si facilement. Heureusement, Daniel avait assez de self-control pour ne pas montrer a quel point se coup l'avait marqué car il faisait écho à sa situation plus que précaire hors du plateau de jeu. Le psychiatre avait toujours pensé que de traverser le plateau de jeu afin de devenir une pièce plus importante dans la partie lui assurait une certaine sécurité. Or, Lacey venait indirectement de lui apprendre que sa position resterait aussi fragile, même s'il réussissait cet exploit.

Impassible, il avança sa tour. Privé de sa pièce maîtresse, Daniel avançait à présent à l'aveuglette, sans aucune nouvelle stratégie. Son erreur était à présent évidente pour lui, trop tard pour être corrigée. Que pouvait-il faire ? Plongé dans ses réflexions, le psychiatre ne vit pas que son adversaire perdait aussi son assurance.

"J'abandonne." Déclara-t-il alors que son ancienne patiente fit un geste pour déplacer un de ses pions. Il inclina son roi, signe qu'il renonçait à poursuivre la partie. Le plus poliment possible, il continua. "Je vous remercie pour la partie."

Merci pour la leçon aurait-il dû dire car les derniers mouvements de pièce avaient mit en évidence certaines choses... intéressantes et qui méritaient réflexion. Daniel pouvait concéder cette petite victoire puisque la partie avait mit en évidence un autre marché beaucoup plus intéressant qu'un éventuel retour de Lacey French dans son service psychiatrique.

"Si vous le désirez, il me semble que votre dernier prise vous donne le droit à une dernière question."

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MessageSujet: Re: Give me a reason don't break you.   Give me a reason don't break you. Icon_minitimeMer 5 Fév - 16:39




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Daniel & Lacey

~ Don't break me, I have a reason ~


Le docteur Lynch était vraiment beaucoup plus pervers que ce que j’aurais cru. C’était une chose que je savais déjà, mais de-là à ce qu’il me demande de façon suggestive de lui rapporter des cobayes, je commençais à me dire que sa perversité ne connaissait absolument aucune limite. Devais-je avoir peur ? Bizarrement, maintenant que je n’étais plus enfermée en service de psychiatrie, il ne me paraissait plus aussi effrayant qu’avant. Nous n’étions pas sur son territoire, même si je me trouvais dans son appartement. Sauf que cet appartement était tellement peu personnalisé que du coup, je me doutais qu’il habitait ici parce qu’il fallait bien qu’il dorme quelque part. Son territoire était l’hôpital, pas son appartement. De plus, pour la première fois, nous combattions à arme égale ; face à un jeu d’échec. Maintenant, je ne pouvais pas nier qu’il continuerait à m’inquiéter parce qu’il ne réagissait absolument jamais comment on s’y attendait. Je n’avais jamais réussi à comprendre comment il fonctionnait ni ce qu’il se passait dans sa tête. Mais peut-être que c’était mieux ainsi parce que je risquerai de m’y perdre en essayant de comprendre.

La tentation face à ce qu’il me proposait était tellement grande que c’était limite si je ne lui tendais pas la main pour signer le marché. Mais il n’y avait pas que moi en jeu. Il y avait des personnes qui n’auraient absolument rien à voir avec ce qu’il se passait qui allaient se retrouver engagés. Il fallait que je réfléchisse à toutes les possibilités et ce, de façon sérieuse. Ce n’était pas une décision qu’on prenait à la légère, même si mon fort intérieur m’intimait d’accepter. Après tout, je n’avais absolument rien à perdre. Si ses tests ne donnaient rien, je resterai au même point qu’aujourd’hui : dans le noir total en ce qui concernait mon passé. Si ça réussissait et bien j’aurais enfin les réponses aux questions que je me posais depuis un bon moment. Je ne comprenais pas en quoi ça changerait que je lui apporte de nouveaux cobayes plutôt que d’utiliser les patients qu’il avait déjà dans son service, mais apparemment, le docteur Lynch avait une raison précise. Selon lui, tout le monde n’avait pas le droit à ce traitement de « faveur » et je ne savais pas si je devais m’en outrer ou en être contente. Quoi que non, je ne pouvais pas en être contente étant donné tout ce que ça m’avait couté.

