« Il parait que les personnes âgées se mettent à rapetisser et se tasser avec le temps. Je ne pensais pas que cela vous arriverait si vite. » par Ally Brynhild dans À force, cette baraque va finir par s'effondrer
La détresse d'un peuple peut faire apparaitre des sentiments bien cachés ☸ Sky
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Sujet: Re: La détresse d'un peuple peut faire apparaitre des sentiments bien cachés ☸ Sky Dim 26 Jan - 12:20
La détresse d'un peuple.
☸ « On prend goût à son désespoir. C'est plus facile que de lutter ! »
J'avais besoin de me confier, que les mots qui comprimaient mon coeur puissent s'échapper de ma bouche. Guerrière ne signifiait pas insensible, des cinq j'étais certainement celle qui pensait le plus au bien d'autrui. J'avais été élevé pour devenir un jour le chef d'un village, vieller sur mes concitoyens et surtout être prêtre à sortir les armes pour eux...sauf l'arbalète, ce n'était pas un secret pour personne que je sois incapable de viser juste. Sans rire, ce robin des bois était réputé pour ne jamais manquer sa cible, un hors la loi en était capable et moi non, il y avait des injustices dans ce monde. J'ose me plaindre... Moi qui n'ai jamais vécu dans la misère, ce n'était pas très correct.
Quand j'avais regardé par la fenêtre, une évidence me sauta aux yeux. Le peuple avait peur des soldats, ceux qui étaient censé les protéger face au brigand. Ce n'était pas normal, une petite enquête à ce sujet ne ferait pas de mal, je fis part de mes tracas à Grue en m'installant très près de lui. J'aimais le savoir près de moi, sentir son regard sur moi, dans ces instants je me sentais la plus belle femme de tous les royaumes, je n'avais pas besoin de plaire aux hommes seulement à celui, qui à ce moment précis se trouvait face à moi.
Parler de la protection de ce royaume me fit emprunter le chemin des souvenirs, ceux de mon enfance et surtout la mission qui était la mienne avant que je rejoigne la vallée de la paix. J'avais du mal à imaginer ma vie sans grue, mais comment faire ? Si un jour mon père mourrait, je n'aurai pas d'autre choix de reprendre la tête du village, d'accomplir ma destinée, j'étais la dernière de la lignée, je n'aurais pas le choix, agir autrement serais bafoué mes ancêtres, un grand outrage dans mon peuple. Relevant les yeux que j'avais baissés pour honte de mes sentiments envers des inconnus, je demandai conseil à mon ami avec l'espoir qu'il trouve une solution pour que jamais nous soyons séparés.
Le silence s'installa, pourtant je ne le quittais pas des yeux. Il se mit à parler et déjà mon coeur se réchauffait surtout quand il prit mes mains, cet homme était d'une vraie tendresse que peu possédait et c'est moi qui en bénéficiais ce soir. Il essayait de me réconforter, disant qu'il sera toujours là pour moi, tout ce que j'avais besoin d'attendre, pourtant je n'arrivais pas à sourire, l'angoisse ne voulait pas me quitter. Quand il écorcha le mot « amitié », mon coeur bondit dans ma poitrine et l'espoir le fit battre plus fort, je sais...je devrais me faire à l'idée qu'il ne m'aimait pas comme je l'aimais, qu'il fallait que j'arrête de voir une preuve dans le moindre de ce geste, regard, mot... Sentir son pouce caresser mes doigts, ajoutait encore une preuve... Arrête Vipère, il essaie que de te remonter le moral, Grue est un gars adorable et te voit sans doute comme une petite soeur... Oh non surtout pas une petite soeur, une amie c'est mieux !