- C’est bien ce que j’ai dit, confirmais-je.

S’étendre là-dessus ne servait à rien. Par ma réponse, je venais en quelque sorte de confirmer que si j’acceptai, je lui emmènerai des nouveaux patients. Est-ce que ça me retournait l’estomac de penser que je pourrais lui apporter d’innocentes personnes qui subiront des tests sans doute douloureux ? Pas vraiment. Comme je le lui avais dit, j’étais prête à tout pour retrouver la mémoire. J’avais commencé à lire des livres là-dessus et j’avais essayé certaines choses pour essayer d’avoir au moins un malheureux flash, même le truc le plus insignifiant, mais rien n’avait fonctionné pour le moment. S’il fallait que j’ai recours à des solutions encore plus drastiques, je le ferais. Même si ça ne me plaisait pas forcément d’avoir de nouveau affaire au docteur Lynch. Il avait hanté certains de mes pires cauchemars, mis à part ce rêve que je faisais tout le temps et que j’avais arrêté de faire une fois sortie de l’hôpital. Mais tout ça, c’était derrière-moi et je ferais le nécessaire pour ça continue ainsi. La partie avait repris son cours et plus la partie avançait, plus le jeu se serrait. Parfois, je ne savais pas du tout ce que je faisais, je réagissais par instinct et j’ignorais où ça allait me mener…

Finalement, nous capturâmes chacun notre tour une pièce et j’eus la politesse de poser une question en premier. Ce que je souhaitais savoir, c’était si j’allais devoir retourner en psychiatrie pendant qu’il mettait au point ce nouveau traitement, mais sa réponse fut négative, ce qui me rassura grandement. Mais quand le traitement serait au point, la réponse resterait-elle inchangée ? Je n’en savais strictement rien et je comptais bien le lui demander dès que l’occasion se présenterait. Quant à sa question, à lui, elle me surprit énormément car elle n’avait pas grand-chose à voir avec ce que nous disions. Mais je connaissais « assez » le docteur Lynch pour savoir qu’il ne posait jamais une question au hasard. Il était médecin après tout. Pourquoi voulait-il savoir ça ? Je n’en avais aucune idée parce qu’il n’ajouta absolument rien à ma réponse. Il se contenta d’hocher la tête, signe que ma réponse lui convenait. En quoi ? Allez savoir. J’avais cessé de chercher à comprendre. La partie put reprendre et cela devenait de plus en plus dur. Chacun de mes mouvements se faisait après plusieurs secondes de réflexion. J’avais la désagréable sensation que la partie prendrait bientôt fin et j’étais incapable de dire qui gagnerait.

La partie était tellement serrée qu’aucun d’entre nous ne semblait à son avantage. Du coup, je commençais à croire que j’allais être la grande perdante du jour. Allez savoir ce que le docteur Lynch allait me demander face à cette défaite. Je ne savais vraiment plus quoi faire et alors que j’allais bouger un pion, à l’aveuglette, mon adversaire m’interrompit dans mon mouvement en déclarant qu’il abandonnait. Je relevais la tête, clignant plusieurs fois des yeux pour savoir si j’avais bien compris ce qu’il venait de dire. Je manquais de lui demander de répéter, la main toujours figée dans son mouvement quand il me remercia pour la partie. Là, j’arquai un sourcil. Le docteur Lynch venait d’abandonner. C’était limite inespérée. Je me laissais légèrement retomber contre le dossier du fauteuil sur lequel j’étais assise. J’étais soulagée, à nouveau, et je ne pouvais pas le cacher. Néanmoins, je pris assez sur moi pour répondre à ses remerciements :

- De même.