Entendre autant de qualité de sa bouche et voir qu'il tenait à moi, me fit sourire de nouveau... Non, rien à voir avec son propre sourire aussi beau qu'un coucher de soleil, promettant d'une manière invisible, de revenir le lendemain quand j'ouvrirais les yeux. Cette sensation de protection qui permettait de braver les moindres obstacles qui pourraient barrer ma route, hormis celui d'avouer mes sentiments à Grue, était tout ce dont j'avais besoin. Ces questions me prouvaient que j'avais toutes les raisons de m'inquiéter pour ce peuple, il avait raison Triste Sire était un drôle de nom. Par contre, Grue était pour moi un nom qui représentait la force, le courage...et encore bien des qualitatifs qui allaient si bien à mon maitre kung-fu.
- Ton nom est parfait...
Le voir bâiller me fit arrêter de parler, je l'avais retenu trop longtemps, il était surement temps qu'il aille dormir et s'éloigne de moi. Pourtant, la dernière tirade qu'il prononça me redonna la force dont j'avait besoin, une telle empathie emmenait de lui, être capable de protéger ceux qui jadis t'avais attaqué était une forme de pureté qu'encore peu possédait. Mon Grue restait unique dans son genre, l'homme parfait qui a l'image de Shi-Fu me donna comme conseil d'être patiente et qu'un jour je trouve moi-même le choix que je devrais faire...
Émue, je sentais les larmes monter et pour simple remerciement d'être là pour moi, je me rapprochais encore plus de lui, pour le prendre dans mes bras, posant ma tête sur son épaule et mon nez collé à son cou.
- Merci, Ézéchiel !
Je me surpris moi-même, je venais de prononcer son véritable nom, une chose que je ne faisais jamais ou que je n'avais jamais fait... Cela en revenait au même, m'avoir parlé ainsi m'avait fait me rapprocher de l'homme qu'il avait été avant de devenir grue. Dans ses bras, je ne sentais bien plus Nayla que vipère, j'avais compris enfin ce qui le rendait spécial à mes yeux, il me faisait me souvenir de celle que j'avais été, celle que je suis et aussi celle que je serais. Après avoir plus que savouré ce câlin, je m'éloignais de lui en toute délicatesse.
- C'est moi qui ai de la chance de t'avoir, te quitter sera bien plus difficile que de quitter l'académie.
Le rouge me monta aux joues, je venais de prononcer la phrase que j'aurais dû éviter...du calme Nayla, il n'a sans doute rien remarqué, trop fatigué, il était vraiment temps qu'il regagne sa chambre avant que je fasse une autre bourde.
- Tu es exténué, tu devrais aller dormir... La douceur de ma voix pouvait remplacer l'envie de lui caresser le visage. Se levant, elle alla ouvrir la porte pour le laisser passer. Les soldats font surement partis, Bonne nuit Grue.
(c) AMIANTE
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Sujet: Re: La détresse d'un peuple peut faire apparaitre des sentiments bien cachés ☸ Sky Mer 29 Jan - 17:57
La détresse d'un peuple.
☸ « On prend goût à son désespoir. C'est plus facile que de lutter ! »
Le rôle du confident était parfait pour moi, dans la majorité des cas, je n’avais même pas à parler, je n’avais qu’à laisser l’autre s’exprimer. Vipère partageait sa douleur, ses doutes, ses peines ainsi que ses joies avec moi, j’en étais honoré. Et puis je l’appréciais trop pour la laisser seule avec ses tourments, ou encore, j’essayais un peu d’oublier les miens en sa compagnie. J’avais fait de mon mieux pour la réconforter, mais la vérité était que je n’étais en rien un devin et que l’avenir restait un mystère impénétrable. Une fois mon monologue achevé, j’avoue que je me sentis bête. Le silence entre nous deux n’étaient tendus qu’en de rares circonstances comme celles où je n’avais qu’une idée en tête, c'est-à-dire, tout lui dire. Après tout, il y avait bien des choses que j’avais envie de lui avouer, à commencer par ce sentiment mielleux qui berçait mon cœur à chaque instant passé en sa présence. Sauf que l’amour avec un grand A m’effrayait et me faisait sentir tout petit à côté de l’incertitude que cet affection ne soit pas partagée. Je sentais encore la chaleur de l’entrelacement de nos mains lorsque j’en portais une à ma bouche pour cacher un autre bayement. Le ciel devenait de plus en plus sombre dehors et les étoiles veillaient. C’était si beau les étoiles que j’avais appris à être très reconnaissant envers le destin de me permettre de m’en approcher grâce à mon don.