J’avais gagné. Par forfait, certes, mais j’avais gagné quand même. Est-ce que ça changeait quelque chose à ma vie ? Bien évidemment ! Le docteur Lynch venait de me prouver qu’il n’était pas infaillible, qu’il ne pouvait pas tout contrôler et j’étais pleinement satisfaite. Cependant, je ne souriais pas comme quelqu’un aurait pu sourire. J’affichais un air neutre car je n’oubliais pas qui j’avais en face de moi. Etais-je en position de force ? Pas vraiment. Peut-être un peu, mais pas totalement. Je pouvais encore me faire rabaisser d’une minute à l’autre et pour cela, j’étais extrêmement prudente. Je hochais la tête quand il me fit remarquer que ma dernière prise me donnait le droit à une question. Je l’avais déjà en tête et je ne réfléchis pas avant d’ouvrir la bouche :

- Après quoi, je souhaiterai que nous discutions de cet « arrangement » qui est né de notre partie d’échec, mais tout dépendra de votre réponse à ma question, fis-je pour lui faire comprendre qu’il ne se débarrasserait pas de moi aussi facilement. Puis je repris : Lorsque le traitement sera mis au point, devrais-je regagner l’hôpital ou pas ?

C’était réellement essentiel qu’il réponde à cette question parce que si je devais faire à nouveau une croix sur ma liberté, tout ça, se sera sans moi. Je préférais être libre et amnésique plutôt que prisonnière et en possession de mes souvenirs.


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MessageSujet: Re: Give me a reason don't break you.   Give me a reason don't break you. Icon_minitimeLun 10 Fév - 9:05





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« Le remède à l'ennui, c'est la curiosité.
La curiosité elle, est sans remède. »


Avouer son échec n'était jamais quelque chose de facile pour quelqu'un aussi sûr de lui comme l'était le psychiatre. L'étonnement de Lacey devant sa déclaration renforçait toute l'amertume de cette décision. Ensuite, le soulagement manifeste de la jeune fille le fit douter. Avait-il bien fait de mettre fin à la partie ? Il en restait convaincu malgré des signes qui laissaient supposer qu'il aurait peut-être pu gagner en continuant. Daniel préférait encore abandonner la partie plutôt que de jouer des pièces au hasard en espérant que son adversaire fasse une erreur. Agir sans stratégie n'était pas dans ses habitudes et il ne se voyait pas commencer ce soir, que se soit sur un plateau de jeu ou non.

Le docteur Lynch n'avait qu'une connaissance théorique des échecs. Il avait étudié beaucoup de parti mais n'avait jamais mit ces connaissances à profit devant un adversaire réel avant ce soir. De ce fait, il avait envisagé la défaite presque à part égal de la victoire. Etait-ce la même chose pour son adversaire ? L'amnésie de cette dernière rendait une réponse précise impossible. Son erreur était limpide à présent que le jeu était terminé. Il n'aurait jamais dû se concentrer sur une seule stratégie, aussi imparable qu'elle lui semblait sur le papier. L'affaire aurait pu s'arrêter là s'il n'appliquait pas cette stratégie du pion dans la vraie vie pendant le jeu de pouvoir que menait un certain antiquaire. Ainsi de voir sa pièce maîtresse éliminée si facilement alors qu'il avait réussi à lui faire franchir tout l'échiquier laissait une sensation désagréable qui lui donnera, sans nul doute, matière à réfléchir pendant plusieurs jours. En espérant qu'il n'était pas trop tard pour que cette partie ne fasse écho à la réalité !

Heureusement, la partie avait laissé entrevoir une possibilité bien plus intéressante. Il n'obtiendrait pas le retour de Lacey French dans son service mais le défi de savoir s'il pouvait oui ou non lui faire sa mémoire perdue était suffisant pour se remettre de cette éventuelle déception. La perspective d'obtenir (via cet accord) de nouveaux cobayes était un petit plus non négligeable. Surtout que son interlocutrice lui avait confirmé à nouveau qu'elle était prête à tout pour se souvenir de qui elle était avant son internement.

Le plan se mettait doucement en marche, même le potentiel problème de savoir où son ancienne patiente trouvera de futurs cobayes s'était dissipé partiellement lorsque son adversaire l'informa qu'elle n'avait pas encore trouvé de travail. Les grandes lignes étaient tracés, ne restaient que les détails à définir et dans ce but, il rappela à sa visiteuse qu'elle avait le droit à une ultime question. Daniel remercia intérieurement sa patiente d'avoir la politesse de ne pas enfoncé le couteau dans la plaie en affichant un sourire triomphant. Son expression restait neutre se qui trahissait qu'elle restait sur la défensive.

- Après quoi, je souhaiterai que nous discutions de cet « arrangement » qui est né de notre partie d’échec, mais tout dépendra de votre réponse à ma question : Lorsque le traitement sera mis au point, devrais-je regagner l’hôpital ou pas ?

Comme plus tôt dans la partie, l'interrogation n'en était pas vraiment une puisqu'il n'y avait qu'une seule bonne réponse à formuler pour obtenir se qu'il désirait. Sauf que, contrairement à la dernière fois, le psychiatre ne pouvait plus reporter la véritable réponse à un avenir aussi hasardeux que lointain et il ne pouvait pas avouer ignorer si un retour à l'hôpital était vraiment nécessaire. Se fut à son tour de s'installer plus confortablement sur son siège pour se laisser le temps d'y réfléchir. Lorsqu'il reprit la parole se fit dans ton prudent proche d'un voyageur explorant un terrain inconnu et dangereux.

"Par mesure de sécurité, il serait préférable que les essais aient lieu à l'hôpital mais ce n'est pas obligatoire." Concéda-t-il après réflexion. Il avait appuyé sur le 'mais' de sa phrase pour ne pas perdre l'intérêt de son interlocutrice en cours de route.

Le docteur Lynch se souvenait parfaitement de la réaction de sa patiente durant une de ses crises qui pourrait, à bien y réfléchir, s'apparenter à un bref retour de la mémoire. Il avait fallut appeler deux membres du personnel pour la maintenir le temps de l'injection du sédatif. Pouvait-il vraiment risquer d'avoir affaire de nouveau à une situation similaire mais sans appui de la sécurité hospitalière si les choses tournaient mal ? Difficile mais pas impossible.

"Il faudrait un cadre qui vous serait rassurant... Etant donné que vous dites habiter avec mademoiselle Yang, je doute qu'on puisse faire les essais à votre nouveau domicile." Continua-t-il en réfléchissant à toute allure. Son regard se porta sur le décor qui les entourait. "Peut-être ici... quoi que ce ne soit pas vraiment accueillant, n'est-ce pas ?"

Qui plus est, ce genre d'action ne serait pas prudent avec une policière comme voisine mais il garda se commentaire pour lui afin de se concentrer sur une autre partie du problème.

"Si possible, il faudrait une personne dont la présence serait apaisante, capable de vous calmer si les essais provoquent une crise de panique." Daniel ne voyait pas qui pouvait convenir à cette description mais c'était à son interlocutrice de trouver et non à lui. Dommage qu'il ne connaissait pas encore l'amitié qui unissait son ancienne patiente avec sa secrétaire Carrie Jones sinon son nom aurait peut-être été mit sur le tapis. "A ses conditions, les tests pourront se faire hors de l'hôpital sans soucis. Cela vous conviendrait-il ?"

Avait-il mit la barre trop haut avec ces conditions ? Pour lui il ne s'agissait que de fait logique afin d'éliminer le plus de risque. Sauf que, comme il l'avait si bien dit plus tôt dans la conversation, il n'avait pas la même manière de pensée que mademoiselle French.

"Je suppose que votre victoire à cette partie vous donne le droit de proposer à votre tour vos conditions..." Glissa-t-il de mauvaise grâce. "Çà ou autre chose..."

Les enjeux de la victoire n'avaient pas été clairement définis au début du jeu car la fin de la partie était, à ce moment là, sans importance. Chacun avait des réponses et les pièces capturées suffisaient pour espérer satisfaire leur curiosité mutuelle. Maintenant que le jeu était terminé, il était logique de penser que le gagnant remporterait un petit plus. Le docteur Lynch avait parlé de condition afin de rassurer son ancienne patiente, lui donne l'illusion d'un partenariat à arme égale (et peut-être était-ce vraiment le cas) pour ne pas la brusquer.

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