Et je la regardais sourire… Aimer autant un sourire devait être pêché. Elle me dit que mon nom frôlait la perfection et je ricanai doucement. Une Grue, ce grand oiseau blanc et noir avec des pattes démesurément longues et le corps svelte, avait été synonyme de maladresse et de laideur pendant une longue partie de ma jeunesse. Aujourd’hui, j’avais découvert avec plaisir que ce corps que j’avais, bien que frêle, pouvais se muscler et était d’une étonnante souplesse. J’étais rapide – pas autant que Vipère –, mais j’avoue qu’une fois que je me mettais à planer dans les airs, il n’y avait pas grand-chose pour me stopper. Enfin, hormis un avertissement bien sec de maître Shi-Fu. Si ma capacité à flotter dans les airs aurait pu me conférer une certaine supériorité face au commun des mortels, j’étais bien trop humble pour l’accepter sous cet angle. Par contre, le fait que je n’engraisse jamais d’un centimètre malgré toute la nourriture que je dévorais faisait bien enrager Po…
Soudain, j’entendis quelques syllabes qui me prirent par surprise. Je battis des paupières tout en fixant la belle guerrière sans comprendre. Ezechiel. C’était bien mon nom, mais dit avec cette voix, il semblait trop beau pour m’appartenir! Je sentis ses bras autour de moi et je cessais de respirer. C’était tout simplement trop beau pour être vrai. Timidement, je lui rendis son étreinte et la serrant dans mes bras tout en appréciant cette nouvelle proximité. Je fermais les yeux pour savourer l’instant, mais dû les ouvrir pour ne pas sombrer dans un sommeil qui se faisait de plus en plus pesant dans toute les fibres de mon corps. Après tout, j’étais si bien!
''De rien Nayla…''
Je fus déçu que le câlin ne dure pas plus longtemps, mais mon sourire devint un peu niais lorsqu’elle avoua qu’il serait difficile de se séparer de moi. Si elle savait à quel point j’étais dans la même situation ! Je me demande parfois si je ne quitterais pas l’académie en même temps que Vipère, histoire que la vue de sa chambre vide ne me rende pas trop nostalgique. Pour l’heure, le couvre-feu avait sonné, je me levais péniblement du lit, me sentant aussi courbaturé qu’après un entrainement de Kung Fu. Voler ça semblait si facile, mais on aurait dit que les muscles de mon dos avaient travaillé très fort. À croire que j’ai des ailes peut-être ? Pffff faut pas pousser la thématique de l’oiseau trop loin non plus…
''Repose toi bien, demain sera une longue journée j’ai l’impression et je vais avoir besoin de toi. Tu sais que je ne suis pas à l’aise dans la cour d’un château! J’espère que ma conduite ne te fera pas trop honte! Bonne nuit !''
Je passais le pas de la porte et l’entendit se refermer derrière moi. Soudain, on aurait dit que l’univers était devenu glacial et vide dans le couloir. Loin de la chaleureuse compagnie de la guerrière, je retrouvais l’insécurité d’être simplement moi. Je me retourna et fixa cette porte fermée, je leva le point dans l’espoir de trouver le courage de cogner à nouveau. Il ne suffirait que de quelques mots. D’un simple '' je peux rester avec toi cette nuit ?'' et pourtant, je ne m’en sentais pas la force. Une fille de seigneur ne finira jamais avec un fils de fermier. Un gracieux reptile ne finira jamais avec un oiseau de marécage. C’était deux mondes trop différents et il n’y avait surement rien d’autre que le Kung Fu pour nous lier. Sur ce ton de défaite, je ramenais mon bras le long de mon corps et partit en direction de ma chambre jusqu’au lendemain.
(c) AMIANTE
La détresse d'un peuple peut faire apparaitre des sentiments bien cachés ☸ Sky